Différences entre les versions de « Interrogatives polaires »

De Arbres
Ligne 146 : Ligne 146 :
== Distribution ==
== Distribution ==


Les particules Q des questions oui/non peuvent apparaître précédées d'un [[topique]] suspendu (5).  
Les particules Q des questions oui/non peuvent apparaître précédées d'un [[topique|topique suspendu]] (5).  




Ligne 160 : Ligne 160 :




Elles peuvent ne pas être l'élément qui satisfait à l'ordre [[V2|à verbe second]]: en (5) l'explétif ''[[Bezañ preverbal|bez]]''' suit la particule interrogative ''ha'', en (6) c'est l'explétif ''[[bet]]''.
Elles peuvent ne pas être l'élément qui satisfait à l'ordre [[V2|à verbe second]]: en (5) l'[[explétif]] ''[[Bezañ preverbal|bez]]''' suit la particule interrogative ''ha'', en (6) c'est l'explétif ''[[bet]]''.





Version du 16 novembre 2012 à 14:12

Les "questions oui/non", sont celles auxquelles on peut répondre par 'oui' ou par 'non', par exemple, C'est vrai?, ou Iras-tu loin pour chercher les tomates?).

On les appelle aussi les questions polaires, ou comme ces questions portent l'interrogation sur toute la phrase, on les appelle aussi les 'questions totales'.


Morphologie

En breton, les questions oui/non sont formées en imposant sur la phrase une intonation montante (1) ou en plaçant devant le verbe fléchi une particule hag, hag-en, daoust hag-en (2, 3). Ces morphèmes ou l'intonation montante réalisent une particule interrogative glosée 'Q' sur ce site.


(1) Ar vro a zo kaer ive?
le pays R est beau aussi
'L'intérieur est beau aussi?' Leon (Kleder), Seite (1998:58)


(2) Ha klevet hoc'h eus a-wechoù [ PRO displegañ an taolennoù e misionoù hor bro]?
Q entendu 2PL ai parfois expliquer le tableaux en missions notre pays
'Avez-vous parfois entendu expliquer les tableaux dans les missions de notre pays?'
standard, Kervella (1933:39)


(3) daoust hag alïes [...] n'hon deus-ni ket e zouget war hent an ifern?
Q souvent ne 1PL a-1PL pas 3SGM porté sur route le enfer
'Ne l'avons-nous pas souvent porté sur la route de l'enfer?' Leon, Perrot (1912:842)


L'interrogatif ha(g) (eñ) existe aussi en enchâssées. Il correspond alors au français 'si'.

En français, les questions oui/non sont réalisées différemment suivant que la proposition est une matrice (est-ce que P) ou une enchâssée (Je me demande si P). En breton, la distinction matrice/enchâssée n'est pas différenciée morphologiquement sur la particule ha(g). Cependant, l'intonation montante ne peut réaliser une tête de question oui/non qu'en matrice.


variation dialectale

  • ha(g):

Wmffre (1998:44) signale que le complémenteur ha du breton standard a disparu en breton central, où le marquage interrogatif résulte soit d'une intonation particulière, soit de la particule interrogative daoust hag eñ. L'interrogatif ha(g) (eñ) y existe en enchâssées.

(1) ag'ɛ~w breton central, (Wmffre 1998:56)


Gros (1970:25) note exactement les mêmes faits en trégorrois.



(2) Daoust hag afer den eo an dra-se?
Q affaire quelqu'un est le chose- standard, Dico An Here (2001:§'den')
'Est-ce que ça regarde quelqu'un?'


  • Daoust hag eñ (da-c'houzout-hag-eñ/'Est-ce que...') est relevé en Basse Cornouaille dans Menard (1995):

Cette forme est exogène à Quimperlé.


(3) Daoust hag eñ e ranke ar re yaouank gwechall chom da veskañ ar ribot hep ober amann?
Q R devait le ceux jeune autrefois rester à battre le ribot sans faire beurre
(litt.) 'Est-ce que les jeunes autrefois devaient battre la baratte sans faire de beurre?'
'Est-ce que les jeunes autrefois devaient frotter sans conclure?', basse cornouaille, Menard (1995:18)


  • eskø, emprunt manifeste au français, est relevé en bas-vannetais.


(3) [eskø so ta:w ʁe be:w ]
est-ce que y.a toujours ceux vivant
‘Est-ce qu'il y (en) a encore des vivants?’ Bas-vannetais, Cheveau (2007:213)


  • c'hwistim' est utilisé en Petit Trégor et en Goelo (Koadig 2010:101).

Son étymologie est transparente: c'hwi 'estim, /2PL estimez/, 'vous pensez (que...)'


(4) C'hwistim (hag / hag ñ) ec'h i da Bariz?
Q C R iras à1 Pariz
'Est-ce que tu iras à Pariz?' Goelo, Koadig (2010:101)

Réponses à une question oui/non

En français, répondre à une "question oui / non" par l'affirmative implique de prendre en compte si cette question est négative ou positive (oui vs. si).


En breton, cette prise en compte s'étend aux réponses négatives, où le verbe fléchi est répété.


(2) Plijout a ra dit? - (Në) ra kët!
plaire R fait à.2SG - ne fait pas
'Tu ne veux pas de pain? - Si!.' Goelo, Koadig (2010:42)


Pour en savoir plus, se reporter à la fiche sur les réponses aux questions.

Sémantique

Certains adverbes ont besoin du contexte de l'interrogation pour être autorisés dans la phrase. Par exemple, biskoazh en (3) est autorisé par la présence de ha qui marque l'interrogation. La phrase déclarative correspondante serait agrammaticale ou interprétée comme négative (*klevet ac'h eus en deus biskoazh bet aon.)


(4) Ha klevet ec'h eus en defe biskoazh bet aon?
Q entendu R.2SG a R.3SGM aurait jamais eu peur
'As-tu jamais (la moindre fois) entendu qu'il aurait eu peur?' standard, An Here (2001:§'biskoazh')

Distribution

Les particules Q des questions oui/non peuvent apparaître précédées d'un topique suspendu (5).


(5) Tostennoù Kistinid ha glannoù ar Blaouezh ha bout am bo ar joa d'ho kwelet c'hoazh ur wezh?
buttes Kistinid et rives le Blaouezh Q être R.1SG aurai le joie de vous voir encore le fois
'Buttes de Kistinid et rives du blaouezh (Blavet), est-ce que j'aurai encore une fois la joie de vous voir?'
vannetais, Herrieu (1994:215)


Elles peuvent ne pas être l'élément qui satisfait à l'ordre à verbe second: en (5) l'explétif bez' suit la particule interrogative ha, en (6) c'est l'explétif bet.


(6) Ha bet oc'h bet ec'h ober un droig...?
Q expl êtes été à faire un tour.DIM
'Es-tu allé faire un petit tour...?' vannetais, Ar Meliner (2009:178)

Stylistique

Dans les questions polaires où le locuteur attend une réponse positive, l'usage de la négation est préféré (Bouzeg 1986:37).


(1) 'Ma ket distanet al laezh ?
est pas refroidi le lait
'Le lait est-il refroidi?' Haut-cornouaillais (Rieg), Bouzeg (1986:37)


(2) 'Peus ket anavezet Soaz ?
3.a pas connu Soaz
'Avez-vous connu Soaz?' Haut-cornouaillais (Rieg), Bouzeg (1986:37)