Cause

De Arbres
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La notion de causalité peut être exprimée de différentes manières, la plus répandue étant par des subordonnées causales.


(1) [ gɐl ˈlɐːbɐ nøs ˈkaɛt, ne ke be guɛs de zɔ᷉ n de bʁeiz]
Gant al labour e neus kavet, n'eo ket bet gouest da zoñt da Breizh.
avec le travail R 3.a trouv.é ne1 est pas été capable de1 venir à Bretagne
'À cause du job qu'elle a trouvé, elle n'a pas pu venir en Bretagne.'
Cornouaillais (Briec), Noyer (2019:246)


Une relation de causalité peut aussi être orientée vers le résultat. On parle alors de conséquence.


Interrogatif

L'interrogatif de cause est perak en breton standard. Il existe de multiples variantes dialectales.

Y. Souffez (09/2018 c.p.) signale qu'à Moëlan perèk est employé comme l'interrogatif de cause le plus usuel, mais que dans le reste de la Cornouaille de l'Est, on entendra plutôt 'vi 'tra ? à Bannalec, ou kôz 'tra ? à Riec, voire kôz te bérèk à Clohars ou Moëlan.


Subordonnées causales

Les propositions subordonnées causales, ou circonstancielles de cause, modifient optionnellement la phrase en apportant une précision sur la causalité de l'évènement dénoté par le verbe.

Les subordonnées circonstancielles de cause peuvent être introduites soit par un complémenteur causal simple (rak) ou complexe (o vezañ ma), soit encore par une locution, généralement une préposition de cause suivie d'un complémenteur déclaratif comme ma, 'que' (dre ma), ou une locution formée sur un nom de cause (en abeg da se).


(2) [ Rag-se 'ta ], e-keit ha ma save ar roue-meur kastell kaer Versaillez, e lakee freuza, […] on touriou dantelezet.
car-ça donc pendant que que construisait le roi-grand château beau Versailles R faisait détruire notre tour.s dentelle.é
'C'est pourquoi donc, pendant que le roi construisait le beau château de Versailles,
il faisait détruire nos tours dentelées.'
Léonard, (Cléder), Seite (1998:98)


(3) Lom a oa droug ennañ o vezañ ma oa dibennet.
Lom R était mal en.lui à.être.que était 1.têt.é
'Guillaume était en colère parce qu'il n'était plus héritier unique.'
Trégorrois, Gros (1989:'dibennet')


inventaire des complémenteurs de causalité

Les complémenteurs pouvant introduire des subordonnées de causalité sont:

 abalamour ma, blam 'parce que'
 pa 'puisque'
 peogwir, pandeogwir, penegwir, pugur 'puisque'
 a-gost ma 'puisque'
 nanvai 'puisque'
 kar, rak, rakkar 'car', ou en haut vannetais ke
 dam, dam betra 'car'
 parskan 'parce que'
 beke 'puisque'
 darpenn, tarpenn, trapenn 'car'
 o vezañ ma 'étant donné que'
 digar, war zigarez 'sous prétexte que'


En Cornouaille à Locronan, on trouve aussi la forme faos 'parce que, puisque' (a-faos ?).


(4) Faos van or vaoues !
car étais un 1femme
'Parce que j'étais une femme !'
Cornouaillais (Locronan), A-M. Louboutin (02/2022)


préposition causale

dre ma, 'parce que'

(1) N'am-bo ket aon, dre ma vezin ambrouget gant ma zad.
ne1 R.1SG 1.aurai pas peur de.part que4 serai escort.é avec mon2 père
'Je n'aurai pas peur, parce que mon père m'escortera.'
Cornouaillais, Trépos (2001:§363)


gant, 'avec, en, à condition de'

La notion de cause est plus dérivée avec la préposition gant.


