Différences entre les versions de « -ell »

De Arbres
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[[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§834) considère que les mots en ''-ell'' sont féminins.  
[[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§834) considère que les mots en ''-ell'' sont féminins.  


Les contre-exemples masculins notés par [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§834); ''porc'h'''ell''''', ''kast'''ell''''', ''kab'''ell''''' et ''porrast'''ell''''', sont les emprunts à des mots français en ''-eau''.  
Les contre-exemples masculins notés par [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§834); ''porc'h'''ell''''', ''kast'''ell''''', ''kab'''ell''''' et ''porrast'''ell''''', sont les emprunts à des mots français (maintenant en ''-eau'').  


[[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§834) note aussi comme masculins ''tro'''ell''''' ('liseron, volubilis') et ''go'''ell''''' ('levain') dans leur sens [[collectif]].
[[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§834) note aussi comme masculins ''tro'''ell''''' ('liseron, volubilis') et ''go'''ell''''' ('levain') dans leur sens [[collectif]].

Version du 18 avril 2014 à 09:09

Le suffixe -ell forme des noms d'outils, d'instruments.


(1) Hag eñ, ker buan, mont ha sankañ e gontell...
et lui si vite aller ha planter son couteau
'Et lui, aussi vite, de planter son couteau.'
Standard, Kervella (1995:§276)


Kervella (1947:§834) donne treinell, skudell, skubell, c'hoarïell, kibell, skabell, brañskell, gwaskell, kanastell, sugell, spanell, rañvell, kribell.

Trépos (2001:76) donne kammell, 'bâton courbe, crosse'; rozell, 'rouable', pigell, 'houe'.

Favereau (1997:§159) donne dornell, 'poignée', fichell, 'fiche (fourche)', fourchell, 'fourche', kammellig, 'crosse', skudell, 'écuelle', ridell, 'sas', 'rozell, 'racloir', goell, 'levain', poell, 'lien'

Goyat (2012:322) donne: /'ka:vɛl/, ['kaɛl], kavell, 'berceau'; /'kutɛl/, koutell, 'couteau'; /'mi:nɛl/, minel, 'boucle de fer' (sur /mi:n/, min, 'museau, groin'); /'rastɛl/, rastell, 'rateau'; /'ro:zɛl/, rozell, 'rouable (pour étaler la pâte à crêpes)'; /sky:dɛl/, [skɥɛl], skudell, 'écuelle'


Morphologie

exocentricité

Le suffixe -ell obtient toujours un nom, quel que soit la catégorie de sa racine.

Il sélectionne des racines nominales, mais aussi adjectivales.

Kervella (1947:§834) donne treuzell, kaerell, beskell, brizhell.

genre

Kervella (1947:§834) considère que les mots en -ell sont féminins.

Les contre-exemples masculins notés par Kervella (1947:§834); porc'hell, kastell, kabell et porrastell, sont les emprunts à des mots français (maintenant en -eau).

Kervella (1947:§834) note aussi comme masculins troell ('liseron, volubilis') et goell ('levain') dans leur sens collectif.

nombre

Kervella (1947:§834) note des pluriels réguliers en -où, et les pluriels internes kontilli, mantilli, kestilli.

productivité

Goyat (2012:322) note que les bases du suffixe /-ɛl/ ne sont que très rarement attestées.


Sémantique

Kervella (1947:§834) note que -ell a souvent un sens diminutif, ou approximatif. Il cite logell, runell, roc'hell, krugell, rodell.

'-ell' vs. '-enn'

Kervella (1947:§834) oppose kammell et kammenn, le second étant considéré plus concret.


non-outils

Le suffixe -ell excède parfois le sens d'outil.

C'est le cas dans les mots qui finissent maintenant en -eau en français: gwastell, 'gâteau' ou mantell, 'manteau' (Kervella 1947:§834). Dans kontell, on reconnaît la racine de 'coutellerie'. Favereau (1997:§159) donne aussi porc'hell, 'pourceau', kastell, 'château', kavell, 'berceau'.


Il existe aussi des noms en -ell dont la sémantique excède largement les noms d'outils comme troell ('liseron, volubilis') et goell ('levain'), (Kervella 1947:§834), ou même des noms d'animés (kaerellig, 'belette', Goyat 2012:322).


Diachronie

Le suffixe ‑ell est basé sur le latin ‑ellus m., ‑ella f., ‑ellum n., c’est-à-dire sur des suffixes auxquels sont attachés différents genres. Ce suffixe est cependant massivement de genre féminin dans toutes les langues brittoniques (Irslinger 2014:85).

Les noms français dérivés des noms latins du même suffixe sont de forme -elle et ont pu ensuite être empruntés par le breton directement sous cette forme.


Horizons comparatifs

Deshayes (2003:40) met ce suffixe en relation avec le suffixe -ell gallois.