Les articles

De Arbres

morphologie

Les articles ne marquent morphologiquement que la [+/-] définitude du nom qui les suit.

Ils ne portent jamais eux-même morphologiquement de marque de genre, ni de nombre. Par contre, leurs spécifications abstraites de genre et de nombre sont décelables dans le type de mutation consonnatique qu'ils peuvent provoquer sur le nom qui les suit.

accentuation

L'article indéfini est souvent traité comme la première syllabe du DP pour le système accentuel (Hemon 1995:§281)..

 Gros (1984:178):
 
 En Trégor, eun, eur, eul ne forme qu'un seul mot avec le nom qui le suit et, 
 lorsque ce dernier n'a qu'une syllabe, l'accent tonique tombe sur l'article indéfini.
 eun ti, accentué: eun ti; 'une maison'
 eur harr, accentué: eur harr; 'une charette'
 Cet accent tonique est encore plus fort lorsque l'article indéfini est employé emphatiquement,
 avec un sens exclamatif, comme il l'est fréquemment en trégorrois parlé.
 Hennezh zo eur gwaz, me lavar dit!; 'C'en est un homme fort, celui-là, je t'assure!
 [...]
 Avec les substantifs de plusieurs syllabes, c'est le substantif qui porte l'accent tonique.


On observe une variation dialectale dans cette accentuation. Tout d'abord, dans les dialectes comme le vannetais où l'accentuation n'est pas sur l'antépénultième mais en fin de groupe, on ne peut pas voir si l'article indéfini est ou non considéré comme faisant partie du groupe pour l'accent.

Dans la carte 202 de l'ALBB, on voit que l'accentuation de l'article devant le monosyllabique had/gad, 'lièvre' est très répandue hors de l'aire vannetaise, mais cependant pas systématique.

ellipse

L'article n'apparait jamais lorsque le nom a un dépendant possesseur direct (état construit)

doublage

L'article défini est parfois doublé devant un adjectif superlatif. Il est possible qu'il s'agisse, dans les cas de doublement de l'article, d'une substantivisation de l'adjectif superlatif qui est ensuite placé en apposition du nom (cf. la maison, la plus grande du bourg).

Le trégorrois Leclerc (1986:130) signale et désapprouve cette forme de redoublement ("on dit moins bien en répétant").


(4) an ti (ar) brasañ er vourc'h
DET maison DET grande.plus dans.DET bourg
'la maison la plus vieille du bourg' bas-vannetais, Nicolas (2005:22).


(5) an hini1 (ar) goshañ
DET N DET vieux
'la plus vieille' bas-vannetais, Nicolas (2005:22).


Ces redoublements existent en français (la maison la plus vieille), et sont comme en breton restreints aux superlatifs.

En contraste, des doublements du déterminant devant tout adjectif sont aussi documentés en hébreu, en arabe (Ouhalla 2009) ou en grec moderne.

terminologie

L'article défini est désigné par le terme breton ger mell strizh (SADED 2010), ou ger-mell strizh (Chalm 2008).

L'article indéfini est désigné par le terme breton ger mell amstrizh (SADED 2010), , ou ger-mell amstrizh (Chalm 2008)


Bibliographie

  • Ouhalla, J. 2009. 'Variation and Change in Possessive noun Phrases: The Evolution of the Analytic Type and Loss of the Synthetic Type', In Brill’s Annual of Afroasiatic Languages and Linguistics 1, 311–337. texte