-adeg

De Arbres

La finale en -adeg marque une action collective. Elle est composée du suffixe -ad, suivi du suffixe -eg qui dénote une collection.


(1) Gwelout a-walc'h a raent ne oa ket bet lonkadeg.
voir assez R faisaient ne était pas été saoûlerie
'Ils voyaient bien qu'il n'y avait pas eu de saoûlerie.' Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:60)


(2) Pa veze dornadeg, e kêr-mañ-kêr, Naig ar Rouz kozh eo a veze e penn ar maouezed.
quand était moisson, dans maison-ci-maison N. est R était à tête le femmes
'Quand on moissonnait dans telle ou telle maison, c'est la vieille Naig ar Rouz qui prenait la tête des femmes.'
Cornouaille (Bigouden), Bijer (2007:243)


Trépos (2001:75) donne harzadeg, 'aboiement d'une meute'; c'hoarzadeg, 'rire collectif'; lazadeg, 'tuerie'.

Gros (1984:347) donne tennadeg, 'arrachage en commun des récoltes'.


Morphologie

Les noms dérivés en -adeg sont toujours féminins et font leur pluriel en -où.


composition interne

Le suffixe -adeg est un composé courant des suffixes -ad et du marqueur d'ensemble et de quantité -eg.

variation dialectale

Favereau (1997:§164) signale qu'en vannetais et en Pélem, le suffixe -adeg n'est pas utilisé. Il y est remplacé par le suffixe -erezh.

Sémantique

action collective

Le suffixe -adeg est à contraster avec le suffixe -adenn qui marque une action individuelle.

(2) redek, 'courir' > redadenn, 'course individuelle' et redadeg, 'course collective', Merser (2009:481)


nom de période de temps

Moal (1890:245) considère que le suffixe –adeg dénote une période de temps durant laquelle une action se déroule. Favereau (1997:73) suggère que le suffixe –adeg dérive du vieux breton adac, f. 'cycle, phase de la lune' qui serait le second membre d’un mot composé (labour-adeg *'période de travail', *'période de travail collectif → 'travail collectif'). Irslinger (2014:97) considère que ce type de lecture temporelle est une métonymie, figure de style fréquente sur les noms d’action.

nom de lieu

Irslinger (2014:97) remarque que certains mots en –adeg dénotent un endroit caractérisé par une action venant de la racine verbale. Elle note que certains de ces verbes sont en -at ou en -aat, ce qui met en doute la présence d'un suffixe en -ad:

marradeg, 'écobuage', labouradeg, 'atelier, usine, laboratoire, gwennadeg, 'blanchisserie'
< marrat, 'sarcler', labourat, 'travailler', gwennaat, ‘blanchir’

Diachronie et horizons comparatifs

Il n’y a pas trace du suffixe –adeg en vieux ou moyen breton (Irslinger 2014:97). Russell (1990:107) propose une dérivation du suffixe celtique complexe *-ătĭkā f., qui n’a cependant aucun nom apparenté en gallois ou cornique. Les suffixes du latin vulgaire ‑ātĭcā, f. et ‑ātĭcum, n. ont tous deux donné des suffixes productifs dans les langues romanes (Fleischmann 1977), comme ‑ātĭcum n. qui a donné le vieux français ‑age m.

Irslinger (2014:97) suppose que des termes de vieux français en -age ont été empruntés et traduits directement en -adeg. Elle donne marradeg, 'écobuage, marrage (Vendôme)'; 'foennadeg' ‘action de faire les foins, fenage/fanage’ et tilhadeg 'séparer les fibres de chanvres de la tige, t(e)illage'.