Kanañ

De Arbres

Le verbe kanañ signifie 'chanter'.


(1) Unan bennak a zo o kanañ e-kichen.
un quelconque R1 est à4 chant.er à-côté
'On chante à côté.'
Léonard (Lesneven/Kerlouan), Y. M. (04/2016)


Morphologie

variation dialectale

La voyelle du verbe kanañ est longue. Il forme en cela une paire minimale avec kannañ '(se) battre, laver'.


Les cartes 347, 348, 349, 350, 351, 352, 353, 354, 355, de l'ALBB montrent la variation dialectale des formes conjuguées de ce verbe.


suffixe de l'infinitif

Le suffixe verbal de l'infinitif montre une grande variation.


 Le Brigant (1779:29): 
 "Les Infinitifs en an & au in en Tréguier se prononcent en Léon en a & en i en Cornouailles ou en Quimper en o & en Vannes ein […] & en eign. 
 Exemple : canan & meulin en Tréguier 'chanter & louer' 
 en Léon cana & meule 
 en Quimper cano & meulo 
 & dans le diocèse de Vannes canein & meuleìn, caneign & meuleign.


On trouve aussi -al en vannetais.


(2) Én èbr heneoah ne fehè bout kleuet boéhieu en Eled é kañnal d'er Peah.
en.le ciel ce.soir ne1 serait être entend.u voix le ange.s à4 chanter à le paix
'Dans le ciel ce soir, on ne pourrait entendre les voix des anges chanter à la paix.'
Vannetais, Herrieu (1974:41)


dérivation

Le préfixe dis- obtient diskanañ 'répondre à un chant, chanter sans cesse' (Kervella 1947:§880).


Le Gall (1957:465) donne karkani, un verbe qui "s'emploie en parlant d'un concert de bruits sympathiques qui portent à l'optimisme, tels les bruits des manèges dans une fête foraine […] Il convient de noter que le mot fait un peu onomatopée et qu'il recèle la racine kan (chant)." Il pourrait s'agit d'un préfixe formé à partir de kar-, la racine du verbe karout 'aimer'.


(3) Karkani a rê an traou er vourh da zevez ar pardon.
aime-chanter R1 faisait le choses en.le bourg de1 jour.née le pardon
'Le bourg retentissait de joyeux bruits lors du pardon.'
Cornouaillais (L'Hôpital-Camfrout), Briant-Cadiou (1998:129)


Syntaxe

structure thématique

Ce verbe est transitif lorsque son objet est exprimé ou intransitif lorsqu'il s'agit d'une activité.

Le verbe kanañ sous sa forme intransitive est un verbe inergatif, puisque son unique argument est un agent. Il s'apparente dans sa structure aux verbes d'expression comme komz ou prech 'parler'.


Horizons comparatifs

(4) nid oes dim ohono efe 'n canu.
NEG COP NEG P.lui lui à chanter
'Il n'est pas en train de chanter.'
Gallois (Morgannwg), Heusaff (1996:30)


emprunt

En français de Basse-Bretagne à Douarnenez, le verbe breton a été emprunté au moins dans sa forme infinitive.

(5) Quand il va au frikou, il arrête pas de kan-ner. Un plaisir c'est à écouter.

'Quand il va à la noce, il n'arrête pas de chanter. C'est UN réel PLAISIR à écouter.'
Français de Basse-Bretagne, Pichavant (1996:120)