Différences entre les versions de « Expression idiomatique »

De Arbres
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| ||  || [[art|le]] air || a.2Pl || ||[[da|de]] || [[POP|les]] connaître|| bien
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|||colspan="4" | 'Vous avez l'air de bien les connaître?'|| || || || ''Léonard (Cléder)'',|| [[Seite (1998)|Seite (1998]]:104)
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| (4) ||'''Ar bik''' || a c'hellfe ||kregiñ en e skouarn || ''Trégorrois'', [[Borsley & Stephens (1989)|Borsley & Stephens (1989]]:417)
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|||colspan="4" | 'Il pourrait décider de se marier.'  
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|||colspan="4" | 'Il s'est marié.'  
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| (6)|| Ar ||e gulotoù ||eh oa ||ur c’hoari kartoù||.
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| || [[war|sur]] || [[POSS|son]] culottes ||[[R]] [[E|était]] ||[[art|un]] jeu cartes
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| || colspan="4" | 'Son pantalon était tout rapiécé.'|||||| ''Haut-vannetais'', [[Louis (2015)|Louis (2015]]:76)
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== à ne pas confondre ==
== à ne pas confondre ==

Version du 10 mai 2017 à 09:20

Les expressions idiomatiques sont des blocs syntaxiques qui ne sont pas sémantiquement compositionnels.


En (1), la projection verbale contenant le verbe lexical et son objet ne sont pas interprétés compositionnellement, mais comme un bloc signifiant 'mentir'.


(1) Hennez a oar [ vP pentañ lern ] .
celui.là R sait peindre renard
'Il sait peindre (parer) des renards (mentir)' Trégorrois, (Gros 1984:153)


La question de la liberté syntaxique de ces blocs opaques pour la sémantique est au cœur de houleux débats dans la champ de la syntaxe, car elles ont des implications potentiellement très puissantes sur les modèles de la syntaxe que l'on peut développer. Par exemple, si l'expression pentañ louarn est stockée dans le lexique, comment son intégration syntaxique se fait-elle? Le pluriel lern constaté en (1) n'est pas un pluriel verbal. C'est donc que la syntaxe, elle, voit bien un nom et pas seulement un verbe signifiant 'mentir'. Si l'expression existe dans le lexique comme pentañ lern, comment ce pluriel a-t-il été réalisé ou importé dans lexique?


Les expressions idiomatiques sont des expressions figées... dans certaines limites. Ces limites, de plus, varient.

Choix lexical

Comme noté par Louis (2015:75), un idiomatisme peut survivre à une modification lexicale.


(1) Kreskiñ a ra hennezh dirak man daoulagad.
Brasaat a ra hennezh dirak man daoulagad.
grand.ir R1 fait celui.ci devant mon deux.oeil
'Je ne peux pas le voir.' /'Il me sort par les trous de nez.' Haut-vannetais, Louis (2015:75)

Syntaxe

expressions idiomatiques et construction du faux sujet

La construction du faux sujet est en elle-même compatible avec les expressions idiomatiques. Dans l'expression idiomatique en (2), qui est syntaxiquement une construction du faux sujet, le bloc opaque pour la sémantique pourrait être modifié syntaxiquement. On pourrait mettre le faux sujet homañ au masculin, ou lui rajouter un adjectif (homañ vrav). On pourrait aussi changer l'ordre des mots, par exemple en mettant dir à l'initiale. Cependant, un autre verbe ou un autre nom de métal risquent de recevoir une interprétation compositionnelle, ce qui détruirait la dimension idiomatique de l'expression.


(2) Homañ a zo dir war he bizaj.
celle.là R est acier sur son2 visage
litt. 'Elle a de l'acier sur le visage.' > 'Elle est effrontée, elle a toute les audaces.'
Le Berre & Le Dû (1999:56)


Louis (2015:76) donne cependant l’exemple d’une expression idiomatique de haut-vannetais qui supporte une incise ou un changement d’ordre des mots, mais difficilement, justement, la construction du faux sujet.


