Groupes nominaux anaphoriques

De Arbres

Un syntagme nominal peut avoir différentes propriétés anaphoriques, c'est-à-dire qu'il peut obéir à des règles de co-référence avec un autre syntagme nominal. En breton, al loen 'l'animal', an abostol 'l'apôtre' sont des syntagmes qui coréfèrent obligatoirement avec un antécédent humain dans le discours, comme en français, l'idiot, la coquette ou cet imbécile.


Groupes nominaux contenant un pronom référent, an tamm anezhañ

Il existe des syntagmes nominaux anaphoriques plus complexes qui trouvent leur entité coréférente non dans le contexte, mais à l'intérieur même de leur structure. En breton, une structure particulière permet de faire référer un syntagme nominal avec un pronom incorporé dans ce complexe. En (1), an tamm anezhañ est un syntagme qui coréfère obligatoirement avec le sujet ar blenier sur lequel est prédiqué lorc'hus ha reut awalc'h.


(1) ar blenier, [SC lorc'hus ha reut a-walc'h an tamm anezh ].
le conducteur orgueilleux et raide assez le morceau P.lui
'le conducteur, fier et raide'.
Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:57)


syntaxe

copule prédicative

Cette structure de syntagme nominal anaphorique est fréquemment utilisée dans les structures à copule prédicative, y compris lorsque la copule n'est pas réalisée morphologiquement.


(2) Ma sac’h, pounner ken a oa, e oa digempouezet ma red gantañ, ha sachet-disachet an tamm ac’hanon.
mon2 sac lourd autant R était R était .séquilibré mon course avec.lui et tiré-.tiré le morceau P.moi
'Décidément trop lourd, mon sac déséquilibrait ma course, me tirait à hue et à dia.'
corrigé CAPES 2005. traduction de Hanotte, X. 2000. Derrière la colline, Belfond.


le groupe est sujet

Le système d'accord breton est caractérisé par l'effet de complémentarité qui bloque le verbe à la troisième personne du singulier lorsque le sujet lexical est exprimé. En (3), l'accord 3SG sur le verbe montre donc que le groupe nominal an tamm ac'hanon est considéré par le système d'accord verbal comme un sujet lexical de première personne du singulier.


(3) N’eo ket aonik [ an tamm [ ac’hanon ] ].
ne est pas peureux/se le morceau P.moi
'Je ne suis pas peureux/se.' Krog (1924:58)


horizons comparatifs

La structure nominale de type an tamm anezhañ, puisque sa référence est celle d'un pronom qu'elle contient, ressemble au français familier ma pomme 'moi'. Comme dans la construction en français, la structure bretonne peut être déclinée à toutes les personnes. En français, la structure est restreinte à des configurations de structure informationnelle particulière.

Qui s'excuse? C'est ma pomme!
L'addition, c'est pour ma/ta/sa/notre/votre/leur pomme, toujours.
* Alain, j'ai vu sa pomme.
*/? Ceux qui paient, c'est leur pomme.

Lorsque la référence est plurielle, pomme reste au singulier (* L'addition, c'est pour vos pommes, toujours.).