Différences entre les versions de « Les pronoms écho »

De Arbres
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Les pronoms échoiques sont parfois confondus, parfois contrastés avec le pronom objet postverbal après le verbe ‘avoir’.  
Les pronoms échoiques sont parfois confondus, parfois contrastés avec le pronom objet postverbal après le verbe ‘avoir’.  


En vannetais tout du moins, les pronoms échoiques et les pronoms objet après le verbe ‘avoir’ doivent être contrastés. Ci-dessous, ils co-occurrent, le pronom objet apparaissant plus proche du cœur du complexe que le pronom échoique sujet.
En vannetais tout du moins, les pronoms échoiques et les pronoms objet après le verbe ‘avoir’ doivent être distingués: ci-dessous, ils co-occurrent, le pronom objet apparaissant plus proche du cœur du complexe que le pronom échoique sujet.




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Ils n'ont pas non plus les mêmes prorpiétés.  
Ils n'ont pas non plus les mêmes propriétés.  


Les objets postverbaux au cas direct qui apparaissent après 'avoir' sont restreints à la troisième personne (cf. Rezac 2004).  
Les objets postverbaux au [[cas direct]] qui apparaissent après 'avoir' sont restreints à la troisième personne (cf. Rezac 2004).  
les pronoms échoiques ne le sont pas.
les pronoms échoiques ne le sont pas.



Version du 4 juillet 2008 à 18:21

Les pronoms échoiques

Les pronoms échoiques ont un paradigme partiellement distinct des pronoms sujets forts, et d'autres types de pronoms. Leur variation n’est cependant pas documentée de manière consistante (voir Favereau 1997 :§247 pour quelques pistes).

Une étude descriptive et une analyse solide de ces pronoms reste à faire.

Effet sémantique

Les pronoms dits ‘échoiques’ sont utilisés pour un effet d'emphase, dit de 'focus' ( br. lavarenn greizennus pe ang. focus in linguistics).

Il existe deux alternatives pour focaliser un élément en breton (obtenir un effet d'emphase): soit on antépose l'élément devant le verbe, soit on double l'élément focalisé en utilisant un pronom échoique.

Lorsque deux éléments doivent être focalisés dans une même phrase, l'une ET l'autre alternative doivent être utilisés (comme en (1)), car aucune des deux alternative ne peut être utilisée deux fois dans la même phrase.

Distribution

Les pronoms échoiques doublent typiquement une forme pronominale incorporée dans un verbe (1), un pronom possessif (2) ou l’objet d’une préposition (3).


(1) Levrioù a lennit-hu
livres prt lisez.2PL-2PL
'VOUS, vous lisez DES LIVRES.'
(2) ho ti-hu
poss.2.PL maison-2PL
'votre maison à VOUS'
(3) ganeoc'h-hu
avec.2PL-2PL
'avec VOUS'


Les pronoms échoiques peuvent doubler un syntagme nominal sujet (1), ou plus intéressant encore, qui n’est pas thématiquement le sujet (4).


(4) C'hwi 'zo -hu brav ho ti.
Vous Prt est -2PL belle votre maison
'VOUS, votre maison est belle.'


Visibilité syntaxique

L'accord verbal ne voit pas les pronoms échoiques.

(5). * Levrioù a lenn-hu
livres prt lisez.2PL-2PL
'VOUS, vous lisez des livres.'

Ils n'ont pas non plus besoin d'être autorisés casuellement par une tête fonctionnelle. Leurs paradigmes ressemblent plus aux pronoms aux cas direct qu'au cas oblique.

Site d'apparition mouvant

Les pronoms échoiques peuvent flotter plus bas que le verbe tensé, par exemple sous la négation (cf. Stump 1989b:435, discutant les données de Borsley et Stephens 1989).


(6) Ne lennit (-hu) ket (-hu).
NEG lisez -2PL NEG -2PL
'Vous ne lisez pas.'

Accentuation

La question de l'accentuation des échoiques, et donc de leur statut plus ou moins affixal, reste ouverte. Trépos (2001 [1968] :124) pose que les pronoms échoiques bretons sont non-accentués.


