Différences entre les versions de « -a »

De Arbres
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=== productivité et variation dialectale ===
=== productivité et variation dialectale ===


Selon [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:269), le parler de Plozévet ne comprend que trois verbes de ce type: <font color=green>/lo'ɡota, la'ɡota/</font color=green>, 'chasser les souris', <font color=green>/mɛr'jeta/</font color=green>, 'courir les filles' et <font color=green>/pes'keta/</font color=green>, 'pêcher'.
Selon [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:269), le parler de Plozévet ne comprend que trois verbes en finale en ''-et'''a''''': <font color=green>/lo'ɡota, la'ɡota/</font color=green>, 'chasser les souris', <font color=green>/mɛr'jeta/</font color=green>, 'courir les filles' et <font color=green>/pes'keta/</font color=green>, 'pêcher'. 
[[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:271) mentionne cependant des verbes en finale en ''-ik'''a''''' qui ressortent probablement du même suffixe ''-a'' après un [[dminutif] en ''[[-ig]]'': <font color=green>/bã'nika/</font color=green>, 'boire des petits coups (d’alcool)', <font color=green>/bro'ʃɛnika/</font color=green>, 'tricoter (à la broche), faire du crochet' et <font color=green>/ea'lika/</font color=green> 'prendre le soleil'.


== Sémantique ==
== Sémantique ==

Version du 6 août 2014 à 20:09

Le suffixe verbal de l'infinitif -a forme toujours des verbes dénotant une action répétée (itérativité).

On retrouve ce suffixe dans les finales en -aoua, -eta, qui obtiennent des verbes dénotant l'activité de recherche, de chasse ou de pêche de quelque chose.


(1) Pa veze bet avelaj evel-se e miz Here ez een d'ar hoajoù da geuneuta.
quand était eu vent.sfx comme-ça en mois octobre R allais à'le5 bois à1 petit.bois.ramasser
'Quand il y avait eu de grands coups de vent comme cela en Octobre,
j'allais dans les bois ramasser du bois mort.' Gros (1970b:§'avelaj')


En composé avec le suffixe -ad, dans la finale en -ata, le suffixe -a dénote uniquement une itérativité aspectuelle.


(2) Peogwir e welen anezañ o vazata e gazeg.
car R voyais P..lui à bâton.-ad.sfx son jument
'puisque je le voyais bâtonner sa jument.' Trégorrois, Gros (1984:358)


Morphologie

un seul suffixe '-a'

Le morphème -a peut s'affixer sur des morphèmes pluriels -aou-, -ed ou sur le suffixe -ad, ce qui donne respectivement les finales verbales en -aoua, -eta et -ata.

Le suffixe /-a/ provoque un dévoisement de la consonne qu'il suit (logod, 'souris' > logota, 'chasser des souris', Gros 1984:341).

dévoisement

Selon Vallée (1980:XXIV), le suffixe est -ha et, par sandhi, transforme les consonnes finales /b, d, g, z/ en /p, t, k, s/.

Selon Deshayes (2003:39), la forme en -ha est ancienne, et transforme les consonnes finales /b, d, g, s/ en /p, t, k, ss/.

composition

La voyelle -a du suffixe se maintient sous le suffixe -et du participe ou le suffixe -er des noms d'agents (pesketaer, 'pêcheur', Vallée 1980:XXIV). C'est un contraste avec le suffixe de l'infinitif /-a/, , qui lui ne s'y maintient pas (gwerzer, 'vendeur', Vallée 1980:XXIV).

nombre et genre de la racine

Selon Gros (1984:341), ce suffixe s'ajoute à un pluriel (gozeta, 'chasser les taupes', tuta, 'recruter du personnel') ou à un collectif (buzuka, 'chercher des vers').

La racine peut aussi être au singulier avec un nom massique comme en (2), ou sur les noms en -ad.


