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La référence d'une expression est l'entité du monde auquel il réfère. Ce peut être un objet, un concept, un individu, un sentiment ou plusieurs...
La '''référence''' d'une expression est l'entité du monde auquel elle '''réfère'''. Ce peut être un objet, un concept, un individu, un sentiment ou plusieurs...


La référence est visualisée en notation par des [[indices référentiels]] (<sub>''x'', ''y'', ''z''</sub>).


En (1), les expressions référentes sont le syntagme défini ''an donvor'' et le syntagme [[indéfini]] ''gwagennoù bras''.  
 
Dans l'exemple en (1), les '''expressions référentielles''' sont:
* le syntagme [[défini]] ''an donvor'' (<sub>''x''</sub>), qui réfère à la partie de la mer que l'on appelle 'le large'
* le syntagme [[indéfini]] ''gwagennoù bras'', qui réfère à des 'vagues' (<sub>''z''</sub>) qui ont la propriété d'être grandes, sans que l'on puisse compter ou isoler ces vagues.  




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| (1)|| Dont ||a hell  ||eus an donvor  ||gwagennou braz [...].
| (1)|| Dont ||a hell  ||eus an donvor<sub>''x''</sub> ||gwagennou braz<sub>''z''</sub> [...].
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| || venir ||[[R]] [[gallout|peut]] ||de [[art|le]] large ||vagues grand  
| || [[dont|venir]] ||[[R]]<sup>[[1]]</sup> [[gallout|peut]] ||[[eus|de]] [[art|le]] large ||vagues [[bras|grand]]
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| || colspan="4" | 'De grandes vagues [...] peuvent venir du large.'|| ''Léonard'', [[Seite (1998)|Seite (1998]]:84)
| || colspan="4" | 'De grandes vagues [...] peuvent venir du large.'|| ''Léon'', [[Seite (1998)|Seite (1998]]:84)
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De façon générale, les [[quantifieur|syntagmes quantifiés]] réfèrent.
De façon générale, les [[quantifieur|syntagmes quantifiés]] réfèrent. En (2), l'expression ''an holl c'heunioù'' réfère à l'ensemble des tourbières du monde du locuteur, ensemble restreint par le contexte.
 
 
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| (2) || ...evit lakaat gwarded ||war an holl<sup>[[1]]</sup>|| c'heunioù.
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||| [[evit|pour]] [[lakaat|mettre]] gardes ||[[war|sur]] [[art|le]] tout ||marais
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| ||colspan="4" |'...pour garder toutes les tourbières.', || ||''Standard'',  [[Ar Barzhig (1976)|Ar Barzhig (1976]]:28)
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== expressions référentielles ==
== Expressions référentielles ==


Une ''expression référentielle'' est une expression qui réfère à une entité dans le monde. On parle aussi d' ''expression-R''.
Une '''expression référentielle''' est une expression qui réfère à une entité dans le monde. On parle aussi d' ''expression-R''.


Une ''expression non-référentielle'' est une expression qui, au contraire ne réfère pas, comme un [[explétif]].
Une '''expression non-référentielle''' est une expression qui, au contraire ne réfère pas, comme un [[explétif]].




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== co-référence ==
== Co-référence ==
 
Deux expressions '''co-réfèrent''' lorsqu'elles partagent le même référent dans le monde. C'est le cas typiquement d'une [[anaphore]] et de son [[antécédent]].
 
La relation de '''co-référence''' peut s'établir entre de multiples éléments. La co-référence est la fonction unique des [[pronoms résomptifs]].
 
 
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| (3)|| '''An dostenn-ze'''<sub>''x''</sub>, ||  '''honnez'''<sub>''x''</sub>  || a zo peg ||'''he'''<sub>''x''</sub> hrohenn ||ouz '''he'''<sub>''x''</sub> hein.
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|  || [[art|le]] avare-[[DEM|là]] || [[DEM|celle.là]] || [[R]] [[zo|est]] collé || [[POSS|son]] peau || [[ouzh|à]] [[POSS|son]]<sup>[[2]]</sup> dos
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| ||colspan="4" | 'Cette avare-là, celle-là a la peau collée au dos.' || ''Trégorrois'', [[Gros (1984)|(Gros 1984]]:137)
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== Quand des expressions référentielles canoniques ne réfèrent pas ==
 
=== expressions idiomatiques ===
 
Dans les [[expressions idiomatiques]], des entités grammaticales qui seraient hors ce contexte des expressions référentielles peuvent ne pas réfèrer.
 
