Différences entre les versions de « Homophone »

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Deux items sont '''homophones''' si ils se prononcent de manière identique mais réalisent des éléments grammaticaux différents.
Deux items sont '''homophones''' si ils se prononcent de manière identique mais réalisent des éléments grammaticaux différents.


Par exemple, c'est le cas, en breton, avec :


: le [[morphème]] ''eus'' dans le complexe morphologique du verbe ''[[kaout]]'', 'avoir' (''em eus, ac'h eus''...) et de la [[préposition]] ''[[eus]]'', 'de' de provenance
C'est le cas en breton, par exemple, avec le [[morphème]] ''eus'' dans le complexe morphologique du verbe ''[[kaout]]'', 'avoir' (''em eus, ac'h eus''...) et de la [[préposition]] ''[[eus]]'', 'de' de provenance, ou bien avec l'[[adverbe]] ''lies'', ou ''[[alies]]'' et le [[quantifieur]] ''lies'', 'beaucoup'.


: l'[[adverbe]] ''lies'', ou ''[[alies]]'' et le quantifieur]] ''lies'', 'beaucoup'


 
Lorsqu'un élément [[grammaticalise]], c'est-à-dire quand la langue commence à employer un nom ou un verbe comme un élément plus grammatical, comme un [[complémenteur]] ou un [[pronom]], celui-ci reste souvent un temps homophone avec l'item [[lexical]] correspondant. C'est la cas du [[complémenteur]] ''[[C.ha(g)|ha(g)]]'' avec la [[coordination]] ''[[&|ha(g)]]'', ou du complémenteur ''[[la(r)]]'', 'que' du bas-cornouaillais et du verbe infinitif ''la(va)r'', 'dire'.
Lorsqu'un élément [[grammaticalise]], c'est-à-dire quand la langue commence à employer un nom ou un verbe comme un élément plus grammatical, comme un [[complémenteur]] ou un [[pronom]]], celui-ci reste souvent un temps homophone avec l'item [[lexical]] correspondant. C'est la cas du [[complémenteur]] ''[[C.ha(g)|ha(g)]]'' avec la [[coordination]] ''[[&|ha(g)]]'', ou du complémenteur ''[[la(r)]]'', 'que' du bas-cornouaillais et du verbe infinitif ''la(va)r'', 'dire'.




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| (1) ||Ar re-ze || a zoñj ganto || n'e-nevez || sort || '''eun den''' d'ober.
| (1) ||Ar re-ze || a zoñj ganto || n'e-nevez || sort || '''eun den''' d'ober.
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[[Ménard (2012)]] distingue ''heñvelstumm'', 'homonyme, élément grammatical de même forme' et ''kenanv'', 'homonyme en parlant de quelqu'un' (''ho kenanv'', 'votre homonyme').
[[Ménard (2012)]] distingue ''heñvelstumm'', 'homonyme, élément grammatical de même forme' et ''kenanv'', 'homonyme en parlant de quelqu'un' (''ho kenanv'', 'votre homonyme').


On trouve aussi ''kenneuz''.
On trouve aussi ''kenneuz'' chez [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§99), qui inclut aussi dans ce terme les mots qui s'écrivent à l'identique sans être prononcés pareils, comme le nom ''kas, kasoni'' (voyelle longue), 'haine' et le verbe ''kas'' 'envoyer' (voyelle courte). Ces derniers ne sont pas linguistiquement des homophones.




[[Category:fiches|Categories]]
[[Category:fiches|Categories]]

Version du 9 juillet 2016 à 11:46

Deux items sont homophones si ils se prononcent de manière identique mais réalisent des éléments grammaticaux différents.


C'est le cas en breton, par exemple, avec le morphème eus dans le complexe morphologique du verbe kaout, 'avoir' (em eus, ac'h eus...) et de la préposition eus, 'de' de provenance, ou bien avec l'adverbe lies, ou alies et le quantifieur lies, 'beaucoup'.


Lorsqu'un élément grammaticalise, c'est-à-dire quand la langue commence à employer un nom ou un verbe comme un élément plus grammatical, comme un complémenteur ou un pronom, celui-ci reste souvent un temps homophone avec l'item lexical correspondant. C'est la cas du complémenteur ha(g) avec la coordination ha(g), ou du complémenteur la(r), 'que' du bas-cornouaillais et du verbe infinitif la(va)r, 'dire'.


Gros, en trégorrois, utilise comme pronom impersonnel la forme un den, 'on', qui est homophone du syntagme indéfini 'un homme'. Dans d'autres dialectes, le pronom impersonnel grammaticalisé se prononce différemment du groupe nominal correspondant (nen, 'nen, an nen...).


(1) Ar re-ze a zoñj ganto n'e-nevez sort eun den d'ober.
le ceux-ci R1 pense avec.eux ne'R a.HAB rien IMP à'faire
'Ceux-ci se figurent qu'on n'a rien à faire.' Trégorrois, Gros (1984:331)


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Terminologie

Les termes français et anglais sont (à peu près)... homophones.

  • en breton

On trouve heñvelvouez dans Vallée (1980:'homophone'), qui donne aussi comme équivalents heñvelson et kenson, sur les préfixes respectifs heñvel- et ken-.

Ménard (2012) distingue heñvelstumm, 'homonyme, élément grammatical de même forme' et kenanv, 'homonyme en parlant de quelqu'un' (ho kenanv, 'votre homonyme').

On trouve aussi kenneuz chez Kervella (1947:§99), qui inclut aussi dans ce terme les mots qui s'écrivent à l'identique sans être prononcés pareils, comme le nom kas, kasoni (voyelle longue), 'haine' et le verbe kas 'envoyer' (voyelle courte). Ces derniers ne sont pas linguistiquement des homophones.