-ad, -iad

De Arbres

Le suffixe -ad ou -iad, marque la longueur ou le contenu du référent du nom avec lequel il apparaît. Il a aussi des usages plus abstraits.


(1) Monet a rae a bihan fourchad.
aller R faisait à petit pas.long
'Il allait à petits pas.' Le Scorff, Ar Borgn (2011:45)


(2) 'Neus ket debret 'met 'r begad.
ne a pas mangé seulement un bouch.ée
'Il n'a mangé qu'une bouchée.' Riec, Bouzeg (1986:I)


Morphologie

Le morphème -ad peut se trouver sous la forme -iad.

(5) Ur porzhiad (mat a v-) bugale zo.

‘La cour est pleine d’enfants.’, Léon, Madeg (2013:8)


Le suffixe -ad, -iad, apparaît en fin de composé, parmi les autres suffixes. Il précède le suffixe singulatif -enn.


(1) Aze a zo sardin? - Ya, ul livadenn .
R y.a sardine oui un couleur.contenant.singulatif
'Y-a-t-il de la sardine là? - Oui, une mince couche (très peu).' Gros (1970b:§'livadenn')

genre

Le suffixe -ad n'influe pas sur le genre de la racine qu'il suffixe Kervella (1947:§830).

nombre

Le suffixe -ad prend un pluriel en -où (Mouladuriou Hor Yezh 1993:221) sauf s'il qualifie les habitants d'un lieu Breizhad donne Breizhiz au pluriel.

sur noms composés

Le suffixe -ad peut être trouvé sur différents noms composés:


(3) ...evit ma vefe lakaet e renk an ofisourien ur Breizh-atav-ad eus e seurt.
... pour que serait mis dans rang le officiers un Bretagne-toujours-ad de son sorte
'... pour qu'un nationaliste breton de son acabit soit nommé officier.' Denez (1993:24)


(4) korventenn vras an daou-ugent-ad-où
tempête.F1 grande le 2-20-ad-PL
'la grande tempête des années quarante.' Denez (1993:24)

Sémantique

marque du contenu

Le suffixe -ad marque le contenu de manière très productive.


(1) Ne oa ken un hanter ilizad

’L'église n'était qu'à moitié remplie.’, Léon, Madeg (2013:8)

(2) Ur bonedad kistin zo deuet gantañ.

‘Il a ramené plein son bonnet de châtaignes.’, Léon, Madeg (2013:8)


Le contenu peut être imagé (le contenu d'un gilet).


(3) Tapet ur jiletennad gantañ.
attrapé un gilet-ad avec.lui
'Il a pris une cuite (plein le gilet).' Haut-cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:II)


Quelques noms suffixés en -ad ne marquent pas du tout de contenu, mais une mesure imagée (*le contenu d'un pouce si on pouvait le remplir).


(4) Ur meudad lagoud-jistr
un pouce-ad distillé-cidre
'Un pouce, un doigt d'eau de vie.' Le Scorff, Ar Borgn (2011:36)

nom abstrait

Le contenant peut être abstrait, comme dans le cas de koulzad, 'temps, moment'.


(3) Ne oa ket kalz a veajourien, daoust ma oa kroget koulzad an touristañ.
ne était pas beaucoup de voyageurs, bien que était commencé période-ad le tourisme
'Il n'y avait pas beaucoup de voyageurs, bien que la haute saison ait commencé.' Beyer (2009:6)


maladie

Chalm (2008:W-213) note que le suffixe -ad apparaît dans des noms de maladies (fri, 'nez' > friad, 'mal au nez, rhinite, cuite').


coup

Chalm (2008:W-213) note que le suffixe -ad apparaît dans des noms de coups (skouarn, 'oreille' > skouarnad, 'coup sur l'oreille, gifle').


noms d'agent

Le suffixe -ad, iad forme aussi la dérivation pour des noms d'agent.

Chalm (2008:W-213) donne: gaou, 'mensonge' > gaouiad, 'menteur' et lore, 'laurier' > loread, 'lauréat'. Ces noms d'agent ont une dérivation nominale classique: les marques du féminin sont -adez, -iadez. Les marques du pluriel sont en -idi.


Cette dérivation est utilisée pour les habitant.e.s d'un pays (Brest, brestad, 'brestois'; brestadez, 'brestoise'). Le pluriel est alors irrégulier au masculin: brestiz, brestadez.

Horizons comparatifs

Le suffixe -ad correspond assez bien sémantiquement au suffixe français -ée, sur le modèle de maison > maisonnée. Cependant, cette suffixation est beaucoup plus productive en breton qu'elle ne l'est en français.

En français par exemple, on ne pourrait pas prendre la racine du mot 'peuple' et rajouter son contenant -ée, pour donner *'une peuplée'.


(4) N'heller ket dastum rac'h parlant un den ha nebeutoc'h c'hoazh ur boblañsad tud.
ne peut.IMP pas rassembler tout parlé un homme et peu.plus encore un peupl.-ée gens
'On ne peut pas collecter tout le parlé de quelqu'un, et encore moins celui d'une population.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:7)