Différences entre les versions de « -ell »
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Il existe un autre suffixe nominal réalisé en ''[[-el, -ol | [[Press (1986)|Press (1986]]:61) pointe que les noms finissant en ''–ell'' non-dérivés (''ur sell'', masc., ‘un regard’) ou les noms [[empruntés]] (''ur c’hastell'', ‘un château’), ne relèvent pas du suffixe ''-ell''. | ||
Il existe aussi en breton un autre suffixe nominal réalisé en ''[[-el, -ol]]''. L'opposition entre les substantifs nominaux ''-ell'' et ''[[-el]]'' tient dans la longueur de la voyelle (''brezh'''ell''''', 'maquereau' vs. ''brez'''el''''', 'guerre'). | |||
Version du 12 novembre 2014 à 16:05
Le suffixe -ell forme des noms d'outils, d'instruments.
(1) | Hag eñ, | ker buan, | mont ha | sankañ e gontell... | ||
et lui | si vite | aller ha | planter son couteau | |||
'Et lui, aussi vite, de planter son couteau.' | ||||||
Standard, Kervella (1995:§276) |
Kervella (1947:§834) donne treinell, skudell, skubell, c'hoarïell, kibell, skabell, brañskell, gwaskell, kanastell, sugell, spanell, rañvell, kribell.
Trépos (2001:76) donne kammell, 'bâton courbe, crosse'; rozell, 'rouable', pigell, 'houe'.
Favereau (1997:§159) donne dornell, 'poignée', fichell, 'fiche (fourche)', fourchell, 'fourche', kammellig, 'crosse', skudell, 'écuelle', ridell, 'sas', 'rozell, 'racloir', goell, 'levain', poell, 'lien'
Goyat (2012:322) donne: /'ka:vɛl/, ['kaɛl], kavell, 'berceau'; /'kutɛl/, koutell, 'couteau'; /'mi:nɛl/, minel, 'boucle de fer' (sur /mi:n/, min, 'museau, groin'); /'rastɛl/, rastell, 'rateau'; /'ro:zɛl/, rozell, 'rouable (pour étaler la pâte à crêpes)'; /sky:dɛl/, [skɥɛl], skudell, 'écuelle'
Morphologie
exocentricité
Le suffixe -ell obtient toujours un nom, quel que soit la catégorie de sa racine. Il sélectionne des racines nominales, mais aussi adjectivales.
Kervella (1947:§834) donne treuzell, kaerell, beskell, brizhell.
genre
Kervella (1947:§834) considère que les mots en -ell sont féminins.
Les contre-exemples masculins notés par Kervella (1947:§834); porc'hell, kastell, kabell et porrastell, sont les emprunts à des mots français (maintenant en -eau).
Kervella (1947:§834) note aussi comme masculins troell ('liseron, volubilis') et goell ('levain') dans leur sens collectif.
nombre
Kervella (1947:§834) note des pluriels réguliers en -où, et les pluriels internes kontilli, mantilli, kestilli.
productivité
Goyat (2012:322) note que les bases du suffixe /-ɛl/ ne sont que très rarement attestées.
composition
On trouve le suffixe -ell dans les finales de noms féminins en -adell.
Sémantique
Kervella (1947:§834) note que -ell a souvent un sens diminutif, ou approximatif. Il cite logell, runell, roc'hell, krugell, rodell.
-ell vs. -enn
Kervella (1947:§834) oppose kammell et kammenn, le suffixe -enn étant considéré plus concret.
-ell vs. -ikell
(1) dornell, 'poignée', Favereau (1997:§159)
- dornikell, 'manivelle', Favereau (1997:§178)
noms d'outils et au delà
Le suffixe -ell excède parfois le sens d'outil.
C'est le cas dans les mots qui finissent maintenant en -eau en français: gwastell, 'gâteau' ou mantell, 'manteau' (Kervella 1947:§834). Dans kontell, on reconnaît la racine de 'coutellerie'. Favereau (1997:§159) donne aussi porc'hell, 'pourceau', kastell, 'château', kavell, 'berceau'.
Il existe aussi des noms en -ell dont la sémantique excède largement les noms d'outils comme troell ('liseron, volubilis') et goell ('levain'), (Kervella 1947:§834), ou même des noms d'animés (kaerellig, 'belette', Goyat 2012:322).
(3) | Em lakaet em eus | da sevel un tammig lojell... | |||||
se mis R.1SG a | à construire un morceau.petit abri | ||||||
'Je me suis mis à construire un petit abri...' | Vannetais, Herrieu (1994:84) |
Certains noms de maladies finissent aussi en -ell.
(4) | Ar ruzell zo gantañ. | ||||||||||
le rougeole R est avec.lui | |||||||||||
'Il a la rougeole.' | Léon, (Cléder), | Fave (1998:60) |
(5) | A-benn neuze | e oa | ar sorohell | warni. | |||||||
quand alors | R est | le râle | sur.elle | ||||||||
'A ce moment là, le râle était déjà sur elle (elle râlait).' | Trégorrois, | Gros (1996:258) |
Diachronie
Le suffixe ‑ell est basé sur le latin ‑ellus m., ‑ella f., ‑ellum n., c’est-à-dire sur des suffixes auxquels sont attachés différents genres. Ce suffixe est cependant massivement de genre féminin dans toutes les langues brittoniques (Irslinger 2014:85).
Les noms français dérivés des noms latins du même suffixe sont de forme -elle et ont pu ensuite être empruntés par le breton directement sous cette forme.
Horizons comparatifs
Deshayes (2003:40) met ce suffixe en relation avec le suffixe -ell gallois.
A ne pas confondre
Press (1986:61) pointe que les noms finissant en –ell non-dérivés (ur sell, masc., ‘un regard’) ou les noms empruntés (ur c’hastell, ‘un château’), ne relèvent pas du suffixe -ell.
Il existe aussi en breton un autre suffixe nominal réalisé en -el, -ol. L'opposition entre les substantifs nominaux -ell et -el tient dans la longueur de la voyelle (brezhell, 'maquereau' vs. brezel, 'guerre').