En (4), le syntagme [[défini]] ''ar maout'' ne réfère à aucune entité particulière dans le monde.
 
 
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|(4)|| Ne dalv ket|| ar boan dit|| klask pemp troad ||d' '''ar maout'''.
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| || [[ne]]<sup>[[1]]</sup> [[talvezout|vaut]] [[ket|pas]]  || [[art|le]]<sup>[[1]]</sup> [[poan|peine]] [[da|à]].[[pronom incorporé|toi]] || [[klask|chercher]] [[les numéraux cardinaux|cinq]] [[troad|patte]] || [[da|à]]'[[art|le]] [[maout|bélier]]
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|||colspan="4" | 'Ce n'est pas la peine que tu cherches cinq pattes au bélier (au mouton).'
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|||colspan="4" | 'Ce n'est pas la peine que tu cherches midi à quatorze heures.'||||||||||''Trégorrois'', [[Gros (1984)|Gros (1984]]:143) 
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De même, dans l'expression ''kemer an tren'' 'prendre le train', le syntagme [[défini]] ''an tren'' ne réfère à aucune entité particulière dans le monde.
 
 
=== usages déictiques ===
 
Les noms propres et des groupes nominaux de troisième personne comme ''ar paotr'' 'le gars', ''ar plac'h'' 'la fille' peuvent référer de façon [[déictique]] à la première personne.
 
 
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|(5)|| Ha '''Godig''' ||o vont||en tu all!
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| || [[&|et]] Margot || [[particule o|à]]<sup>[[4]]</sup> [[mont|aller]] || [[P.e|dans]].[[art|le]] [[tu|côté]] [[all|autre]]
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|||colspan="4" | 'Et voilà Margot (et me voilà) qui se trouve mal!'||||||||||''Trégorrois'', [[Gros (1984)|Gros (1984]]:160) 
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== Référence et philosophie ==
 
Le système de référence langagier semble concerner les relations entre les mots et le monde, domaine riche d'interrogations sur le plan philosophique.
 
Cependant, dans la tradition chomskyenne de la [[grammaire générative]], il est important de noter tout d'abord que les mots ne réfèrent pas en eux-même.
Ce sont les humains qui utilisent le système de référence qui font correspondre des objets tels que perçus par eux avec des représentations linguistiques telles que perçues par eux.
 
La réalité même des objets du monde est donc hors sujet pour la grammaire générative. En linguistique, "objet du monde" est une approximation pratique pour "représentation d'objet du monde, indépendamment de l'existence réelle de cet objet".


Deux expressions co-réfèrent lorsqu'elles partagent le même référent dans le monde. C'est le cas typiquement d'une [[anaphore]] et de son [[antécédent]].
  [[Smith (2002)|Smith (2002]]:102) [traduction [[MJ.]]]  
  "La tradition philosophique est mariée à la supposition, habituellement associée au philosophe du XIX° siècle Frege, qu'il est possible d'assigner des conditions de vérité à toute assertion possible. L'alternative internaliste est que les relations sémantiques n'ont rien à voir avec les choses du monde mais sont des relations entre des représentations mentales: elles sont entièrement dans la tête".




== Bibliographie ==
== Bibliographie ==


* [[Radford (1997)|Radford, A. 1997]]. ''Syntax, a Minimalist introduction'', Cambridge University Press.
* [[Smith (2002)|Smith, Neil. 2002]]. 'Does Chomsky exist?', ''Language, Bananas & Bonobos; Linguistic Problems, Puzzles and Polemics'', Blackwell Publishers, 100-4.  




[[Category:fiches|Categories]]
[[Category:fiches|Categories]]

Version du 27 novembre 2019 à 14:45

La référence d'une expression est l'entité du monde auquel elle réfère. Ce peut être un objet, un concept, un individu, un sentiment ou plusieurs...

La référence est visualisée en notation par des indices référentiels (x, y, z).


