Re-
Il existe en breton moderne deux préfixes re- qui ne sont qu'accidentellement parfois de même sens.
La grammaticalisation en préfixe de l'adverbe re 'trop' a obtenu un intensifieur. Le second est un emprunt transparent au préfixe français re- (Deshayes (2003:38).
Kervella (1947:§885) donne refiziañs, rec'hoantegezh, relabour, reouiziegezh, reverzhi, reveur.
Intensifieur
- refiziout 'faire trop confiance' (Menard & Bihan 2016-)
- refors 'gros effort' (Menard & Bihan 2016-)
- regas 'surmener', ur regasour 'un querelleur' (Menard & Bihan 2016-)
- regizidigezh 'trop grande sensibilité' (Menard & Bihan 2016-)
- regofad, regorfad 'abus (de table, de boisson)' (Menard & Bihan 2016-)
Ce préfixe existe dès le moyen breton et le vieux breton.
- regruel 'très cruel' (c. 1500, Menard & Bihan 2016-)
- reverzhi 'marée d'équinoxe'
Deshayes (2003:'reverzhi'): "(reverzi, 1689), s. m., grande marée d'équinoxe, procède du vieux breton rebirthi 'grande marée, flux' et correspond au cornique reverthi 'flux', au gallois rhyferthi 'torrent, flux'. Ces mots postulent pour un brittonique * robertia, et s'apparentent à l'irlandais rabharta (vieil irlandais robartà 'grande marée') ; ils sont formés sur la racine ber." (nom déverbal de berañ 'couler')
Emprunt roman
Le préfixe re-, ré- français a surtout le sens de répétition, de réitération de l'action; de 'freiner' à 'réfréner', l'action de 'freiner' est multipliée en une itérativité constante de la même action de 'freiner'.
En breton, on trouve ce suffixe re- surtout dans des emprunts de mots romans qui le comprennent, mais aussi sur certaines racines celtiques comme le verbe kemer 'prendre', hadañ 'semer' ou ober 'faire'.
- regemer 'reprendre' (Menard & Bihan 2016-)
- rehadañ 'ressemer' (Menard & Bihan 2016-)
- regroeit 'refait' (Ernault 1904)