Différences entre les versions de « -ezh (N.) »

De Arbres
(28 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
Le [[suffixe]] ''-ezh'' dérive un nom à partir d'un [[adjectif]] ([[Favereau (1997)|Favereau 1997]]:§168).
Le [[suffixe]] ''-ezh'' dérive un [[nom abstrait]] à partir d'un [[nom]] ou d'un [[adjectif]] ([[Favereau (1997)|Favereau 1997]]:§168).




[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) donne ''follez'', 'folie'; ''uhelez'', 'hauteur'  
{| class="prettytable"
|(1)|| <font color=green>Sorcér'''és''' ||<font color=green>tout||<font color=green> émèzo.||||||||||''Léon, (Lesneven)'', [[Burel (2012)|Burel (2012]]:34)
|-
| ||Sorser'''ezh''' ||tout, ||emezo.
|-
| || sorcellerie || [[tout]] ||  [[eme|dit]].[[pronom incorporé|eux]]
|-
|||colspan="4" | 'Pure sorcellerie, disaient-ils.' 
|}
 
 
[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) donne ''foll'''ez''''' 'folie' ou ''uhel'''ez''''' 'hauteur'.




Ligne 9 : Ligne 20 :
=== composition ===
=== composition ===


Le suffixe ''-ezh'' se trouve en composition avec le suffixe adjectival ''[[-el (Adj.)|-el]]'', pour donner le suffixe complexe ''[[-elezh]]''.
==== racine adjectivale ====


=== racine nominale? ===
Le [[suffixe]] ''-ezh'' se trouve en composition avec le suffixe adjectival ''[[-el (Adj.)|-el]]'' pour donner la finale complexe ''[[-elezh]]''.


En (1), il semble que ''-ezh'' puisse s'affixer sur une racine nominale.   
 
==== racine nominale ====
 
Le suffixe ''-ezh'' peut apparaître sur une racine nominale.   




Ligne 19 : Ligne 33 :
| (1) ||Nag a geraou'''ez''' ||a zo ||hirio ||war beb tra!
| (1) ||Nag a geraou'''ez''' ||a zo ||hirio ||war beb tra!
|-
|-
||| [[Na(g)|que]] [[a|de]] cher.[[-aou|N]].''sfx'' || [[R]] [[E|y.a]]|| [[hiziv|aujourd'hui]] || [[war|sur]] [[pep|chaque]] chose
||| [[Na(g)|que]] [[a|de]]<sup>[[1]]</sup> [[ker|cher]].[[-aou, -où (N.)|N]].''sfx'' || [[R]] [[E|y.a]]|| [[hiziv|aujourd'hui]] || [[war|sur]]<sup>[[1]]</sup> [[pep|chaque]] [[tra|chose]]
|-
|-
|||colspan="4" | 'Que tout est cher aujourd'hui!' |||||||| [[Merser (2009)|Merser (2009]]:'keraouez')
|||colspan="4" | 'Que tout est cher aujourd'hui!' |||||||| [[Merser (2009)|Merser (2009]]:'keraouez')
Ligne 25 : Ligne 39 :




C'est aussi le cas dans les [[dérivations]] en ''[[-adur]]'' + -''ezh'' = ''[[-adurezh]]''
On trouve aussi ''-ezh'' en composition avec le suffixe de nom d'[[agent]] ''[[-er, -our|-er]]'' dans le suffixe complexe ''[[-erezh]]'' ([[Kersulec (2010)|Kersulec 2010]]:153, [[Irslinger (2014)|Irslinger 2014]]:99).
 
Le suffixe ''-ezh'' est [[exocentrique]], marqué pour le [[genre]] féminin. On le voit bien quand il suffixe des noms en ''[[-adur]]'', qui sont toujours masculins ([[Le Gonidec (1850)|Le Gonidec 1850]]:20,21:n°13, [[Trépos (1968)|Trépos 1968]]:§129). La finale ''[[-adurezh]]'' obtient en effet des noms féminins ([[Le Gonidec (1850)|Le Gonidec 1850]]:20,21,n°14, [[Trépos (1968)|Trépos 1968]]:§129, [[Deshayes (2003)|Deshayes 2003]]:39).
 
=== composition ===
 
==== ''-egezh'' ====


{| class="prettytable"
|(2)|| Mestr an ti'''egezh'''|| a ouie ne oa ket ||va zad a-wel|| da c’hellout paeañ ... ||||''Léon (Bodilis)'', [[Ar Floc'h (1985)| Ar Floc'h (1985]]:22)
|-
| || [[mestr|maître]] [[art|le]] [[ti|maison]] || [[R]]<sup>[[1]]</sup> [[gouzout|savait]] [[ne]]<sup>[[1]]</sup> [[COP|était]] [[ket|pas]] || [[POSS|mon]]<sup>[[2]]</sup> [[tad|père]] [[a-wel|en-vue]] || [[da|de]]<sup>[[1]]</sup> [[gallout|pouvoir]] [[paieañ|payer]]
|-
|||colspan="4" |'Le propriétaire savait que mon père n’allait pas pouvoir payer...'
|}


=== variation dialectale ===
=== variation dialectale ===


[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) signale que ce suffixe est assez productif à Douarnenez ou en Pays Dardoup.
[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) signale que ce suffixe est assez productif à Douarnenez ou en Pays Dardoup.