(2) Arabad vo dim bea war lec'h ar foar o kôc'ha.
interdit sera à.nous être sur lieu le foire à merde.sfx
litt.'Il ne faudra pas que nous arrivions après la foire pour ramasser le crottin.'
> Dépêchons-nous. Le Berre & Le Dû (1999:28)


On peut trouver le suffixe -ez marqueur du féminin sur une racine (kiësa, 'courir les chiennes', Gros 1984:342).

exocentricité

Le suffixe -a est exocentrique: il change la catégorie de sa racine.

Il apparaît sur des racines nominales et obtient l'activité de recherche de la chose dénotée par le nom.


productivité et variation dialectale

Selon Goyat (2012:269), le parler de Plozévet ne comprend que trois verbes en finale en -eta: /lo'ɡota, la'ɡota/, 'chasser les souris', /mɛr'jeta/, 'courir les filles' et /pes'keta/, 'pêcher'. Goyat (2012:271) mentionne cependant des verbes en finale en -ika qui ressortent probablement du même suffixe -a après un [[dminutif] en -ig: /bã'nika/, 'boire des petits coups (d’alcool)', /bro'ʃɛnika/, 'tricoter (à la broche), faire du crochet' et /ea'lika/ 'prendre le soleil'.

Sémantique

chercher /racine/

Gros (1984:341) considère que le suffixe -a forme "un verbe indiquant la récolte, le ramassage, la recherche, la chasse ou la pêche."

Les verbes dérivés en -a sur les suffixes de pluriel -aou et -ed équivalent à des verbes avec incorporation de l'objet, en ce que la relation sémantique du suffixe avec sa racine est celle d'un verbe avec son objet (laoua, /poux.chercher/, 'chercher des poux').

  • Hag eh aomp en heol d’en em laoua
'Et nous allons au soleil pour nous épouiller', Vannetais, Herrieu (1994:87)


Cependant, dans les langues à incorporation de l'objet, les objets incorporés ne peuvent normalement pas être au pluriel.

fournir /racine/

Vallée (1980:XXV) note que le suffixe -a a aussi le sens de 'fournir'. Il donne:

  • boueta, 'pourvoir les animaux d'aliments'
  • kerc'ha, 'pourvoir les animaux d'avoine'
  • doura loened, 'pourvoir les animaux d'eau'

faire /racine/

Dans les verbes dérivés en -a sur le suffixe -ad, la relation sémantique du suffixe avec sa racine peut aussi être celle d'un verbe avec son objet, mais le verbe est différent. En (1), le verbe choukata signifie faire de façon répétée des "dossées" de bois.


(1) Me am-eus choukatet behiou keuneud euz ar hoad-ze!
moi R.1SG a dos.N.é charge petit.bois de le bois-
'J'en ai transporté (sur mon dos) des fardeaux de bois (des fagots) depuis ce bois-là!'
Trégorrois, Gros (1984:358)


Le sujet n'a pas besoin d'être un agent (cf. 'faire de la bruine').


(1) Glizata a raio hirio e-pad an deiz.
bruine.N.sfx R fera aujourd'hui pendant le jour
'Il bruinera (bouillassera) aujourd'hui pendant la journée.' Trégorrois, Gros (1984:358)


mesurer, apprécier, percevoir par /racine/

Vallée (1980:XXV) note que le suffixe -a a aussi le sens de "mesurer, apprécier, percevoir par les sens". Il donne:

  • marc'hata, /marché.sfx/, 'marchander'
  • pouezellata, /boisseau.sfx.sfx/ 'mesurer au boisseau'

Et avec un suffixe -ed:

  • c'houeseta, /odeur.PL.sfx/, 'flairer'
  • talmeta, 'tâter' et blaseta, 'goûter'


A ne pas confondre

Vallée (1980:XXV) dérive (1) par le même suffixe. Il est cependant probable que le premier soit c'hwezañ, avec un suffixe de l'infinitif -añ qui ne marque pas l'itérativité.

(1) c'houesa, /odeur.sfx/, 'flairer'

c'houeseta, /odeur.PL.sfx/, 'flairer'