Différences entre les versions de « Complémenteur vide »

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Selon [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95), l'[[accentuation]] est l'indice qui distingue les [[matrices]] des [[enchâssées]] dans le cas des [[relatives]].
Un complémenteur vide est un [[complémenteur]] qui n'est pas prononcé. Il est présent syntaxiquement dans la structure, et est interprété sémantiquement, mais il n'a pas de matrice phonologique.
 
Le breton a au moins un complémenteur vide. En (1), l'équivalent standard aurait requis la réalisation du complémenteur ''[[ma]]''<sup>[[4]]</sup> (''gant ar skuizh ma'z on''). La structure syntaxique est plausiblement la même, mais la version trégorroise utilise à la place un complémenteur phonologiquement vide.
 
 
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| (1) || Me zo||evel ur bouc'h || bazhataet || gant ar skuizh || __ || on.|||||| ''Trégorrois (Perros-Guirrec)'', [[Konan (2017)|Konan (2017]]:'bazhata')
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| || [[pfi|moi]] [[zo|est]]|| [[evel|comme]] [[art|un]] bouc||  battu || [[gant|avec]] [[art|le]] [[skuizh|fatigué]] || que|| [[COP|suis]]
|-
| ||colspan="4" | 'Je suis comme un bouc battu tellement je suis fatiguée.'
|}
 
 
== Morphologie ==
 
=== accentuation ===
 
L'absence de réalisation morphémique n'implique pas que le complémenteur n'a pas de morphologie. On peut déceler son influence dans la réalisation du message en prenant en compte l'[[accentuation]].
 
Selon [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§807) et [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95), l'[[accentuation]] ("ou le contexte") désambiguïse la structure entre [[matrice]] ou [[relative]] [[enchâssée]]. Une fois prise en compte l'accentuation, le message n'est donc pas de structure ambiguë. Dans l'hypothèse raisonnable où le [[rannig]] a toujours la même fonction, la différence syntaxique liée à l'accentuation est la présence d'un '''complémenteur vide'''. Ce [[complémenteur]] n'est pas réalisé comme un morphème segmental, mais sa présence influe sur la distribution de l'accent.




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{| class="prettytable"
| (1) || al '''la'''bous a nij  || vs. || al labous ||||a '''nij'''
| (1) || An DEN || a zo || amañ.||||||''Standard'', [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§807)
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| || [[art|le]] oiseau [[R]] vole || ||[[art|le]] oiseau || C ||[[R]] vole
| || [[art|le]] homme || [[R]]<sup>[[1]]</sup> [[zo|est]] ||[[amañ|ici]]
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|-
|||colspan="4" | 'L'oiseau vole.', ''vs.'' ''l'oiseau qui vole.' ||||||''Léon'', [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95)
|||colspan="4" | 'L'homme est ici.', et non pas [[*]] 'L'homme qui est ici.'
|}
|}




  [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95):
{| class="prettytable"
  "En breton il n'y a pas de pronom relatif à proprement parler.
| (2) || Al LAbous a nij  || ''vs''. || al labous ||||a NIJ.
  C'est la particule verbale ''a'' qui en remplit la fonction.
|-
 
| || [[art|le]] [[labous|oiseau]] [[R]] [[nijal|vole]] || ||[[art|le]] [[labous|oiseau]] || C ||[[R]] [[nijal|vole]]
  ''Al labous a nij'', signifie tout aussi bien 'l'oiseau vole' que 'L'oiseau qui vole'.
|-
  Seul l'intonation ou le contexte permet de savoir si ''a'' est particule verbale ou pronom
|||colspan="4" | 'L'oiseau vole.', ''vs.'' 'L'oiseau qui vole.' ||||||''Léon'', [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95)
  relatif.  
|}
  Si ''labous'' est fortement accentué ''a'' est particule verbale. Si c'est ''nij'', ''a''
  est pronom relatif.
 
 
Une fois prise en compte l'accentuation, le message n'est plus de structure ambiguë. Dans l'hypothèse où le [[rannig]] a toujours la même fonction, la différence syntaxique liée à l'accentuation est la présence d'un complémenteur vide, qui ne serait pas réalisé comme un morphème segmental, mais dont la présence influerait sur la distribution de l'accent.




{| class="prettytable"
{| class="prettytable"
| (2) || an dén ||||a  '''la'''bour.
| (3) || an dén ||||a  '''la'''bour.
|-
|-
| || [[art|le]] homme || C ||[[R]] travaille
| || [[art|le]] [[den|homme]] || [[C]] ||[[R]] [[labourat|travaille]]
|-
|-
|||colspan="4" | 'L'homme qui travaille.'  
|||colspan="4" | 'L'homme qui travaille.'  
|-
|-
|||colspan="4" | *'L'homme travaille.' ||||||''Léon'', [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95)
|||colspan="4" | [[*]] 'L'homme travaille.' ||||||''Léon'', [[Seite (1975)|Seite (1975]]:95)
|}
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Version du 4 décembre 2019 à 12:34

Un complémenteur vide est un complémenteur qui n'est pas prononcé. Il est présent syntaxiquement dans la structure, et est interprété sémantiquement, mais il n'a pas de matrice phonologique.

Le breton a au moins un complémenteur vide. En (1), l'équivalent standard aurait requis la réalisation du complémenteur ma4 (gant ar skuizh ma'z on). La structure syntaxique est plausiblement la même, mais la version trégorroise utilise à la place un complémenteur phonologiquement vide.


(1) Me zo evel ur bouc'h bazhataet gant ar skuizh __ on. Trégorrois (Perros-Guirrec), Konan (2017:'bazhata')
moi est comme un bouc battu avec le fatigué que suis
'Je suis comme un bouc battu tellement je suis fatiguée.'


Morphologie

accentuation

L'absence de réalisation morphémique n'implique pas que le complémenteur n'a pas de morphologie. On peut déceler son influence dans la réalisation du message en prenant en compte l'accentuation.

Selon Kervella (1947:§807) et Seite (1975:95), l'accentuation ("ou le contexte") désambiguïse la structure entre matrice ou relative enchâssée. Une fois prise en compte l'accentuation, le message n'est donc pas de structure ambiguë. Dans l'hypothèse raisonnable où le rannig a toujours la même fonction, la différence syntaxique liée à l'accentuation est la présence d'un complémenteur vide. Ce complémenteur n'est pas réalisé comme un morphème segmental, mais sa présence influe sur la distribution de l'accent.


(1) An DEN a zo amañ. Standard, Kervella (1947:§807)
le homme R1 est ici
'L'homme est ici.', et non pas * 'L'homme qui est ici.'


(2) Al LAbous a nij vs. al labous a NIJ.
le oiseau R vole le oiseau C R vole
'L'oiseau vole.', vs. 'L'oiseau qui vole.' Léon, Seite (1975:95)


(3) an dén a labour.
le homme C R travaille
'L'homme qui travaille.'
* 'L'homme travaille.' Léon, Seite (1975:95)