Différences entre les versions de « Les articles »

De Arbres
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== distribution ==
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=== complément direct du nom ===


L'article n'apparait jamais lorsque le nom a un dépendant possesseur direct ([[l'etat construit|état construit]]).
L'article n'apparait jamais lorsque le nom a un dépendant possesseur direct ([[l'etat construit|état construit]]).
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[[Hingant (1868)|Hingant (1868]]:132) note que les relatives restrictives complément du nom ne provoquent pas la disparition de l'article:
=== modification ===
 
Les [[DP]]s [[Les Démonstratifs|démonstratifs]] sont analytiques en breton et débutent par un article défini, sauf lorsque suivis d'un complément direct du nom (Jouitteau 2010).
 
: ''an dour-se''
: 'cette eau'
 
: ''ø  dour-mañ  lous  ar gêr''
:  DET eau-ci    sale  la ville
:  'l'eau sale de la ville'
 
 
[[Hingant (1868)|Hingant (1868]]:132) note que les relatives restrictives complément du nom ne provoquent pas la disparition de l'article. La présence d'un adjectif modificateur n'a pas non plus d'impact.


: ''ann tog plouz hoc'h euz gret d'in'' (*''ø tog plouz hoc'h euz gret d'in'')
: ''ann tog plouz hoc'h euz gret d'in'' (*''ø tog plouz hoc'h euz gret d'in'')

Version du 24 septembre 2010 à 11:06

morphologie

Les articles ne marquent morphologiquement que la [+/-] définitude du nom qui les suit.

Ils ne portent jamais eux-même morphologiquement de marque de genre, ni de nombre. Par contre, leurs spécifications abstraites de genre et de nombre sont décelables dans le type de mutation consonantique qu'ils peuvent provoquer sur le nom qui les suit.

accentuation

L'article indéfini est souvent traité comme la première syllabe du DP pour le système accentuel (Hemon 1995:§281). L'article défini n'est donc généralement pas accentué (Hemon 1995:§282).


 Gros (1984:178):
 
 En Trégor, eun, eur, eul ne forme qu'un seul mot avec le nom qui le suit et, 
 lorsque ce dernier n'a qu'une syllabe, l'accent tonique tombe sur l'article indéfini.
 
 eun ti, accentué: eun ti; 'une maison'
 eur harr, accentué: eur harr; 'une charrette'
 
 Cet accent tonique est encore plus fort lorsque l'article indéfini est employé 
 emphatiquement, avec un sens exclamatif, comme il l'est fréquemment en trégorrois parlé.
 
 Hennezh zo eur gwaz, me lavar dit!; 'C'en est un homme fort, celui-là, je t'assure!
 [...]
 
 Avec les substantifs de plusieurs syllabes, c'est le substantif qui porte l'accent tonique.


On observe une variation dialectale dans cette accentuation. Tout d'abord, dans les dialectes comme le vannetais où l'accentuation n'est pas sur l'antépénultième mais en fin de groupe, on ne peut pas voir si l'article indéfini est ou non considéré comme faisant partie du groupe pour l'accent.

Dans la carte 202 de l'ALBB, on voit que l'accentuation de l'article devant le monosyllabique had/gad, 'lièvre' est très répandue hors de l'aire vannetaise, mais cependant pas systématique.

distribution

complément direct du nom

L'article n'apparait jamais lorsque le nom a un dépendant possesseur direct (état construit).

ø penn ma biz (*ar penn ma biz)
'l'extrémité de mon doigt'
ø moger al liorz (*ar voger al liorz)
'le mur du jardin'
ø tog Iann (*ann tog Iann)
'le chapeau de Iann'


modification

Les DPs démonstratifs sont analytiques en breton et débutent par un article défini, sauf lorsque suivis d'un complément direct du nom (Jouitteau 2010).

an dour-se
'cette eau'
ø dour-mañ lous ar gêr
DET eau-ci sale la ville
'l'eau sale de la ville'


Hingant (1868:132) note que les relatives restrictives complément du nom ne provoquent pas la disparition de l'article. La présence d'un adjectif modificateur n'a pas non plus d'impact.

ann tog plouz hoc'h euz gret d'in (*ø tog plouz hoc'h euz gret d'in)

redoublement

L'article défini est parfois doublé devant un adjectif superlatif. Il est possible qu'il s'agisse, dans les cas de doublement de l'article, d'une substantivisation de l'adjectif superlatif qui est ensuite placé en apposition du nom (cf. la maison, la plus grande du bourg).

Le trégorrois Leclerc (1986:130) signale et désapprouve cette forme de redoublement ("on dit moins bien en répétant").


(4) an ti (ar) brasañ er vourc'h
DET maison DET grande.plus dans.DET bourg
'la maison la plus vieille du bourg' bas-vannetais, Nicolas (2005:22).


(5) an hini1 (ar) goshañ
DET N DET vieux
'la plus vieille' bas-vannetais, Nicolas (2005:22).


Ces redoublements existent en français (la maison la plus vieille), et sont comme en breton restreints aux superlatifs.

En contraste, des doublements du déterminant devant tout adjectif sont aussi documentés en hébreu, en arabe (Ouhalla 2009) ou en grec moderne.

terminologie

L'article défini est désigné par le terme breton ger mell strizh (SADED 2010), ou ger-mell strizh (Chalm 2008).

L'article indéfini est désigné par le terme breton ger mell amstrizh (SADED 2010), , ou ger-mell amstrizh (Chalm 2008)


Bibliographie

  • Ouhalla, J. 2009. 'Variation and Change in Possessive noun Phrases: The Evolution of the Analytic Type and Loss of the Synthetic Type', In Brill’s Annual of Afroasiatic Languages and Linguistics 1, 311–337. texte