Gorre, gourre

De Arbres
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Le nom gorre, gourre dénote la 'surface', le 'dessus', le 'sommet' ou le 'pouvoir'.


(1) Aze e oas sur, peogwir ar garreg veze war-gorre ar mor; ne veze ket james goloet.
R4 étais sur car le 1rochers était sur surface le mer ne1 était pas jamais couv.ert
'Là tu étais sûr, car les rochers affleuraient ; ils n'étaient jamais recouverts par la mer'
Léonard (Plougerneau), Elégoët (1982:8)


Morphologie

variation dialectale

La carte 596 de l'ALBB documente la variation dialectale de sur moi. On trouve surtout la préposition war avec un pronom incorporé, warnon, warnin, mais aussi quelques formes en war va gorre, war ma gorr' en léonard et cornouaillais.


dérivation

Le suffixe -ad de contenu obtient gorread 'superficie'.


(2) N'eo ket bet jedet o gorread en ur mod resis c'hoazh.
ne1 est pas été calcul.é leur2 surfac.ie en un manière précis encore
'Leur superficie n'a pas encore été calculée précisément.'
Standard, Ar Meur (2008)


war-c'horre, diwar-c'horre

Le nom gorre rentre en composition avec différentes prépositions spatiales. On trouve ce nom dans les prépositions spatiales complexes war-c'horre 'en surface' et diwar-c'horre 'de la surface'.

Expressions

war e c'horre

(3) dirak eun den foeltr perz d'ean war da c'hourre
devant un personne foudre partie à.lui sur1 ton1 dessus
'devant un homme qui n'a pas le moindre droit sur toi'
Haute-Cornouaille (Kergrist-Moëlou), Le Garrec (1901:91)


(4) ma tigwe d'ec'h skuiza ganin war ho kourre
si4 arrive à vous fatigu.er avec.moi sur votre3 dessus
'si vous veniez à vous lasser de m'avoir à votre charge'
Haute-Cornouaille (Kergrist-Moëlou), Le Garrec (1901:14)


(5) 'Rabad eo, Bastien, heul tamm war va gourre.
interdit est Bastien suivre morceau sur1 mon2 dessus
'Inutile, Bastien, d'insister du tout sur moi.'
Haute-Cornouaille (Kergrist-Moëlou), Le Garrec (1901:24, 25)


Diachronie

Matasović (2009:'reg-o-') considère la racine proto-indo-européenne * h3reģ-o- 'étendre, étirer, diriger' (IEW: 854ff) qui a dérivé le verbe sanskrit ṛñjánti 'règnent', le grec orégō 'étendre, étirer', le nom latin rego 'règle', le gothique rikan 'empiler', le moyen anglais reken 'attiser un feu', ou encore le tocharien B räk- 'étendre, couvrir'. Il propose pour le proto-celtique une racine en * reg-o- 'étendre, étirer, redresser' dont il fait découler le vieil irlandais a-t-raig 'se tenir debout, s'élever', et dans la branche brittonique le gaulois regu-c (1SG du présent, Chamalieres), le moyen gallois re (GPC rhe) 'se lever, s'élever', et le vieux breton gurre 'monter, se lever' et le moyen breton re 'commande, mène'.

Deshayes (2003) donne le vieux breton gorre comme attesté en 1427 sous le sens de 'partie supérieure, levant, surface, élévation'. Il propose de décomposer le nom vieux breton gurre du préfixe gour- et du radical re. Le vieux breton gurreont 'ils s'élèvent, se soulèvent' est la forme conjuguée du verbe gorre + -(e)n / -zw, qu'on retrouve sous les graphies gourrenn en 1464, gorrein en 1744 'relever, élever, enlever, (se) soulever, mettre de côté'.


À ne pas confondre

Il y a une confusion terminologique dans l'orientation spatiale, car gorre peut dénoter aussi bien le 'levant' que le 'Nord' (c'est le haut, le dessus de la carte, celle-ci étant tenue Nord en haut ou, conformément aux peuples indo-européens se tenant face au levant, Est en haut).

Le nom toponymique Gorre peut dénoter le 'dessus, partie supérieure', mais aussi le Nord-Est, par opposition à Goueled 'bas, fond, partie inférieure, Sud-Ouest' (Ofis 2003).