Différences entre les versions de « Interrogatives polaires »
Ligne 74 : | Ligne 74 : | ||
| || colspan="4" | (litt.) 'Est-ce que les jeunes autrefois devaient battre la baratte sans faire de beurre?' | | || colspan="4" | (litt.) 'Est-ce que les jeunes autrefois devaient battre la baratte sans faire de beurre?' | ||
|- | |- | ||
| || colspan="4" | 'Est-ce que les jeunes autrefois devaient frotter sans conclure?', ''basse cornouaille'', [Menard (1995)|Menard (1995:]]18) | | || colspan="4" | 'Est-ce que les jeunes autrefois devaient frotter sans conclure?', ''basse cornouaille'', [[Menard (1995)|Menard (1995:]]18) | ||
|} | |} | ||
Ligne 87 : | Ligne 87 : | ||
| ||colspan="4" |‘Est-ce qu'il y a encore des vivants?’ ||||''Bas-vannetais'', [[Cheveau (2007)|Cheveau (2007]]:213) | | ||colspan="4" |‘Est-ce qu'il y a encore des vivants?’ ||||''Bas-vannetais'', [[Cheveau (2007)|Cheveau (2007]]:213) | ||
|} | |} | ||
== réponses à une question oui/non == | == réponses à une question oui/non == |
Version du 12 mars 2011 à 19:50
Les "questions oui/non", sont celles auxquelles on peut répondre par 'oui' ou par 'non', par exemple, C'est vrai?, ou Iras-tu loin pour chercher les tomates?).
On les appelle aussi les questions polaires, ou comme ces questions portent l'interrogation sur toute la phrase, on les appelle aussi les 'questions totales'.
Morphologie
En breton, les questions oui/non sont formées en imposant sur la phrase une intonation montante (1) ou en plaçant devant le verbe fléchi une particule hag, hag-en, daoust hag-en (2, 3). Ces morphèmes ou l'intonation montante réalisent une particule interrogative glosée 'Q' sur ce site.
(1) | Ar vro | a zo kaer | ive? | ||||||
DET pays | R est beau | aussi | |||||||
'L'intérieur est beau aussi?' | Leon (Kleder), Seite (1998:58) |
(2) | Ha klevet | hoc'h eus | a-wechoù [ PRO | displegañ an taolennoù | e misionoù | hor bro]? |
Q entendu | 2PL ai | parfois | expliquer DET tableaux | P missions | POSS.2PL pays | |
'Avez-vous parfois entendu expliquer les tableaux dans les missions de notre pays?' | ||||||
standard, Kervella (1933:39) |
(3) | daoust hag | alïes [...] | n'hon deus-ni | ket | e | zouget | war hent an ifern? | |||
Q | souvent | NEG 1PL a-1PL | NEG | POSS.3SGM | porté | sur route DET enfer | ||||
'Ne l'avons-nous pas souvent porté sur la route de l'enfer?' | Leon, Perrot (1912:842) |
L'interrogatif ha(g) (eñ) existe aussi en enchâssées. Il correspond alors au français 'si'.
variation dialectale
ha(g): Wmffre (1998:44) signale que le complémenteur ha du breton standard a disparu en breton central, où le marquage interrogatif résulte soit d'une intonation particulière, soit de la particule interrogative daoust hag eñ. L'interrogatif ha(g) (eñ) y existe en enchâssées.
(1) | ag'ɛ~w | breton central, (Wmffre 1998:56) |
Daoust ha(g) est relevé en Léon, en Cornouaille (Skragn 2002), en breton central (Wmffre 1998:44) et en breton standard (Kervella 1993, An Here 2001...).
(2) | Daoust hag | afer | den | eo | an dra-se? | |||||||
Q | affaire | quelqu'un | est | DET chose-là | standard, Dico An Here (2001:§'den') | |||||||
'Est-ce que ça regarde quelqu'un?' |
Daoust hag eñ (da-c'houzout-hag-eñ/'Est-ce que...') est relevé en Basse Cornouaille dans Menard (1995):
Cette forme est exogène à Quimperlé.
(3) | Daoust hag eñ | e ranke ar re yaouank gwechall | chom da veskañ ar ribot | hep ober amann? |
Q | R devait DET ceux jeune autrefois | rester P battre DET ribot | sans faire beurre | |
(litt.) 'Est-ce que les jeunes autrefois devaient battre la baratte sans faire de beurre?' | ||||
'Est-ce que les jeunes autrefois devaient frotter sans conclure?', basse cornouaille, Menard (1995:18) |
eskø, emprunt au français, est relevé en bas-vannetais.
(3) | [eskø | so | ta:w | ʁe | be:w ] | |
Q | est | toujours | N.PL | vivant | ||
‘Est-ce qu'il y a encore des vivants?’ | Bas-vannetais, Cheveau (2007:213) |
réponses à une question oui/non
En français, répondre à une "question oui / non" par l'affirmative implique de prendre en compte si cette question est négative ou positive (oui vs. si). En breton, cette prise en compte s'étend aux réponses négatives.
- voir Fave (1998:134;br)
Sémantique
Certains adverbes ont besoin du contexte de l'interrogation pour être "autorisés" dans la phrase. Par exemple, biskoazh en (3) est autorisé par la présence de ha qui marque l'interrogation. La phrase déclarative correspondante serait agrammaticale ou interprétée comme négative (*klevet ac'h eus en deus biskoazh bet aon.)
(4) | Ha klevet | ec'h eus | en defe | biskoazh | bet aon? | |||||
Q entendu | R.2SG a | R.3SGM aurait | jamais | eu peur | ||||||
'As-tu jamais (la moindre fois) entendu qu'il aurait eu peur?' | standard, | An Here (2001:§'biskoazh') |
Distribution
Les particules Q des questions oui/non peuvent apparaître précédées d'un topique suspendu (5).
(5) | Tostennoù Kistinid ha glannoù ar Blaouezh | ha bout | am bo | ar joa d'ho kwelet c'hoazh ur wezh? |
buttes Kistinid & rives det Blaouezh | Q être | R.1SG aurai | DET joie P 2PL voir encore DET fois | |
'Buttes de Kistinid et rives du blaouezh (Blavet), est-ce que j'aurai encore une fois la joie de vous voir?' | ||||
vannetais, Herrieu (1994:215) |
Elles peuvent ne pas être l'élément qui satisfait à l'ordre à verbe second: en (5) l'explétif bez' suit la particule interrogative ha, en (6) c'est l'explétif bet.
(6) | Ha | bet oc'h | bet ec'h | ober un droig...? | ||
Q | expl êtes.2PL | été P | faire un tour.DIM | |||
'Es-tu allé faire un petit tour...?' | vannetais, Ar Meliner (2009:178) |