Différences entre les versions de « -ach, -aj »
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[[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§147) donne ''had'''achoù''''', 'semis', ou ''mal'''achoù''''', 'choses moulues', ''stag'''achoù''''', 'ceinture(s) de sécurité', ''peur'''achoù''''', 'pâtures'. | [[Favereau (1997)|Favereau (1997]]:§147) donne ''had'''achoù''''', 'semis', ou ''mal'''achoù''''', 'choses moulues', ''stag'''achoù''''', 'ceinture(s) de sécurité', ''peur'''achoù''''', 'pâtures'. | ||
=== impact parfois péjoratif === | === impact (parfois) péjoratif === | ||
[[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:13) donne en vannetais ''kaill'''aj''''', 'boue des rues', ''draill'''aj''''', 'retailles', ''rak'''aj''''', 'raclures', ''tor'''aj''''', 'débris', ''gon̄'''aj''''', 'ordures', ''teill'''aj''''', 'fumier', et ''loust'''aj''''', 'immondices'. | [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:13) donne en vannetais ''kaill'''aj''''', 'boue des rues', ''draill'''aj''''', 'retailles', ''rak'''aj''''', 'raclures', ''tor'''aj''''', 'débris', ''gon̄'''aj''''', 'ordures', ''teill'''aj''''', 'fumier', et ''loust'''aj''''', 'immondices'. | ||
[[Vallée (1980)|Vallée (1980]]:XVIII) compare et oppose les suffixes ''[[-iezh]]'' et ''-ach, -aj'', le second étant "le plus souvent péjoratif" (''beleg'''iezh''''', 'prêtrise', vs. ''belegiach'', non traduit). | [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§840) note qu'à ce suffixe est "souvent" attaché une lecture péjorative. [[Vallée (1980)|Vallée (1980]]:XVIII) compare et oppose les suffixes ''[[-iezh]]'' et ''-ach, -aj'', le second étant "le plus souvent péjoratif" (''beleg'''iezh''''', 'prêtrise', vs. ''belegiach'', non traduit). | ||
[[Gros (1984)|Gros (1984]]:355) considère que ''-aj'' "a un sens nettement péjoratif dans certains mots". Il donne ''ev'''aj''''', 'piquette, jus de chaussettes, tisane, boisson imbuvable'; ''lonk'''aj''''', 'toutes sortes de liquides'; ''moh'''aj''''', 'cochonnerie'. | [[Gros (1984)|Gros (1984]]:355) considère que ''-aj'' "a un sens nettement péjoratif dans certains mots". Il donne ''ev'''aj''''', 'piquette, jus de chaussettes, tisane, boisson imbuvable'; ''lonk'''aj''''', 'toutes sortes de liquides'; ''moh'''aj''''', 'cochonnerie'. | ||
[[Gros (1984)|Gros (1984]]:356) note que les mots en ''-aj'' "marquant le résultat de l'action ou une collection" ne sont que "faiblement péjoratifs". | [[Gros (1984)|Gros (1984]]:356) note cependant que les mots en ''-aj'' "marquant le résultat de l'action ou une collection" ne sont que "faiblement péjoratifs". Il donne ''saozn'''aj''''' pour 'langue anglaise'. | ||
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|(1)||Te ||a oar ||kaozeal saoznaj? | |||
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=== ''-aj'' vs. ''-ø'' === | === ''-aj'' vs. ''-ø'' === |
Version du 30 août 2016 à 22:15
Le suffixe -ach, ou -aj, est un morphème nominalisant. C'est un emprunt d'origine romane qui obtient un nom massique à partir d'une racine adjectivale, verbale ou nominale.
Kervella (1947:§840) donne sklavach, bugaleach, skolach, luc'hach, koadach, moc'hach, evach, livach, liñvach, mogach.
Trépos (2001:75) donne meskaj, 'mélange'; evaj, 'boisson'.
Favereau (1997:§147) donne debraj, 'mangeaille', drogach, 'drogue', edaj, 'céréales (à déjeuner)', flikaj, 'flicaille', pestaj, 'peste (fig.)'.
Morphologie
composition
On retrouve le suffixe -ach, -aj en composition avec -enn dans les finales en -achenn.
exocentricité
Le morphème -ach, -aj est exocentrique; il obtient un nom quelle que soit la catégorie de sa base.
Sur une base adjectivale, -ach, -aj obtient un nom.
(1) dister, 'insignifiant' => disterach, 'babiole, chose futile', Merser (2009)
Il se trouve aussi directement sur un nom.
(2) | Glavaj | a ra | arre. | ||||
pluie.sfx | R fait | encore | |||||
'Il mouille encore.' | Vannetais, Herrieu (1994:96) |
La base peut aussi être verbale.
(3) | En ti-mañ | a zo | daou chomaj. | ||||||
dans.le maison-ci | R y.a | deux rest-.sfx | |||||||
'Dans cette maison-ci, il y a deux logements.' | Trégorrois, Gros (1984:356) |
formation sur base plurielle
Kervella (1947:§840) donne bugaleach.
Gros (1984:356) donne traouajou, /chose.s.sfx.s/, 'choses, nippes, affaires'.
genre
Les noms dérivés en -ach, -aj sont masculins (Kervella 1947:§840).
Favereau (1997:§147) note une apparition de formes féminines dans les cas où -aj se substitue au suffixe -iezh, qui forme par ailleurs des noms féminins.