Il contraste par exemple les formes post-verbales pré-négation et post-négation ci-dessus en considérant que la forme post-négation est forcément accentuée (donc plutôt une forme de dislocation à droite).

Cependant, Trépos (2001 [1968]:125) note aussi que la forme de troisième personne est accentuée dans ... a lavar-eñ. (/rannig dit-il/, '...dit-il...'), ce qui semble contredire sa propre généralisation.

A ne pas confondre avec :

Objet postverbal après le verbe ‘avoir’

Les pronoms échoiques sont parfois confondus, parfois contrastés avec le pronom objet postverbal après le verbe ‘avoir’.

En vannetais tout du moins, les pronoms échoiques et les pronoms objet après le verbe ‘avoir’ doivent être distingués: ci-dessous, ils co-occurrent, le pronom objet apparaissant plus proche du cœur du complexe que le pronom échoique sujet.


Loeiz Herrieu (Kammdro an ankou p. 54)

(7) Ret eo bout graet ar vicher -se e-pad pevar blez bennak èl m' emj-eus -hi -me great evit kompren pegen divourrus eo
Forcé est être fait le métier -là pendant quatre ans quelconque comme que [j'ai] -3SG.F-1SG fait pour comprendre combien déplaisant est
'Il faut avoir fait ce métier pendant quatre ans comme je l’ai fait (moi) pour comprendre combien c’est déplaisant.'


Ils n'ont pas non plus les mêmes propriétés.

Les objets postverbaux au cas direct qui apparaissent après 'avoir' sont restreints à la troisième personne (cf. Rezac 2004). les pronoms échoiques ne le sont pas.

Il ne me semble pas que les objets directs après 'avoir' soient porteurs d'un effet d'emphase (à vérifier).


Ternes (1970, cité en Favereau 1997 :§247)

(10) Torret feus -hañ.
cassé as -3SG.M
'Tu l'as cassé.'

L'objet postverbal d'un impératif

Les objets postverbaux d'un impératif forment un paradigme pronominal distinct des pronoms échoiques. Ces objet d'un impératif sont en distribution complémentaire avec un objet intégré dans une préposition comme anezhañ.

Cependant, Favereau (1997 :§247) note qu'en Pélem, le pronom objet d’un impératif est obligatoirement sous cette forme directement postverbale (en opposition à une forme intégrée à une préposition).


Pélem

(7) Lennit -hañ
lisez -le
'Lisez-le.'

L'objet postverbal d'un infinitif

Favereau (1997 :§247) note qu'un pronom directement postverbal se trouve à Groix après un infinitif. Il cite:


Groix

() gorteiñ -he
attendre -eux
'Les attendre.'

Variation dialectale

Asymétrie 1/2 personne pour l'objet préverbal en trégorrois

Hewitt (2001) signale qu’en breton du Trégor, l’emphase sur un objet initial est obtenu avec un pronom échoique pour les deux premières personnes.

En contraste, l’emphase (contrastive dans son exemple) sur un objet préposé de troisième personne requiert l’usage d’un pronom démonstratif.

(8) Anout-te meus gweled.
P-2SG.2SG [j’ai] vu
'Je t’ai vu, toi.'
(9) Heñv meus gweled, pas hiņt.
dem.2SGM [j’ai] vu pas eux
'C’est lui que j’ai vu, pas eux.'

Ces faits du trégorrois sont d’autant plus surprenants qu’en vannetais, un pronom objet n’est pas censé apparaître dans une préposition en position préverbale de focus (Schapansky 1996:112).

McKenna (1978): Me hi helia ahanein

(10) Me hi helia ahanein Guéméné-sur-scorff, McKenna (1978)
mon chien suit P-1SG
'Mon chien me suit.'

Enjeux théoriques

L'enjeu commence au niveau descriptif car nous avons une image très floue de la distribution des échoiques, qui sont la plupart du temps confondus avec les pronoms postverbaux de l'impératif ou les objets du verbe 'avoir'.