(3) Ur c’hoari kartoù (, unan a 52 gartenn,) a oa àr e gulotoù.
un jeu cartes un de 52 1carte R était sur son culottes
'Son pantalon était tout rapiécé.' Haut-vannetais, Louis (2015:76)


(4) Ar e gulotoù eh oa ur c’hoari kartoù .
?? E gulotoù a oa ur c’hoari kartoù àrnezhe.
sur son culottes R était un jeu cartes sur.eux
'Son pantalon était tout rapiécé.' Haut-vannetais, Louis (2015:76)

Structure informationnelle

résistance à la lecture focale

Une des propriétés étonnantes des expressions idiomatiques est qu'elles résistent à la lecture focale (Il a cassé sa pipe, mais ?/# Il a cassé SA PIPE, et *C'est SA PIPE qu'il a cassée). Cette propriété permet d'utiliser les expressions idiomatiques comme un test qui révèle les structures syntaxiques qui peuvent ne pas impliquer de lecture focale. Par exemple en (3), l'objet antéposé fait partie d'une expression idiomatique. La grammaticalité de cette phrase montre qu'il existe en breton des ordres à objet initial sans lecture focale.


(3) [DP An êr ] ho-peus _ d' o anaoud mad?
le air 2Pl-a de1 les connaître bien
'Vous avez l'air de bien les connaître?' Léonard (Cléder), Seite (1998:104)


Cette propriété anti-focale des idiomatismes a été utilisée par Borsley & Stephens (1989:417) pour montrer que le mouvement du sujet initial en breton peut ne pas résulter d'un focus.


(4) Ar bik a c'hellfe kregiñ en e skouarn Trégorrois, Borsley & Stephens (1989:417)
le 1pie R1 pourrait mordre dans son1 oreille
'Il pourrait décider de se marier.'


(5) Ar bik a zeuas da gregiñ en e skouarn Trégorrois, Borsley & Stephens (1989:417)
le 1pie R1 vint à1 mordre dans son1 oreille
'Il s'est marié.'


Ceci pose la question de la lecture focale potentielle sur le syntagme prépositionnel initial dans l'exemple d'expression idiomatique en haut-vannetais dans Louis (2015:76).


(6) Ar e gulotoù eh oa ur c’hoari kartoù .
sur son1 culottes R était un jeu cartes
'Son pantalon était tout rapiécé.' Haut-vannetais, Louis (2015:76)


à ne pas confondre

On trouve beaucoup d'expressions idiomatiques dans les proverbes, mais un proverbe n'est pas forcément formé d'expressions idiomatiques.


(2) Biskoazh fri bras n'e-neus difetet bizaj.
jamais nez grand ne'R.3SGM-a déparé visage
'Jamais un grand nez n'a déparé un visage.' (aucun nez, aucun visage) Trégorrois, (Gros 1984:524)


De même, on trouve beaucoup d'expressions idiomatiques dans les parlers familiers et argotiques, mais un mot d'argot ne forme pas en lui-même une expression idiomatique.


Terminologie

Louis (2015 :76) utilise en français le terme de phrasème.


Bibliographie

  • Gros, J. 1970. Le trésor du breton parlé I. Le langage figuré. Saint Brieuc: Les Presses Bretonnes.
  • Gros, J. 1970. Le trésor du breton parlé II. Dictionnaire breton-français des expressions figurées. Saint Brieuc: Les Presses Bretonnes.
  • Gros, Jules 1974, (réed. 1984). Le trésor du breton parlé III. Le style populaire, Barr-Heol, Lannion: Giraudon, édition 1984 Brest: Emgleo Breiz - Brud Nevez.
  • Kergoat, L. 1996. Krennlavarioù Brezhonek / Proverbes bretons / Breton Proverbs, Coop Breizh.
  • Plourin, J.Y. 2003. Initiation au breton familier et argotique, 2ème éd. revue et augm., 270 p.