Press (1986:215) relève le nom féminin beaj, 'voyage', et propose de l'analyser comme un emprunt direct au français, dont le genre est influencé par l'initiale en v-.
nombre
Les noms dérivés en -ach, -aj ont un pluriel en -où (Kervella 1947:§840), obtenant -ajoù ou -achoù.
Cependant, toutes les finales en -achoù ne sont pas forcément des pluriels dérivés de bases au singulier en -ach, -aj: il existe un suffixe -achoù qui est un marqueur hypocoristique qui peut former des singuliers (freskachoù, 'viande fraîche', Favereau 1997:§147) et n'a pas d'équivalent en -ach, -aj (diankachoù, pellachoù, lostennachoù, malachoù, stokachoù, bruzhunachoù, kouezhachoù, dislonkachoù, traoùachoù, Kervella 1947:§840).
Diachronie
Le suffixe -ach, -aj est un emprunt au suffixe français -age, qui a le même impact dépréciatif (Deshayes 2003:39).
Sémantique
Selon Kervella (1947:§840), le suffixe -ach, -aj dénote un état ou un regroupement.
lecture massique
Gros (1984:356) donne glizaj, glizataj, 'crachin' et priaj, 'de la poterie'.
Gros (1970b:§'avelaj') traduit avelaj par 'grand vent'.
(3) | Pa veze bet avelaj evel-se | e miz Here | ez een d'ar hoajoù | da geuneuta. | |||
quand était eu vent.sfx comme-ça | en mois octobre | R allais à'le5 bois | à1 petit.bois.ramasser | ||||
'Quand il y avait eu de grands coups de vent comme cela en octobre, | |||||||
j'allais dans les bois ramasser du bois mort.' | Gros (1970b:§'avelaj') |
(4) | E taoler | houarnaj | ken nend eo ur spont. | |||
R jette.IMP | fer | tant ne est un honte | ||||
'On jette du fer que c'en est effrayant.' | Le Scorff, Ar Borgn (2011:14) |
La racine peut être un nom d'agent (treitouraj, 'mauvais traitement', trubarderaj, 'duplicité', Favereau 1997:§147).
La racine peut aussi être un verbe. Le sens obtenu est alors 'matière à V'. Le Bayon (1878:13) donne par exemple bouitaj, 'matière à nourrir', ou strakaj, 'matière à éclabousser'.
résultat d'une action
(2) | Mouded a zo | kignaj. | |||||||
motte.s R est | écorch-.age | ||||||||
'Les mottes sont de l'écorchage (croûte gazonnée).' | Trégorrois, Gros (1984:356) |
Favereau (1997:§147) donne hadachoù, 'semis', ou malachoù, 'choses moulues', stagachoù, 'ceinture(s) de sécurité', peurachoù, 'pâtures'.
impact (parfois) péjoratif
Le Bayon (1878:13) donne en vannetais kaillaj, 'boue des rues', draillaj, 'retailles', rakaj, 'raclures', toraj, 'débris', gon̄aj, 'ordures', teillaj, 'fumier', et loustaj, 'immondices'.
Kervella (1947:§840) note qu'à ce suffixe est "souvent" attaché une lecture péjorative. Vallée (1980:XVIII) compare et oppose les suffixes -iezh et -ach, -aj, le second étant "le plus souvent péjoratif" (belegiezh, 'prêtrise', vs. belegiach, non traduit).
Gros (1984:355) considère que -aj "a un sens nettement péjoratif dans certains mots". Il donne evaj, 'piquette, jus de chaussettes, tisane, boisson imbuvable'; lonkaj, 'toutes sortes de liquides'; mohaj, 'cochonnerie'.
Gros (1984:356) note cependant que les mots en -aj "marquant le résultat de l'action ou une collection" ne sont que "faiblement péjoratifs". Il donne saoznaj pour 'langue anglaise'.
(1) | Te | a oar | kaozeal saoznaj? | |||
toi | R1 sait | parler anglais | ||||
'Tu sais parler anglais?' | Trégorrois, Gros (1989:'kaozeal') |
-aj vs. -ø
La dérivation en -aj peut être sujette à variation dialectale.
(2) | E Lanngoad | e vez greet strudaj | euz ar struj. | ||||||
à Langoat | R est fait strudaj | de le broussailles | |||||||
'A Langoat on appelle les broussailles strudaj.' | Trégorrois, Gros (1984:356) |
Gros (1989:'brasoni') donne brasoni et brasoniaj. Le suffixe -oni réalise le nom abstrait de dimension morale, et le suffixe -aj obtient le comportement ou la relation qui en découle ('brasoni, 'grandeur, orgueil' et brasoniaj, 'un conflit d'orgueil, un conflit de prééminence').
emprunt
Dans certains cas d'emprunt, ce suffixe semble élu par ressemblance phonétique avec le nom source.
(1) | Hag e chome e-giz-se | div pe deir eur horolaj, | ha den ebet | war e dro. | ||
et R restait comme.ça | 2 ou1 3 heure horloge | et personne aucune | sur son1 tour | |||
'Et il restait deux ou trois heures comme ça sans personne autour (sans que personne s'en occupe).' | ||||||
Léon, Mellouet & Pennec (2004:79). |
A ne pas confondre
Favereau (1997:§147) note que dans rodellajoù, 'spirales', il s'agit probablement d'une dérivation en -ad+-où.