Différences entre les versions de « -idell »
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* ''fankigell'', ''fankidell'' 'bourbier, fondrière' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]) sur ''fank'' 'boue, fange', avec une alternance ''[[-igell]]''/''-idell''. | |||
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[[Trépos (1968)|Trépos (1968]]:§129) considère que le suffixe ''-idell'' est féminin. | === genre === | ||
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Certains noms qui finissent en ''-idell'' ne semblent pas dérivés sur une racine identifiable qui confirmerait un suffixe ''-idell''. | |||
* ''aouidell'' f. –où. 'jingle m.'; 'ritournelle, f' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]). Le nom ''aouid'' 'enflure' ne semble pas lié. | |||
=== ''-ed/-et'' + ''-ell'' > ''-idell'' === | |||
Il semble que des finales en ''-idell'' soient de façon sous-jacente des finales en ''-ed + -ell'' ou ''-et + -ell'', réécrites par une règle phonologique qui ferme la voyelle /ɛ/ en /i/, soit sous l'influence de la consonne dentale soit par différenciation d'avec la voyelle du suffixe ''[[-ell]]'' <font color=green>/-ɛl/</font color=green>. | |||
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: -> ''enaouidell'' f. ''–ed'' 'allumeuse' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]) | |||
L'hypothèse d'une racine verbale fournissant l'élément /i/ peut être écartée sur la plupart des [[noms déverbaux]] car la finale ''-idell'' apparaît sur des racines verbales qui clairement ne comprennent pas cet élément dans leur racine. | |||
* ''kac'hidell'' f. 'travail cochonné, personne qui ne fait rien de bon' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]) sur ''[[kac'hat]]'' 'chier, déféquer', participe ''kac'het''. | |||
* ''galvidell'' 'portée de la voix' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]) sur la racine du verbe ''[[gervel]]'' 'appeler', participe ''galvet''. | |||
La [[finale]] ''-idell'' obtient aussi un [[nom concret]] qui dénote un 'endroit pour tourner' construit sur le verbe ''[[treiñ]]'' 'tourner'. Dans cette variété dialectale, la racine de ''treiñ'' est /troi/, mais l'élément /i/ pourrait aussi venir du suffixe ''[[-id]]''. Le déverbal contient en effet l'idée de lieu du suffixe ''[[-id]]''. En comparaison, le [[suffixe]] ''[[-ell]]'', seul sur cette même racine verbale, obtient ''troell'' 'liseron, volubilis' ([[Kervella (1947)|Kervella 1947]]:§834). | |||
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La même hypothèse phonologique est nécessaire pour les noms singuliers finissant en ''-ed'' suffixés en ''[[-ell]]''. | |||
* ''kaouidell'' 'cage, cagette' ([[Favereau (1997)|Favereau 1997]]:§171) sur le nom singulier ''kaoued'' f. -où 'cage' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]). | |||
: ''ar magañ loened e '''kaouedoù''', e kelioù'' 'l'élevage en batterie' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]:'magañ') | |||
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La règle de réécriture phonologique n'est pas totale, car elle épargne d'autre finales en ''-edell'', et ''-ed/-et'' + ''-ell'' reste alors ''-edell''. Les noms ci-dessous sont des entrées dans [[Menard & Cornillet (2020)]]. | |||
* ''klouedell'' 'herse, clayette' sur ''kloued'' 'claie, barrière' | |||
* ''rouedellig'' 'crépinette' (préparation de viande - la crépine ressemble à un petit filet) | |||
On trouve aussi quelques singulatif en ''-ell''. | |||
* ''amoedell'' 'femme stupide, pécore, sotte' sur ''amoed'' 'sot, niais', 'homme stupide' | |||
* ''preñvedell, preñvedenn'' 'larve d'insecte' | |||
* ''gwespedell'' 'guêpière' | |||
... et quelques déverbaux. | |||
* ''gweledell'' 'entrevue pour mariage' | |||
Le dérivé sur ''moged'' 'fumée' forme une paire minimale. | |||
* ''mogedell'' 'feu de joie' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]), vs. ''mogidell'' 'fumeron, brouillard' ([[Menard & Bihan (2016-)|Menard & Bihan 2016-]]) | |||
=== nom en ''-id'' puis suffixe ''-ell'' === | |||
Enfin, il existe des noms qui finissent en ''-id'' sans que cela soit un suffixe. | |||
* ''garidell'' 'galerie', ''garidellet'' 'muni d'un rebord' sur le nom ''garid'' 'rampe, balustrade, rebord d'étagère' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]). | |||
* ''gwaridell'' 'galerie (autour d’une nef d’église en architecture)', sur le singulier non-attesté de ''gwaridoù'' 'hauteurs' ([[Menard & Cornillet (2020)|Menard & Cornillet 2020]]). | |||
Version du 4 novembre 2021 à 21:08
Le suffixe -idell forme des noms abstraits ou concrets, mais il se trouve aussi beaucoup de finales composées à leur fin du suffixe -ell.
