Redek

De Arbres

Le verbe redek 'courir' est un verbe de mouvement. C'est un des rares verbes à montrer le suffixe de l'infinitif en -ek.


(1) Redek a rae par ma c'helle.
courir R1 faisait comme que4 pouvait
'Il courait dare-dare.'
Vannetais (Le Scorff), Ar Borgn (2011:31)


Morphologie

dérivation

Le préfixe di- obtient diredek 'courir', de même sens donc que redek.


(2) ... adreuz ar meziou labouret a neve, e tiredis war zu Lannvein.
à-travers le campagne.s travaill.é de-nouveau R4 en.courus sur-côté Lanvein
'... je courus vers Lanvein à travers les champs fraîchement labourés.'
Trégorrois, Urlo (1919)


Il existe plusieurs dérivations vers le domaine nominal. La finale -adeg obtient de façon régulière une 'action collective de courir'.


(3) redadegoù-tirvi Pamplona
cour.se.s-taureau.x Pamplona
'les courses de taureaux de Pamplona'
Standard, Drezen (1932:7)


Le nom déverbal 'courant' est obtenu avec un morphème zéro (red an dour 'le cours de l'eau', le 'courant').

variation dialectale

La forme infinitive la plus répandue de loin est redek. On trouve aussi la forme infinitive reded en Léon.


(4) Laosket e oe neuze da reded.
laiss.é R4 fut alors à1 courir
'Alors on le laissa partir.'
Léonard (Plouzane), Briant-Cadiou (1998:211)


Falc'hun (1947:7) signale une évolution phonétique d > r, qui se rencontre de Ploemel à la frontière linguistique, avec un épicentre aux environs de Damgan. Il rapporte qu'à Surzur, qui résiste à cette évolution mieux qu'à Damgan, des locuteurs du milieu du XXe disaient riryék 'courir' quand leurs parents disaient encore ridyék. Il signale les formes rédek en Cornouaille et réget en Léon.

Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne l'infinitif rideg, riïeg.


répartition dialectale

La carte 546 de l'ALBB montre la répartition dialectale des traductions de courir. On y voit le verbe redek en concurrence dialectale avec le verbe galoupat. A Locmaria (Belle-Île-en-mer), on relève kas, trotal.

Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne postal 'courir', d'origine romane (cf. gallo poster 'courir après, poursuivre').

Syntaxe

Structure thématique

inergatif ou inaccusatif

Le verbe redek 'courir' est un verbe intransitif. Lorsqu'il n'a qu'un seul argument thématique qui est l'argument externe, l'agent de l'action, c'est un verbe inergatif.

Redek a aussi un emploi inaccusatif comme en (1).


(1) C'hoazh e redo ar gwad enta.
encore R courra le sang donc
'Le sang coulera donc encore.'
Vannetais, Herrieu (1994:45)


sélection de l'auxiliaire

Les formes deredek 'accourir' ou redek kuit 's'enfuir' déclenchent l'emploi de l'auxiliaire bezañ 'être'.


(2) a dre-holl eo deredet pomperion, archerion, sikourerion a bep seurt...
de partout est ac.cour.u pompier.s policier.s secour.iste.s de1 chaque sorte
'De partout, il est accouru des pompiers, policiers, secouristes de toutes sortes… '
Standard, Drezen (1943)


(3) Marteze int redet kuit, hep soñjal skrivañ.
peut-être sont cour.u parti sans penser écrire
'Peut-être sont-ils partis, sans penser à se signaler.'
Standard, Drezen (1943)


causatif

Vallée (1980:XXIV) signale un emploi de sens causatif sans qu'un des verbes causatifs n'apparaisse, dans redek ar saout 'faire courir les vaches'.


(4) Lez ar chas da redek ar c'had.
laisse le chiens pour1 courir le 1lièvre
'Laisse les chiens faire courir le lièvre.' ('Laisse tomber.')
Standard, Riou (1941:28)

sélection de l'auciliaire

(5) Ma ne vijen ket redet kuit…
si ne1 étais pas cour.u parti
'Si je ne m'étais pas enfui… '
Standard, Drezen (1990:74)

Expressions

'courir les routes'

(6) Ret e oa dezhi foetañ hent evit he fañsion.
obligé R était à.elle fouetter chemin pour son2 pension
'Elle devait courir les routes pour sa pension.'
Standard, Ar Barzhig (1976:29)