Keit

De Arbres

Keit est une forme spéciale du comparatif d'égalité de hir 'long' (Le Clerc 1986:131). Il a aussi grammaticalisé en une préposition et un complémenteur.


(1) [ 'kɛjd ɛ ãn 'dow ˌen ãn 'ɛil aɡ i'ɡi:le ]
Keid eo an daou hent an eil hag egile.
autant.long est le deux route le second et autre
'Les deux routes ont la même longueur.'
Cornouaillais (Plozévet), Goyat (2012:196)


Morphologie

On reconnait l'adverbe ken, ker, kel en initiale, qui se comporte ici comme un préfixe ken- (ken hir = keit).

À noter que la forme analytique ken hir existe aussi, ce qui indique plutôt la racine nominale hed 'longueur'.


Syntaxe

adjectif comparatif

keit-ha-keit

L'adjectif comparatif peut être redupliqué pour donner keit-ha-keit.


(2) Brest ha Kemper zo keid-ha-keid eus Roazhon.
Brest et Quimper R1 est si.long-et-si.long de Rennes
'Brest et Quimper sont à égale distance de Rennes.'
Cornouaillais (Bigouden), Trépos (2001:§249)


(3) An div fun-ze zo keid-ha-keid.
le deux corde. est si.long-et-si.long
'Ces deux cordes sont aussi longues l'une que l'autre.'
Cornouaillais (Bigouden), Trépos (2001:§249)


(4) An div fun-ze zo keid an eil hag eben.
le deux corde. est si.long le second et autre
'Ces deux cordes sont aussi longues l'une que l'autre.'
Cornouaillais (Bigouden), Trépos (2001:§249)


préposition

La préposition keit (ha(g) est spatiale ('jusqu'à').


(5) Hennez a flistre e wad keit hag ahann d'ar prenestr.
lui R1 jaillissait son1 sang jusque à de.là de le fenêtre
'Son sang giclait aussi loin que d'ici à la fenêtre.'
Trégorrois, Gros (1970b:§'flistra')


keit-all, keit-se, 'aussi loin que ça'

(1) Poan am-eus o tigeina goude beza chomet stouet keid-all.
peine R.1SG a à4 dés.dos.er après être rest.é pench.é si.loin-autre
'J'ai de la peine à me relever après être resté tellement penché.'
Cornouaillais (L'Hôpital-Camfrout), Le Gall (1957:'digeina')


(2) Mar don harluet amañ, keit all, gant kalzig eus ma c'henvroiz...
si+C suis exil.é ici si.loin autre avec beaucoup.DIM de mon2 com1patri.otes
'Si je suis exilé ici, si loin, avec beaucoup de mes compatriotes… '
Standard, Drezen (1990:30)


(3) Anez da ze ne oam ket eet da haloupad keit-se.
sans de1 ça ne1 étions pas all.é à1 galoper autant.long.(que).ça
'Sans cela, nous ne serions pas allés courir si loin.'
Trégorrois, Gros (1970:28)


(4) Penaos oc'h deuet a geit all da ren ho puhez en ur gouent kastilhat ?
comment êtes ven.u de si.loin autre à1 mener votre3 vie en un 1couvent Castill.an
'Comment êtes-vous venu d'aussi loin pour passer votre vie dans un couvent castillan ?'
Standard, Drezen (1990:29)

complémenteur 'tant que'

keit ha ma

La conjonction composée keit ha ma 'tant que' réalise un complémenteur qui introduit une enchâssée. Elle a un sens temporel.


(1) Keit ha ma vin-me mestr en ti-mañ.
tant que que4 serai-moi maître en.le maison.ci
'Tant que je serai le maître de cette maison.'
Cornouaillais (Bigouden), Trépos (2001:§248)


(7) Evidon eo pouezus reiñ keit ha ma c'heller hep goulenn en distro.
pour.moi est important donner autant que que4 peut.on sans demander en le retour
'Pour moi il est important de donner autant qu'on peut sans demander en retour.'
Standard, Kazetenn Ya 944, [11/07/2023]


Attention, lorsque le complémenteur est le composé e-keit ha ma, il signifie alors 'pendant que'.


(8) … e-keit ha ma save ar roue-meur kastell kaer Versaillez
pendant que que construisait le roi-grand château beau Versailles
'... pendant que le roi construisait le beau château de Versailles'
Léonard, (Cléder), Seite (1998:98)


Le complémenteur ma n'apparait pas toujours.

keit ha

La forme /kɛjta/ est reportée à Loqueffret (Solliec 2015).


(2) Evel-se am-eus soñjet abaoe lar keit ha 'vez bihan an dud ne welent nemed traou braz en-dro dezo.

'Comme ça j'ai pensé depuis que tant que les gens sont petits, ils ne voient autour d'eux que des choses grandes.'
Cornouaillais (Uhelgoat), Skragn (2002:23)


keit (a)

On trouve aussi keit employé seul. En (3), la lénition marque la présence d'un rannig, même si leur indifférenciation dans ce dialecte ne laisse pas décider qu'il s'agit du rannig a1.


(3) Keit badè 'n amz'r yegn, gerze 'nen ga boutoù-koat.
tant1 durait le temps froid 1marchait on avec chaussure.s-bois
'Tant que durait le temps froid, on marchait en sabots.'
Cornouaillais (Riec), Bouzec & al. (2017:123)