- troïdell 'détour, ruse' (Trépos 1968:120)
- fankigell, fankidell 'bourbier, fondrière' (Menard & Cornillet 2020) sur fank 'boue, fange', avec une alternance -igell/-idell.
Morphologie
genre
Trépos (1968:§129) considère que le suffixe -idell est féminin. A noter que le suffixe -ell est, lui aussi, féminin.
Finales ?
Certains noms qui finissent en -idell ne semblent pas dérivés sur une racine identifiable qui confirmerait un suffixe -idell.
- aouidell f. –où. 'jingle m.'; 'ritournelle, f' (Menard & Cornillet 2020). Le nom aouid 'enflure' ne semble pas lié.
-ed/-et + -ell > -idell
Il semble que des finales en -idell soient de façon sous-jacente des finales en -ed + -ell ou -et + -ell, réécrites par une règle phonologique qui ferme la voyelle /ɛ/ en /i/, soit sous l'influence de la consonne dentale soit par différenciation d'avec la voyelle du suffixe -ell /-ɛl/.
dénominaux sur participe en -et puis suffixe -ell
Les noms déverbaux en -idell résultent d'une dérivation sur la forme du participe -et. Le participe est une base adjectivale nominalisée par le suffixe -ell. Cette dérivation postule le voisement de la dentale par l'influence du suffixe -ell /-ɛl/ à voyelle initiale.
- enaouiñ 'allumer'
- > enaouet + -ell
- > /enawɛt - ɛl/ > /enawidɛl/
- -> enaouidell f. –ed 'allumeuse' (Menard & Cornillet 2020)
L'hypothèse d'une racine verbale fournissant l'élément /i/ peut être écartée sur la plupart des noms déverbaux car la finale -idell apparaît sur des racines verbales qui clairement ne comprennent pas cet élément dans leur racine.
- kac'hidell f. 'travail cochonné, personne qui ne fait rien de bon' (Menard & Cornillet 2020) sur kac'hat 'chier, déféquer', participe kac'het.
- galvidell 'portée de la voix' (Menard & Cornillet 2020) sur la racine du verbe gervel 'appeler', participe galvet.
La finale -idell obtient aussi un nom concret qui dénote un 'endroit pour tourner' construit sur le verbe treiñ 'tourner'. Dans cette variété dialectale, la racine de treiñ est /troi/, mais l'élément /i/ pourrait aussi venir du suffixe -id. Le déverbal contient en effet l'idée de lieu du suffixe -id. En comparaison, le suffixe -ell, seul sur cette même racine verbale, obtient troell 'liseron, volubilis' (Kervella 1947:§834).
L'Hôpital-Camfrout, Le Gall (1958) | ||||||||||||||
(1) | Kê | beteg | an droidell | da | droi | da | garr. | |||||||
va | est | le 1tourne.?.ette | pour1 | tourne | ton1 | voiture | ||||||||
'Va jusqu'au petit décrochage de la route pour faire demi-tour.' |
nom finissant en -ed puis suffixe -ell
La même hypothèse phonologique est nécessaire pour les noms singuliers finissant en -ed suffixés en -ell.
- kaouidell 'cage, cagette' (Favereau 1997:§171) sur le nom singulier kaoued f. -où 'cage' (Menard & Cornillet 2020).
- ar magañ loened e kaouedoù, e kelioù 'l'élevage en batterie' (Menard & Cornillet 2020:'magañ')
règle non-totale
La règle de réécriture phonologique n'est pas totale, car elle épargne d'autre finales en -edell, et -ed/-et + -ell reste alors -edell. Les noms ci-dessous sont des entrées dans Menard & Cornillet (2020).
- klouedell 'herse, clayette' sur kloued 'claie, barrière'
- rouedellig 'crépinette' (préparation de viande - la crépine ressemble à un petit filet)
On trouve aussi quelques singulatif en -ell.
- amoedell 'femme stupide, pécore, sotte' sur amoed 'sot, niais', 'homme stupide'
- preñvedell, preñvedenn 'larve d'insecte'
- gwespedell 'guêpière'
... et quelques déverbaux.
- gweledell 'entrevue pour mariage'
Le dérivé sur moged 'fumée' forme une paire minimale.
- mogedell 'feu de joie' (Menard & Cornillet 2020), vs. mogidell 'fumeron, brouillard' (Menard & Bihan 2016-)
nom en -id puis suffixe -ell
Enfin, il existe des noms qui finissent en -id sans que cela soit un suffixe.
- garidell 'galerie', garidellet 'muni d'un rebord' sur le nom garid 'rampe, balustrade, rebord d'étagère' (Menard & Cornillet 2020).
- gwaridell 'galerie (autour d’une nef d’église en architecture)', sur le singulier non-attesté de gwaridoù 'hauteurs' (Menard & Cornillet 2020).