Kig

De Arbres

Le nom kig dénote la 'viande', la 'chair'.


(1) Ar pesked zo deuet da veza ken ker hag ar hig.
le poisson.s R est ven.u pour1 être aussi cher que le 5viande
'Le poisson est maintenant aussi cher que la viande.'
Cornouaillais (Plozévet), Goyat (2012:196)


Morphologie

variation et répartition dialectale

La carte 386 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de (de la) viande. Le nom kig, sous ses différentes formes, est le seul nom récolté sur tout le territoire parlant.

Pour le haut-vannetais du XXIe, Delanoy (2010) donne kig, keg m., 'viande'.


mots composés

(2) Alies e vez graet hemañ gant kig yar...
souvent R est fa.it celui-ci avec viande poulet
'On le fait souvent avec du poulet… '
Cornouaillais/bordure Léon (Dirinon), Kervella (1985:120)


(3) Un tamm kig moc'h, lakeat en dour un tachad da zizallañ.
un morceau viande cochons m.is en.le eau un moment à1 .saler
'Un morceau de lard, qu'on avait mis un moment dans l'eau à dessaler.'
Léonard (Plougerneau), Elégoët (1982:14)

Sémantique

'la chair'

Le nom kig dénote par le même mot, comme en français, la chair mangeable et la chair désirante.


(4) Ar breur Arturo a oa an tan en e gig, en e wad, en e benn.
le frère Arturo R était le feu en son1 chair en son1 sang en son1 tête
'Le frère Arturo avait le feu dans la chair, dans le sang, dans la tête.'
Standard, Drezen (1990:45)


'viande fraiche'

Un contexte peut permettre de dénoter de la 'viande' sans utiliser le nom kig. Favereau (1997:§147) traduit freskachoù par 'viande fraîche'.

Diachronie et horizons comparatifs

Matasović (2009) propose une racine proto-celtique en * kīkā 'sein, poitrine', à morphologie expressive. Il obtient, dans la branche goïdélique, le viel irlandais cích [ā f] 'sein, poitrine'. Dans la branche brittonique, le gallois a cig n.m. 'viande', le vieux cornique a cic glosant le latin caro, ainsi que chic, kyk, et enfin le vieux breton a cic-guan glosant le latin fuscina, puis le moyen breton quic, et le breton moderne kig, n.m. Matasović (2009) cite aussi le nom propre gaulois Cic-ollus.

Delanoy (2010) donne comme vieux breton chic glosant le latin caro et le vieil irlandais cích, cíg 'têton, sein'.

Delanoy (2010) mentionne une comparaison avec le grec κῖκυς 'force' pour la rejetter comme non-convaincante.


Delanoy (2010:&13, 'kig') considère comme un emprunt au haut-vannetais le gallo ché, cechenn, chéchenn 'viande'. Selon lui, la forme gallèse "ne peut provenir que de /tʃətʃ/, forme méridionale". Cependant, il existe aussi plus au sud une forme gallaise empruntée au breton sans la palatalisation: en gallo du pays nantais à Guémené-Penfao, Châtelier (2012) relève qiq, [kik], 'mauvaise viande'.

Dans le domaine roman, le latin classique caro, carnis 'viande, chair' a été emprunté sous sa forme accusative carnem par l'ancien français char, ou charn qui donnera charnier. Selon le CNRTL, chair [šęr] succède au moyen français char suite à une "hésitation entre prononciation ar ou er devant consonne".

Delanoy (2010) considère comme un emprunt roman, peut-être au latin carnaria, le moyen breton kanél 'ossuaire, charnier' qui donne en haut vannetais moderne charnél 'saloir'.