Grammaire universelle
L'hypothèse d'une grammaire universelle, portée par le programme chomskyen, est l'hypothèse d'une faculté grammaticale innée chez les humains. C'est cette faculté de grammaire innée qui fait que n'importe quel bébé humain, s'il ne lui arrive rien de fâcheux stoppant son développement, acquiert naturellement la ou les langues avec lesquelles il est en contact. Il s'agit fondamentalement d'étudier la faculté de langage comme le résultat du fonctionnement d'un organe du corps humain (Anderson & Lightfoot 2002), et de chercher à étudier cet organe à travers les invariants de ses productions.
La Grammaire Universelle (GU ou, à partir de l'anglais, UG) est l'ensemble des règles et propriétés proposées comme communes à toutes les langues naturelles humaines. La grammaire universelle comprend donc les Principes communs à toutes les langues naturelles. La grammaire universelle contient aussi tous les Paramètres qui font que les langues naturelles diffèrent entre elles.
grammaire universelle et innéisme
L'hypothèse d'une grammaire universelle innée est soutenue par l'argument de la pauvreté du stimulus (Piattelli-Palmarini & Berwick 2013, et leurs références citées), qui constate que lors de l'acquisition du langage, l'enfant reçoit somme toute peu d'input linguistique par rapport aux conclusions qu'il en tire, et aux structures grammaticales qu'il produit par la suite. De plus, le locuteur a des intuitions sur ce qui est agrammatical dans sa langue, alors que, par définition, il n'a reçu qu'un input de phrases possibles.
En opposition avec cette hypothèse, Yang & Piandatosi (2023) proposent qu'un processus computationnel maximalement non-contraint est capable d'acquérir des éléments clés du langage naturel à partir d'un nombre relativement restreint d'exemples de phrases. Wilcox & al. 2022 ont montré que les modèles computationnels s'attendent à des effets d'îles pour le mouvement.
âge du locuteur et grammaire universelle
Dans l'hypothèse d'un stade critique pour l'acquisition du langage, l'accès à la grammaire universelle est compromis après un certain âge critique, qui peut varier selon les individus.
À ne pas confondre
Étudier la grammaire universelle ne consiste pas du tout à inventer des règles ou propriétés grammaticales afin de créer une langue qui serait ensuite propagée par des moyens politiques. Il s'agit au contraire d'un travail scientifique dont le moyen se doit de respecter descriptivement les faits des langues naturelles, et dont le but est de repérer, voire comprendre et expliquer, les invariants dans ces langues.
Bibliographie
- Anderson, Stephen. & D. Lightfoot. 2002. The Language Organ. Linguistics as Cognitive Physiology, Cambridge : Cambridge University Press.
- Piattelli-Palmarini, Massimo & Robert C Berwick. 2013. Rich Languages From Poor Inputs, Oxford University Press, USA.
- Chomsky, N. 1995. The Minimalist programm, MIT Press, Cambridge, MA.
- Mendívil-Giró, José-Luis. 2018. 'Is Universal Grammar ready for retirement ? A short review of a longstanding misinterpretation', Journal of Linguistics 54:4, 859-888.
- Roberts, Ian (éd.). 2018. The Oxford Handbook of Universal Grammar, Oxford University Press.
- Wilcox, Ethan Gotlieb, Richard Futrell & Roger Levy. 2022. 'Using Computational Models to Test Syntactic Learnability', Linguistic Inquiry, texte.
- Yang, Yuan & Steven T. Piantadosi. 2023. 'One model for the learning of language', Adele Goldberg (éd.), Psychological and Cognitive Sciences, texte.
vulgarisation
- Waegemans, Kloé. 2017. 'Y a-t-il des points communs entre toutes les langues du monde ?', Université Ouverte des Humanités, cité langage, introduction aux sciences du langage, vidéo interview de Nicolas Quint, directeur de recherche en Linguistique africaine - CNRS et Gerhard Schaden, maître de conférences en Linguistique - Université SHS – Lille 3.