Différences entre les versions de « Le passé simple »
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Version du 1 janvier 2012 à 15:52
(1) | Kement a vall | a oa warnañ | da vont kuit | ma lezas | e holl zanvez | war e lec'h. |
autant P hâte | R était sur.3SGM | de1 aller ptc | C laissa | son tout affaire | sur son suite | |
'Il était tellement pressé de partir qu'il a laissé toutes ses affaires.' | ||||||
Kerne (Pleyben), ar Gow (1999:31) |
Sémantique et emploi
Les paradigmes du passé simple sont en train de disparaitre ou ont disparu de la langue orale.
Bottineau (2010:116):
"Le passé simple, s’utilise dans les textes littéraires écrits dans des contextes narratifs pour des évènements singuliers, visualisés perfectivement, enchaînés séquentiellement, et disjoints de la diégèse interlocutive [...]"
Le français peut utiliser un passé composé, un imparfait ou un présent de narration comme en (1). Ces choix sont inattestés en breton (Bottineau 2010:117).
(1) | E 1986 | e (tarzhas / *tarzhe) | un dazloc’her | e kreizenn nukleel Tchernobyl | en Ukrania. | |
P 1986 | R explosa / explosait | un réacteur | dans centre nucléaire Tchernobyl | en Ukraine | ||
'En 1986 explosait un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine..' | ||||||
Bottineau (2010:117) |
Le passé simple en breton supporte qu'une action perfective soit répétée sur un temps long.
(1) | Lojañ-dilojañ | a reas | ar familh, | ken na reas. | ||
loger-di.loger | R fit.3SG | le famille | autant ne fit.3SG | |||
'La famille déménagea tant et tant (sans fin).' | standard, Denez (1993:33) |
Passé simple vs. passé composé
Le passé simple breton est attaché au style écrit, et le passé composé au style oral. Bottineau (2010) analyse cette différence en terme de prise en compte/effacement des marques de subjectivité du locuteur.
Bottineau (2010:118): En breton comme en français, le passé simple repère un évènement saillant relativement à son environnement passé pris pour fond, alors que le passé composé repère un évènement saillant relativement à l’expérience présente du dialogue : le premier fait abstraction de l’expérience du dire (ce qui s’accomode bien de l’écrit et de l’absence du récepteur ciblé) alors que le second la met en valeur, d’où son affinité avec l’oral dialogal et l’intersubjectivité immédiate.
Une hypothèse alternative à considérer est que la langue bretonne évolue, comme le français parlé, vers une perte massive du passé simple. Cette hypothèse prédit logiquement que le passé simple n'apparait quasiment plus que dans les contextes de l'écrit, et que, dans les contextes oraux, il est supplanté par un autre temps (le passé composé).
La différence des nuances de subjectivité notées par Bottineau (2010) entre le passé simple et le passé composé découlerait alors de cette évolution: le domaine de la parole objectivée, puisqu'associée à l'écrit, le serait donc au passé simple, et le domaine d'expression assumant une "présence" plus forte du locuteur serait associée au domaine de l'oral, et par association au passé composé.
Variations dialectales
Gros (1970:27) note que le passé simple est de plus en plus abandonné, perdant du terrain au plus-que-parfait. Gros trouve encore en 1970 des formes de passé simple à la troisième personne du singulier (-as).
Le Coadic (2010:31,33,38,40) signale de façon répétée que le paradigme du passé simple n'est pas présent en Goelo.
Terminologie
En breton, le passé simple est appelé amzer-dremenet strizh.
Bibliographie
Bottineau, D. 2010. 'Les temps du verbe breton : temps, aspect, modalité, interlocution, cognition, Des faits empiriques aux orientations théoriques', Catherine Douay (dir.), Système et chronologie, Presses Universitaires de Rennes, 110-129.