(2) Gant kemer hoc'h amzer e teufet a-benn deusontañ.
avec prendre votre3 temps R4 viendrez à.bout de.de.lui
'A condition de prendre votre temps, vous viendrez à bout de lui.'
Trégorrois, Gros (2014:'amzer')


locution causale

Les noms de cause, comme abeg, 'raison' ou digarez, 'excuse', sont utilisés dans des locutions introduisant des subordonnées causales.


a-gaoz da

(4) /goš t ən dra:-zaj /
a-gaoz d' an dra-se
à1-cause de le 1chose.
'à cause de cela'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:319)


a-gaoz ma, a-gost ma

(5) … a-gaoz m' o deus sammet pe kaset traoù ponner.
à1-cause que' 3PL a charg.é ou envoy.é choses lourd
'...parce qu'ils ont chargé ou porté des choses lourdes.'
Haut-vannetais, Louis (2015:214)


(6) A gost ma ous aman, te chomou de zèbein genem.
à1-cause que es ici toi resteras pour1 manger avec.nous
'Puisque tu es là, tu resteras manger avec nous.'
Vannetais (Plaudren), (Quéré 2010)


gras da, 'grâce à'

(7) /gras ten /
gras din
grâce à.moi
'grâce à moi.'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:319)


dre an abeg (ma), en abeg ma, 'puisque, pour la raison que'

(1) Aet oa hi kuit, dre 'n ab'g ' oa 'n noz ' tont.
all.é était elle parti par le raison R était le nuit à4 venir
'Elle est partie, pour la raison que la nuit venait.'
Cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:29)


(2) dre'n ab' ouiè-yè taeè brawac'h cherc'h vêè had't melch'nn ba e dous.
dre an anbeg ma ouient e teue bravoc'h ar c'herc'h veze hadet melchon en e douesk. Équivalent standardisé
dre le raison (que4) savait 3PL R4 venait beau.plus le 5avoine R était plant.é trèfle dans son1 dedans
'parce qu'ils savaient que l'avoine donnait mieux lorsque planté avec du trèfle.'
Cornouaillais de l'Est, Bouzec & al. (2017:262)


(3) dre 'n abeg ma'z on va mestr
par le cause que+C,4 suis mon2 maître
'car je suis mon propre maître'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:135)


(4) Amelioret eo bet a-leiz dre an abeg m'a-deus gellet ar gwazed hag ar baotred mond da naviga.
amélior.é est été plein par le cause que R1 3.a p.u le homme.s et le 1garçon.s aller pour1 naviguer
'Les choses se sont beaucoup améliorées parce que les hommes et les garçons ont pu aller naviguer.'
Léonard (Ouessant), Gouedig (1982)


(5) Re hir eo bremañ, en abeg m' hen hoc'h eus astennet.
trop long est maintenant en raison que le 2PL a étir.é
'Il est trop long maintenant, puisque vous l'avez étiré.'
Cornouaillais, Trépos (2001:§363)


war zigarez, digar

(1) war zigarez ma oa bet devet an diou wreg fall.
sur1 excuse que4 était été brûl.é le deux1 femme mauvais
'puisque les deux mauvaises femmes avaient été brulées.'
Léonard (Saint Pol de Léon), Milin (1922:403)


(2) 'ma ket deuet 'nezhi, digar ' oa bet rial dec'h.
est pas ven.u P.elle sous.prétexte R y.avait eu verglas hier
'Elle n'était pas venue, sous prétexte qu'il y avait eu du verglas hier.'
Cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:29)


diwar-goust

(3) Eur c'hlenved bennak a dapo zur diwar goust ar spountadenn-man.
un 5maladie quelque R1 attrapera sûrement de1 coût le fray.eur-ci
'Il attrapera sûrement quelque maladie à cause de cette frayeur.'
Léonard, Perrot (1907:36)

dre an askont (ma, da)

  • en askont da 'en considération de, en raison de'
  • en askont (ma) 'par la raison que', Cornillet (2020)

complétives

En (1), le complémenteur qui introduit la subordonnée causale est homophone du mot interrogatif de cause dam betra ?, 'pourquoi ?'.


