-ien, -ion (PL.)

De Arbres

Le suffixe -ien, ou -ion en vannetais, est la marque du pluriel des noms d'agent.


(1) Ar venajerien a oa mad d'ar beorien.
le 1fermiers R était bon à'le 1pauvres
'Les fermiers étaient bons enversles pauvres.' Jules Gros, Giraudon (2014:11)


(2) Em gavet a ran get kenseurted, amezeion.
se1 trouver R fais avec con-.sorte.s voisins
'Je me retrouve avec mes pareils, des voisins.' Vannetais, Herrieu (1994:§13)


Morphologie

variation dialectale

La carte 523 de l'ALBB documente la variation dialectale pour la traduction de 'pêcheur, des pêcheurs'. A Groix, Ternes (1970:194) note ce suffixe /-i:n/ .

Dans les numéros du journal L'Arvor en octobre 1943, dont les textes sont rédigés en dialecte KLT qui se veut standard (texte), on trouve plus d'occurrences de pluriels en -ion que de pluriels en -ien. Drezen 1943, cornouaillais de Pont-l'Abbé, n'y utilise que des pluriels en -ion. En standard KLT moderne, c'est le pluriel -ien qui est utilisé.


-eg > -eien /*-egien

Le pluriel de beleg 'prêtre' ne donne pas * belegeien mais beleien.


(1) daoust dezhañ bezañ enep ar velein. Morlaix, Herri (1982:63)
malgré de.lui être contre le 1prêtres
'bien qu'il soit contre les prêtres'


dérivation

Ce pluriel s'affixe à un nom d'agent indifféremment de la composition morphologique de celui-ci.

On trouve des bases en -er, -our ou en -iz. Seite & Stéphan (1957:117) relèvent aussi des noms d'agent en -ev, pour les quels ils donnent bourreo, bourrevien 'des bourreaux', des adjectifs nominalisés comme intaénv, intañvien 'des veufs'.

On retrouve -ien en pluriel des noms d'agent en -idig et en -eg, avec une chute du -g (prononcé /k/ ou /g/).

Enfin, on trouve des cas de pluriel d'agent en -ien sur des morphèmes vides créant un nom d'agent. Le Bayon (1878:17) donne bugul 'berger', bugulion̄ 'bergers', Seite & Stéphan (1957:117) diskibl, diskibien.


(1) Bobby Fisher 'oa un deus c'hoarien echek djwellañ
Bobby Fisher était un de jou.(eur).s echec meilleur
'Bobby Fisher était un des meilleurs joueurs d’échecs'
Scaër/Bannalec, H. Gaudart (04/2016)


finales en -erien, -erion

On trouve le pluriel en -ien, -ion dans les finales en -erien, -erion.


(2) Ar gaozerien vrao alïez a vez kanaillez.
le1 parl.eurs1 beau souvent R est canaille
'Les beaux parleurs sont souvent des canailles.' Trégorrois, Gros (1984:531)


Le Bayon (1878:17) donne bosser > bosserion̄ 'bouchers', tokour > 'tokerion̄ 'chapeliers'.

finales en -ourien

On trouve le pluriel en -ien, -ion dans les finales en -ourien.


(3) Sacha a rejont e kêr kalz marhadourien a ree d'ar hoñvers mond mad én-dro...
attirer R firent en ville beaucoup march.ands R faisait à le com.merce aller bien de.retour
'Ils attirèrent en ville beaucoup de marchands qui firent redémarrer le commerce.'
Léonard (Cléder), Seite (1998:159)


finales en -izien, -izion

On trouve le pluriel en -ien, -ion dans les finales en -izion ou -izien.


(4) Nijet en deus buan da gaout al labourizion.
volé R.3SG a vite vers le agriculteurs
'Il a volé vite du côté de, ou vers les agriculteurs.'
Le Scorff, Ar Borgn (2011:28)

Sémantique

En plus des noms d'agent, humains ou animaux, Ternes (1970:194) note la présence de ce suffixe sur des noms de variétés de bateaux, souvent empruntés au français.


Bibliographie

  • Jørgensen, Anders R. 2004. 'Middle Breton eugen 'ox', euryen 'edge' and plurals in -yen ', A. Hyllested et alii (éds.), Per aspera ad asteriscos - Studia indogermanica in honorem Jens Elmegård Rasmussen, Innsbruck: Innsbrucker Beiträge zur Sprachwissenschaft, 263-267.