-ek (Adj.)
Le suffixe -ek obtient un adjectif à partir d'une racine nominale.
(1) | Amzer truek | a ra deomp... | |||||
temps pitoyable | R fait à.nous | ||||||
'Il (nous) fait un temps pitoyable.' | Vannetais, Herrieu (1994:153) |
Morphologie
Dans certains systèmes ortographiques, ce suffixe apparait toujours comme -eg.
(2) | Bremañ e vez | lakaet nebeud | a irvin doureg. | ||||
maintenant R est | mis peu | de navets eau.sfx | |||||
'Maintenant on cultive peu de navets aqueux (blancs).' | Trégorrois, Gros (1984:360) |
(3) | Ne chomfes ket eno | ha pa | vefes | kaloneg. | |||
ne1 resterais pas y | même.si | serais | courageux | ||||
'Tu n'y resterais pas, même si tu étais courageux.' | Trépos (2001:§385) |
composition
La dérivation en -ek peut s'opérer sur des racines complexes (merien diouaskelleg, /fourmis deux.aile.sfx/, 'fourmis à deux ailes', Trégorrois, Gros 1984:360).
Selon Vallée (1980:XVII), c'est ce suffixe adjectival -ek "qui marque surtout la possession" que l'on retrouve dans les finales des noms en -egezh, qui dénotent "les qualités des personnes, les habitudes, les dispositions morales".
On trouve aussi le suffixe -ek adjectival dans les finales en -adek, après un suffixe -ad. Vallée (1980:XXI) donne darwinadek, ' de l'école de Darwin'.
Sémantique
Sur une base nominale, le suffixe -ek peut obtenir un adjectif de deux types sémantiques.
adjectifs marquant une abondance
Cet adjectif peut dénoter une quantité importante du référent du nom base (1). Cette quantité peut dénoter une pluralité d'entités ou la grandeur d'une entité.
(1) | Treuziñ a ran | holl ar vro | dostennek-mañ. | ||||
traverser R fais | tout le pays | collineux-ci | |||||
'Je traverse tout ce pays de collines.' | Vannetais, Herrieu (1994:218) |
Trépos (2001:76) donne troadeg, 'qui a de grands pieds'.
(2) spered, 'esprit' > speredeg, 'intelligent'
- troad, 'pied' > troadeg, '(au) grand pied', Merser (2009:481)
Selon Deshayes (2003:40), les adjectifs dénotant possession en abondance ou en quantité importante viennent du vieux breton -oc, puis le moyen breton -euc. Il correspond au cornique -ek, -ak et au gallois -og.
adjectifs marquant une qualité
Il existe des adjectifs en -ek qui ne dénotent pas de quantité importante, mais une qualité.
(2) | 'Notennoù gramadeg | a-ziwar | skridoù Ivon Krog' | |||
notes grammaire | sur | écrits Ivon Krog | ||||
'Notes de grammaire sur les écrits d'Ivon Krog.' | ||||||
titre de Ar C'hog (1983) dans Hor Yezh 148-149: 3-14. |
C'est le sens mentionné par Le Bayon (1878:19), qui traduit ces adjectifs par une paraphrase 'qui a...', suivie d'une nominalisation de la base (buhek, 'qui a de la vie', kalonek, 'qui a du cœur', talwedek, 'qui a de la valeur').
Selon Deshayes (2003:40), les adjectifs de qualité viennent du suffixe -oc du vieux breton.
-ek vs. -et
La différence sémantique entre des adjectifs en -ek et les participes passés (en -et) de même racine tient dans la durée dénotée de la qualité (l'adjectif en -ek n'implique pas de borne de début ou de fin de l'état).
(3) | bleo rodellet | bleo rodellek |
'cheveux (rendus) bouclés, bouclés artificiellement' | 'cheveux bouclés (naturellement)' | |
eun dén prederiet | eun dén prederiek | |
'une personne soucieuse, préoccupée (passagèrement)' | 'une personne habituellement soucieuse, préoccupée' | |
Vallée (1980:XXI) |
-ek vs. -us
Vallée (1980:XXIII) contraste eveziek, 'habituellement attentif' et evezius, 'disposé à l'attention'.
Le Bayon (1878:19) oppose méhek, 'qui éprouve de la honte', et méhus, 'qui fait honte'.
A ne pas confondre
Il existe beaucoup de morphèmes différents réalisés en /ɛk, ɛg/. Ils sont inventoriés ici.