(1) Ni n'oe bet bazhadoù dam betra oamp ket aet d'ar skol.
nous 3.avait eu bâton.nade.s car étions pas all.é à le école
'Nous avions ramassé des coups de bâton car nous avions séché l'école.'
Cornouaillais (Le Juch), Hor Yezh (1983:18)


Cette grammaticalisation en complémenteur de cause n'a pas d'équivalent en français (*Nous avions ramassé des coups de bâton pourquoi nous avions séché l'école).


a zo kaoz

A Quimperlé ou à Clohars, selon Denise L. et Anne-Marie C., l'usage du connecteur standard X peogwir Y, parallèle en sa construction avec le français 'X car Y est exogène. La tournure utilisée renverse la connection logique en plaçant la cause avant la conséquence: Y 'dreus 'zo kaoz' X. Cette tournure est aussi favorisée en centre Bretagne avec Y 'na 'zo kaoz' X'.

Le Ruyet (2012b) signale en pays Pourlet la forme déskôs correspondant à an dra-se zo kaoz, 'c'est la raison pour laquelle'...


Autre exemple de variation, Huguette (Carhaix-Quimperle) signale qu'elle utilise goz'tra (a gaoz da betra, 'à cause de quelle.chose') là où le standard utiliserait perak ('pourquoi').


Entendu aussi: "setu kaoz da berak" (dans une chanson vannetaise chantée par le groupe AL Liamm - webnoz 23).


a zo kiriek

(1) … va mamm a c'houlennas ouzhin petra oa kiriek din da vezañ trist.
mon2 mère R1 demanda à.moi quoi était coupable à.moi de1 être triste
'Ma mère me demanda pourquoi j'étais triste.'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:72)

Appositives en ken, ker,, kel

Une appositive peut aussi exprimer la cause.

En (2), pounner ken a oa est la proposition appositive attachée à l'ancre ma sac'h.


(2) Ma sac'h, pounner ken a oa, e oa digempouezet ma red gantañ...
mon2 sac [ lourd tant R était R était ] 1.équilibr.é mon2 course avec.lui
'Décidément trop lourd, mon sac déséquilibrait ma course … '
Standard, CAPES 2005, traduction Hanotte (2000)


(3) Ne lârit netra en ho lizhiri, ken berr anezho !
ne1 dites rien en votre3 lettre.s tellement court P.eux
'Tu ne dis rien dans tes lettres, tellement elles sont courtes !'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), Gaudart (2022:37)


Structures causatives

La notion de causalité est centrale dans les structures causatives.

La cause est le rôle thématique d'un argument dont le référent est la cause de l'action dénotée par le prédicat. Le rôle de cause peut, ou pas, coïncider avec l'agent de l'action, son instigateur effectif. Dans une structure causative, la cause et l'agent de l'action sont dissociés.


kement ...ma

En (3), l'élément qui apporte la cause est la proposition matrice, et la conséquence est la proposition enchâssée débutant par ma.


(3) Kement a vall a oa warnañ da vont kuit ma lezas e holl zanvez war e lerc'h.
[ autant de1 hâte R était sur.lui de1 aller parti ] que4 laissa son1 tout1 affaire sur.son.suite
'Il était tellement pressé de partir qu'il a laissé toutes ses affaires.'
Cornouaillais (Pleyben), ar Gow (1999:31)


Terminologie

En breton, le terme pour 'cause' est abeg. Le nom abeg peut aussi avoir d'autres sens.


(1) An dud a oa troet da gaoud abeg en oll aliez.
le 1gens R1 était tourn.é de1 avoir ? en.le tout souvent
'Les gens médisaient sur tout le monde.'
Léonard (Plouzane), Briant-Cadiou (1998:17)


Pour les subordonnées précisément, Kervella (1947:§724) utilise le terme de renadenn abeg. On trouve aussi islavarenn-abegiñ.


Bibliographie

  • Favereau, F. 1997. Grammaire du breton contemporain. Morlaix: Skol Vreizh, §659-664, §670.