Différences entre les versions de « -der, -ter »

De Arbres
Ligne 119 : Ligne 119 :
=== ''-der'' vs. ''-ijenn'' ===
=== ''-der'' vs. ''-ijenn'' ===


En Haute-Cornouaille maritime, le suffixe ''[[-ijenn]]'' "remplace les suffixes ''-der/-der'' en fin des suffixes exprimant une grandeur, mesure" ([[Bouzeg & al. (2017)|Bouzeg & al. 2017]]:17).
En Haute-Cornouaille maritime, le suffixe ''[[-ijenn]]'' "remplace les suffixes ''-der/[[-ded]]'' en fin des suffixes exprimant une grandeur, mesure" ([[Bouzeg & al. (2017)|Bouzeg & al. 2017]]:17).





Version du 25 janvier 2018 à 18:44

Le morphème -der, ou -ter, sert à former des noms abstraits à partir d'un adjectif.


(1) Evid kelou ar pellder ez out bet er gêr...
pour nouvelles le loin.sfx R es été dans.le foyer
'Pour la durée de temps que tu as été à la maison...'
(le peu de temps) Trégorrois, Gros (1984:360)


Trépos (2001:76) donne kaleter 'dureté', gwander 'infirmité' et sklerder 'clarté'. Goyat (2012:321) donne donder 'profondeur', douster 'douceur' et ruder 'rougeur'.


Morphologie

L'allomorphe en -ter est obtenu par sandhi.


genre

Selon Le Bayon (1878:14), Kervella (1947:§838) ou Helias (1986:13), les noms dérivés en -der, -ter sont toujours masculins.


Kervella (1947:§838) précise cependant que la "langue orale" (sic) fournit des exceptions. En trégorrois en (2), teoder est féminin.


(2) En deoder d'ar wezenn-mañ e oa e ziouharr.
dans.le1 épais.sfx de'le arbres.SG-ci R était son 2.jambe
'Ses jambes étaient de l'épaisseur de cet arbre-ci.' Trégorrois, Gros (1984:360)


Gros (1984:360) accepte ar bellder comme ar pellder, 'le loin (que c'est)'. Favereau (1997:§161) donne l'exception an1 dommder1 vras, 'la grande chaleur'.

Selon Merser (2011:13), les noms en -der qui sont féminins sont du dialecte du Léon.


nombre

Les noms dérivés en -der, -ter font leur pluriel en -où, -ioù (Kervella 1947:§838, Chalm 2008:W-214).


exocentricité

Le suffixe der, -ter est exocentrique: il s'affixe sur un adjectif et obtient un nom.


productivité

Gros (1984:360) considère que ce suffixe n'est plus productif en breton trégorrois.


variation dialectale

Selon Irslinger (2014:95), le suffixe –der,-ter forme des noms abstraits désadjectivaux dans les dialectes KLT du Nord, mais en vannetais, c'est le suffixe -ded, -ted, féminin, qui le remplace.


Sémantique

Selon Trépos (2001:76), le suffixe -der, -ter "marque une qualité".


-der vs. -ded

Le suffixe -der, -ter se distingue du suffixe -ded, -ted qui est réservé aux mots encore plus abstraits (Vallée 1980:XVII, Kervella 1947:§838, Chalm 2008:W-214).


(1) uhelder un ti / uhelded ur spered
haut.eur un maison haut.eur un esprit
'la hauteur d'une maison / la hauteur d'un esprit.' Standard, Kervella (1947:§838)


(2) Ar gwanderiou a zeu eus ar wanded.
le faible.N.s R vient de le1 faible.N
'Les infirmités qui viennent de la faiblesse.' Le Roux (1915) citant Vallée, cité par Vallée (1980:XVII)


Parfois, la différence de sens n'est pas flagrante. Sur l'adjectif tomm 'chaud', on construit tommder et tommded, 'chaleur' (Helias 1986:13). Les noms en -der sont tous masculins. Les noms en -ded sont tous féminins.


Dans kaerderted, il semble que les deux suffixes se suivent.


(3) pebéh hardéhted!
quel beauté
'Quelle beauté!' Vannetais, Guillevic & Le Goff (1986:79)


-der vs. -oni

Selon Le Roux (1915:68) citant Vallée, -der se prête moins bien au sens moral que -oni.

  • kemeret brasoni ouz brasderiou e garg
'prendre de l'orgueil (grandeur dans l'esprit) des grandeurs (dans les choses) de sa charge'
  • kemeret chouervoni ouz c'houervderiou ar vuez
'contracter de l'amertume (dans l'âme) des amertumes (des choses) de la vie.'


-der vs. -ijenn

En Haute-Cornouaille maritime, le suffixe -ijenn "remplace les suffixes -der/-ded en fin des suffixes exprimant une grandeur, mesure" (Bouzeg & al. 2017:17).


(4) Yoñ zo daou vet' chirijenn.
lui est deux1 mètre long.eur
'Il fait deux mètres de long.' Haut-cornouaillais, Bouzeg & al. (2017:85)

Diachronie

Le suffixe der, -ter est dérivé du proto-celtique *‑tero‑, m. (Irslinger 2014:95).

Le suffixe der, -ter fut occasionnellement traité comme féminin aux XVII° et XVIII° (Hemon 1975:27), mais il est toujours masculin en langue moderne.


Horizons comparatifs

Deshayes (2003:40) relève les suffixes -der en cornique et en gallois.


Bibliographie

  • George, Ken. 1991. 'The noun suffixes ‑ter/‑der, ‑(y)ans and ‑neth in Cornish', Études Celtiques 29.203–13.