== A ne pas confondre ==
== Diachronie ==


[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) donne ''don(d)ez'', 'profondeur', comme dérivé du suffixe ''-ezh''. Il s'agit cependant probablement dans ''don(d)ez'' d'un allomorphe du suffixe ''[[-ded, -ted]]''.
Le suffixe féminin proto-celtique *''‑aktā'' > celtique insulaire *''‑axtā'' est resté productif dans les langues brittoniques pour la formation des [[noms abstraits]] dénominaux et désadjectivaux, avec le suffixe breton ''‑(i)ezh'', moyen cornique ''(y)eth'' et gallois ''‑(i)aeth''.


Dans les trois langues brittoniques et en irlandais, ces suffixes ont développé différentes variantes à partir de suffixes qui appartenaient originellement à leur base, comme le suffixe adjectival ''‑ol‑'' → breton ''[[-elezh|‑el‑ezh]]'', moyen cornique ''‑ol‑eth'', gallois ''‑ol‑aeth'' ([[Irslinger (2014)|Irslinger 2014]]:85, qui renvoie à [[Pedersen (1909-1913)| Pedersen 1909-1913, II]]:32 pour d’autres examples incluant l’irlandais).


[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) propose de reconnaitre dans ''buhez'', 'vie'; ''gwirionez'', 'vérité' et ''truez'', 'pitié' le suffixe ''-ezh'' (N.). Cependant, au moins en synchronie, ''-ezh'' (N.) et ''[[-e(z)]]'' ont des prononciations très différenciées.
[[Jackson (1953)|Jackson (1953]]:353) et [[Fleuriot (1964a)|Fleuriot (1964]]:336) proposent une origine commune pour le suffixe abstrait collectif ''[[-i (N.)|-i]]'' et le suffixe ''-ezh'' qui aurait, lui, évolué différemment à cause d’un changement de division syllabique.




[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§168) donne ''kernezh'', 'disette' et ''furnezh'', 'sagesse' comme dérivés en ''-ezh'', mais on reconnaît la consonne du suffixe ''[[-nezh]]''.
== A ne pas confondre ==
 
Il existe au moins deux suffixes ''[[-ezh]]'' différents, deux suffixes ''[[-ez]]'' et un suffixe ''[[-e(z)]]''.


Un nom féminin singulier comme ''botez'', 'chaussure' (carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-098.jpg 98] de l'[[ALBB]]) montre encore un suffixe final différent.
Il existe plusieurs suffixes qui prennent au moins une des formes en <font color=green>/es, ez, e/</font color=green>. Ils se trouvent sous les différentes graphies ''[[-ez, -e(z), -ezh]]''.





Version du 20 avril 2021 à 13:37

Le suffixe -ezh dérive un nom abstrait à partir d'un nom ou d'un adjectif (Favereau 1997:§168).


(1) Sorcérés tout émèzo. Léon, (Lesneven), Burel (2012:34)
Sorserezh tout, emezo.
sorcellerie tout dit.eux
'Pure sorcellerie, disaient-ils.'


Favereau (1997:§168) donne follez 'folie' ou uhelez 'hauteur'.


Morphologie

composition

racine adjectivale

Le suffixe -ezh se trouve en composition avec le suffixe adjectival -el pour donner la finale complexe -elezh.


racine nominale

Le suffixe -ezh peut apparaître sur une racine nominale.


(1) Nag a geraouez a zo hirio war beb tra!
que de1 cher.N.sfx R y.a aujourd'hui sur1 chaque chose
'Que tout est cher aujourd'hui!' Merser (2009:'keraouez')


On trouve aussi -ezh en composition avec le suffixe de nom d'agent -er dans le suffixe complexe -erezh (Kersulec 2010:153, Irslinger 2014:99).

Le suffixe -ezh est exocentrique, marqué pour le genre féminin. On le voit bien quand il suffixe des noms en -adur, qui sont toujours masculins (Le Gonidec 1850:20,21:n°13, Trépos 1968:§129). La finale -adurezh obtient en effet des noms féminins (Le Gonidec 1850:20,21,n°14, Trépos 1968:§129, Deshayes 2003:39).

composition

-egezh

(2) Mestr an tiegezh a ouie ne oa ket va zad a-wel da c’hellout paeañ ... Léon (Bodilis), Ar Floc'h (1985:22)
maître le maison R1 savait ne1 était pas mon2 père en-vue de1 pouvoir payer
'Le propriétaire savait que mon père n’allait pas pouvoir payer...'


variation dialectale

Favereau (1997:§168) signale que ce suffixe est assez productif à Douarnenez ou en Pays Dardoup.

Diachronie

Le suffixe féminin proto-celtique *‑aktā > celtique insulaire *‑axtā est resté productif dans les langues brittoniques pour la formation des noms abstraits dénominaux et désadjectivaux, avec le suffixe breton ‑(i)ezh, moyen cornique ‑(y)eth et gallois ‑(i)aeth.

Dans les trois langues brittoniques et en irlandais, ces suffixes ont développé différentes variantes à partir de suffixes qui appartenaient originellement à leur base, comme le suffixe adjectival ‑ol‑ → breton ‑el‑ezh, moyen cornique ‑ol‑eth, gallois ‑ol‑aeth (Irslinger 2014:85, qui renvoie à Pedersen 1909-1913, II:32 pour d’autres examples incluant l’irlandais).

Jackson (1953:353) et Fleuriot (1964:336) proposent une origine commune pour le suffixe abstrait collectif -i et le suffixe -ezh qui aurait, lui, évolué différemment à cause d’un changement de division syllabique.


A ne pas confondre

Il existe plusieurs suffixes qui prennent au moins une des formes en /es, ez, e/. Ils se trouvent sous les différentes graphies -ez, -e(z), -ezh.