Subordonnées relatives
complémenteurs et pronoms relatifs
Les relatives débutent parfois par un pronom relatif comme ar pezh.
(2) | Morse | n'e-noa bet disklêriet | an den-ze | ar pezh a oa | erruet ganin. | ||
jamais | ne R-avait été dit | le homme-là | ce que R était | arrivé à.moi | |||
'Jamais cet homme n'avait raconté ce qui m'était arrivé.' | Uhelgoat, Skragn (2002:21) |
Il est cependant aussi possible de construire des relatives sans pronom relatif ni complémenteur, par exemple dans le cas des appositions comme les participiales.
Ces structures font prototypiquement appel à la résomptivité.
(1) | Sellout a reas ouzh ar breur Arturo | evel ouzh un den [ | bet darbet dezhañ | koll e lod baradoz ]. | |||
regarder R1 fit à le frère Arturo | comme à un homme | été failli à.lui | perdre son1 partie1 paradis | ||||
'Il regarda le frère Arturo comme un homme qui aurait juste failli perdre son bout de paradis.' | |||||||
Standard, Drezen (1990:74) |
définitude et complémenteur ha(g)
Au moins dans certains dialectes, la tête de la relative dépend de la définitude du syntagme relativisé.
Un syntagme défini est modifié par une relative dont la tête est, selon les analyses, un complémenteur nul ou le rannig a qui le suit.
Un syntagme indéfini est modifié par une relative dont la tête est ha(g).
Selon Favereau (1997:§580), cette règle s'applique en breton du Poher et du pays Pourlet. On en trouve des exemples à Lanijen (Evenou 1987), en bas vannetais (Nicolas 2005)...
Cette propriété est notée régulièrement pour certains indéfinis particuliers. Selon Le Gléau (2000b:461) le complémenteur hag a est attendu lorsque netra, 'rien', est en tête de relative.
(1) | N'eus | netra | hag a gousi | an douar | evel an ed. | ||||||
ne y.a | rien | que R1 souille | le terre | comme le blé/céréale | |||||||
'Rien ne souille la terre comme la céréale.' | Dihunamb (1909:315), cité dans Le Gléau (2000b:461) |
résomptivité
Les propositions relatives sont les domaines par excellence de la résomptivité.
On parle de résomption du sujet lorsqu'une relative contient un élément pronominal qui double la tête sujet d'une relative. On parle de résomption de l'objet lorsqu'un pronom y double la tête objet de la relative. Les résomptifs peuvent aussi doubler des arguments non-directs, comme en (1).
(1) | poltredj dioutii hec'hi-unan | [ | a zo Mari | lorc'h ennii | gantañj | ]. | ||
photo de.elle son-un | R1 est Marie | fierté en.elle | avec.lui | |||||
'La photo d'elle-même dont Marie est fière.' | Standard, Guilliot (2006:1894) |
Les relatives contenant un pronom résomptif peuvent être introduites par un rannig ou l'autre, ou encore le complémenteur ma (Favereau 1997:587).
Restrictives vs. appositives: reconstruction
Les relatives restrictives montrent des effets de reconstruction, au contraire des relatives appositives (Guilliot 2006:1890)
(1) | * | Pep [ poltred Yanni ]j | en deus i | gwelet __j | a zo bet drailhet. | |
chaque photo Yann | R.3SG a pro | vu | R est été détruit | |||
'Chaque photo de Yann qu'il a vu a été détruite.' | Standard, Guilliot (2006:1890) |
(2) | [ | Poltred-mañj Yanni [CP Øj | en deus proi | roet __j | da Vari ] | a zo bet drailhet. |
photo-ci Yann | R.3SG a pro | donné | à1 Marie | R est été détruit | ||
'Cette photo de Yann, qu'il a donné à Marie, a été détruite.' | Standard, Guilliot (2006:1890) |
article défini et relative: an neb a venn...
Certaines relatives sont liées à l'apparition d'un article défini devant la tête de relative, comme le français Le Rennes de mon enfance a disparu vs. *Rennes de mon enfance a disparu.
En breton, cet effet est par exemple notable avec nep qui est toujours suivi d'une relative lorsque précédé d'un article (Kervella 1995:§475).
(2) | [ an neb | a venn ] | a c'hell. | |||
le celui | R1 veut | R1 peut | ||||
'Qui veut peut.' | Standard, Kervella (1933:42) |
La tête nominale hini est toujours précédée d'un article défini si elle est modifiée par une proposition relative.
Relatives réduites
Les relatives réduites sont des propositions relatives dont la tête, nominale, n'est pas prononcée.
(1) | War _[ø]_ | a gomze... | |||
sur | R1 parlait | ||||
'Selon ce qu'il disait.' | Standard, Press (1986:206) |
Terminologie
Kervella (1947:§770) utilise les termes islavarenn-stag, islavarenn degouezh et islavarenn-anv-gwan.
Press (1986:236) traduit islavarenn-anv-gwan par l'anglais relative clause.
En anglais, les relatives sans têtes sont appelées headless relatives.
Favereau (1997:587) appelle 'relatives intégrées' les relatives contenant un pronom résomptif.
Bibliographie
- Evenou, Y. 1988. 'La proposition dite relative dans le breton de Lanvénégen', La Bretagne Linguistique 4.
- Favereau, F. 1997. Grammaire du breton contemporain. Morlaix: Skol Vreizh, §574-591.
- Yann Gerven. 2014. 'me 'zo bet hag...', Yezhadur!, Alioù fur evit ar vrezhonegerien diasur, Keit Vimp Bev, 55-56.
- Guilliot, Nicolas. 2006b. 'A top-down analysis for reconstruction', Lingua 116:1888-1914.
- King, Phyllis, 1982. 'An internal head analysis of the Breton relative clause', Linguistics 20:83-95.
horizons comparatifs
- Grewendorf, Günther & Cecilia Poletto. 2015. 'Relative clauses in Cimbrian', Elisa Di Domenico, Cornelia Hamann and Simona Matteini (éds.), Structures, Strategies and Beyond: Studies in honour of Adriana Belletti, 393-416.
- Riemsdijk, Henk van. 2005. 'Free Relatives', Martin Everaert And Henk Van Riemsdijk (éds.), The Blackwell companion to Syntax, Blackwell Publishing, vol II, chap.27.
- Willis, D. 2011. 'Reconstructing last week's weather: Syntactic reconstruction and Brythonic free relatives', Journal of Linguistics 47 (2):407-446.