Dans l'exemple en (1), les expressions référentielles sont:

  • le syntagme défini an donvor (x), qui réfère à la partie de la mer que l'on appelle 'le large'
  • le syntagme indéfini gwagennoù bras, qui réfère à des 'vagues' (z) qui ont la propriété d'être grandes, sans que l'on puisse compter ou isoler ces vagues.


(1) Dont a hell eus an donvorx gwagennou brazz [...].
venir R1 peut de le large vagues grand
'De grandes vagues [...] peuvent venir du large.' Léon, Seite (1998:84)


De façon générale, les syntagmes quantifiés réfèrent. En (2), l'expression an holl c'heunioù réfère à l'ensemble des tourbières du monde du locuteur, ensemble restreint par le contexte.


(2) ...evit lakaat gwarded war an holl1 c'heunioù.
pour mettre gardes sur le tout marais
'...pour garder toutes les tourbières.', Standard, Ar Barzhig (1976:28)


Expressions référentielles

Une expression référentielle est une expression qui réfère à une entité dans le monde. On parle aussi d' expression-R.

Une expression non-référentielle est une expression qui, au contraire ne réfère pas, comme un explétif.


Les expressions référentielles sont assujetties au Principe C du liage.


Co-référence

Deux expressions co-réfèrent lorsqu'elles partagent le même référent dans le monde. C'est le cas typiquement d'une anaphore et de son antécédent.

La relation de co-référence peut s'établir entre de multiples éléments. La co-référence est la fonction unique des pronoms résomptifs.


(3) An dostenn-zex, honnezx a zo peg hex hrohenn ouz hex hein.
le avare- celle.là R est collé son peau à son2 dos
'Cette avare-là, celle-là a la peau collée au dos.' Trégorrois, (Gros 1984:137)


Quand des expressions référentielles canoniques ne réfèrent pas

expressions idiomatiques

Dans les expressions idiomatiques, des entités grammaticales qui seraient hors ce contexte des expressions référentielles peuvent ne pas réfèrer.


En (4), le syntagme défini ar maout ne réfère à aucune entité particulière dans le monde.


(4) Ne dalv ket ar boan dit klask pemp troad d' ar maout.
ne1 vaut pas le1 peine à.toi chercher cinq patte à'le bélier
'Ce n'est pas la peine que tu cherches cinq pattes au bélier (au mouton).'
'Ce n'est pas la peine que tu cherches midi à quatorze heures.' Trégorrois, Gros (1984:143)


De même, dans l'expression kemer an tren 'prendre le train', le syntagme défini an tren ne réfère à aucune entité particulière dans le monde.


usages déictiques

Les noms propres et des groupes nominaux de troisième personne comme ar paotr 'le gars', ar plac'h 'la fille' peuvent référer de façon déictique à la première personne.


(5) Ha Godig o vont en tu all!
et Margot à4 aller dans.le côté autre
'Et voilà Margot (et me voilà) qui se trouve mal!' Trégorrois, Gros (1984:160)


Référence et philosophie

Le système de référence langagier semble concerner les relations entre les mots et le monde, domaine riche d'interrogations sur le plan philosophique.

Cependant, dans la tradition chomskyenne de la grammaire générative, il est important de noter tout d'abord que les mots ne réfèrent pas en eux-même. Ce sont les humains qui utilisent le système de référence qui font correspondre des objets tels que perçus par eux avec des représentations linguistiques telles que perçues par eux.

La réalité même des objets du monde est donc hors sujet pour la grammaire générative. En linguistique, "objet du monde" est une approximation pratique pour "représentation d'objet du monde, indépendamment de l'existence réelle de cet objet".

 Smith (2002:102) [traduction MJ.] 
 "La tradition philosophique est mariée à la supposition, habituellement associée au philosophe du XIX° siècle Frege, qu'il est possible d'assigner des conditions de vérité à toute assertion possible. L'alternative internaliste est que les relations sémantiques n'ont rien à voir avec les choses du monde mais sont des relations entre des représentations mentales: elles sont entièrement dans la tête".


Bibliographie

  • Smith, Neil. 2002. 'Does Chomsky exist?', Language, Bananas & Bonobos; Linguistic Problems, Puzzles and Polemics, Blackwell Publishers, 100-4.