Sémantiquement, le contraste reste à saisir entre l’effet ‘d’insistance’ produit par les différents pronoms exemplifiés ci-dessus (pronoms échoiques sujets, objets de ‘avoir’ ou d’un verbe à l’impératif) et les phénomènes de résomption du sujet où, à la troisième personne et avec une négation, un pronom d’insistance apparaît en fin de phrase, incorporé dans une préposition sémantiquement vide.

Cette tournure est connue comme un signe prototypique du Sud Finisterre (Trepos 2001 [1968], Blanchard 2004 :26). La phrase ci-dessous est tirée de Trepos (2001 [1968] :125).


(11) Ne wel netra anez-i
NEG voit rien P-3SG.F
'Elle ne voit rien.'


Horizons comparatifs

La documentation des paradigmes pronominaux est aussi un enjeux théorique important dans une perspective comparative, surtout avec les autres dialectes brittoniques (gallois, cornouaillais).

La littérature galloise distingue des ‘pronoms auxiliaires’ qui correspondent partiellement aux pronoms échoiques du breton. La comparaison est fructueuse pour deux raisons (voir Jouitteau et Rezac 2006) :

(i) le système pronominal gallois a été l’objet d’analyses fines (Rouveret 1991, Koopman 1999, Sichel 2001 entre autres)

et (ii) ces analyses contrastent aisément les deux systèmes en apportant des questions nouvelles.

Les pronoms doublés du gallois ne sont pas des formes faibles mais des pronoms indépendants. Rouveret (1991), Koopman (1999), et Sichel (2001) proposent que le pronom incorporé et son double échoique proviennent d’un même syntagme nominal, à la façon du doublage clitique dans le domaine roman.

Ceci prédit correctement pour le gallois que lorsque le pronom n’est pas incorporé, les deux formes peuvent apparaître in situ, et que le pronom échoique peut apparaître dans des positions de syntagmes nominaux pleins. Ces deux prédictions seraient fausses pour le breton. La position pré-négation n’est par exemple pas accessible pour un pronom echoique.

Bibliographie

Analyses théoriques

  • Borsley, R. D. & J. Stephens. 1989. ‘Agreement and the position of subjects in Breton.’, Natural Language and Linguistic Theory 7, 407-427.
  • Koopman, H. 1999. The internal and external distribution of pronominal DPs, Beyond Principle and Parameters, Kyle Johnson and Ian Roberts (eds.), Dordrecht, Kluwer.
  • Rezac , M. 2004. ‘The EPP in Breton: An unvalued categorial feature’, Triggers, Studies in Generative Grammar, A. Breitbarth & H. v. Riemsdijk, Mouton de Gruyter.
  • Rouveret, Alain. 1991. Functional categories and Agreement. The Linguistic Review 8:. 353-387.
  • Stump, G. T. 1989. Further remarks on Breton agreement: A reply to Borsley and Stephens, Natural Language and Linguistic Theory, 7:429-71.
  • Sichel, I. 2001. Studies in the syntax or pronouns and features, with particular reference to Hebrew. PhD. ms. City University of New York.

Descriptions de la variation dialectale

  • Blanchard, N. 2004. ‘L’utilisation pédagogique des textes du concours ‘Ar Falz’’ La Bretagne Linguistique 13, numéro spécial Dialectologie et Géolinguistique, CRBC : UBO, Brest, 13-30.
  • Favereau, F. 1997. Grammaire du breton contemporain. Morlaix: Skol Vreizh.
  • McKenna, M. 1978. The Breton of Guémené-sur-Scorff, Bas Vannetais, Part II: A Morphology of the verb. ZCP 35, 199-247; ZCP 37, 249-277.
  • Ternes, E. 1970. Grammaire structurale du breton de l’Ile de Groix, Carl Winter, Heidelberg.
  • Trépos, P. 2001 [1968, 1980, 1996], Grammaire bretonne, 1968 edition Simon, Rennes.- 1980 edition Ouest France, Rennes; 1996, 2001 edition Brud Nevez, Brest.