Alternance phonologique -n, -r, -l

De Arbres

L'alternance phonologique -n, -r, -l en finale de mot est un phénomène qui apparaît sur plusieurs éléments grammaticaux monosyllabiques. Ces éléments ne forment ni une classe syntaxique ni une classe sémantique.


Ce sont:


Variation dialectale

alternance ou pas

L'Académie bretonne (1922:150) considère que l'alternance n, l, r est obligatoire en Léon mais n'est pas faite en trégorrois. Cette alternance est aussi documentée en vannetais.


(1) Va c'henderv ha me a yoa war gorf hor rochedoù.
mon2 cousin et moi R1 était sur1 corps notre chemise.s
'Mon cousin et moi étions en chemise.'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:21)


(2) Guskemanteu hur bro ne fehé bout par dehé.
vêt.ement.s notre pays ne1 serait être semblable à.eux
'Il ne saurait être de costumes comparables aux costumes de notre pays.'
Vannetais, Héno (1910:19)


À la fin du vannetais pré-moderne, Thibault (1914:175, 179) note qu'à Cléguérec en Morbihan, "ken ou kin, adverbe, 'aussi', servant à former le comparatif d'égalité, s'emploie en toutes positions aussi bien devant une consonne que devant une voyelle", ainsi que le possessif hon.

On trouve de nos jours la forme hon sans alternance dans les dialectes centraux (pour le trégorrois, voir Konan 2017:264; hon c'hi, hon flankenn, hon zad). Selon Le Berre (2009:16), "Hon est toujours d'usage universel dans une grande partie des parlers vivants à l'Est de la Basse-Bretagne (cf. carte 383 de l'ALBB. de Pierre Le Roux où 'notre chien' est prononcé /õn hi/ aux points 17, 20, 23, 39, 40, 64, etc..)".

-r devant toutes les consonnes liquides

 Le Berre (2009:16):
 "al et hol sont toujours inusités dans bien des parlers méridionaux (or, hor leor = 'un, notre livre').

Diachronie

moyen breton

En moyen breton, l'article défini est toujours an (German 2007:166).

  • deut dan gaer poaz eo an panennou
'Rentrez chez vous, les pains sont cuits'
Moyen breton (1396), ms. BN. lat. 1314


Le Berre (2009) relève de même une absente d'accommodation à l'écrit dans le Stabat Mater de Guéguen en 1622. Il cite an passion (v. 5) ; hon speredau (v. 44) ; hon bet (v. 52). La graphie en moyen breton est un indicateur faible, mais les vers 74 à 80 "contiennent une longue série d'allitérations en –on et –an qui serait considérablement affaiblie si l'on accommodait la consonne finale de an. Guyonvarc'h (1984:87) compare le texte de moyen-vannetais (1499) Gl.AvH avec le breton de Batz-sur-Mer (1875) rapporté par Bureau (1878). Il note que le moyen breton oral rapporté par le voyageur allemand Arnold von Harff ne marquait pas l'accommodation des consonnes sur les articles, alors que le texte littéraire de 1875 note presque toutes les accommodations, sauf devant l.


 Le Goaziou (1950):
 "dans l'édition de 1633 [des colloquou ], pour les articles AN 'le' et UN 'un', on trouve souvent AR et UR devant des mots commençant par B, C, F, G, M, P. etc ; AR PEZ voisine avec AN PEZ (1ère partie, pages 55-57, 106-107 et 139-144). […] Il faut remarquer que [le changement de] AN et de UN en AL et UL apparaît la dernière : pour 'le livre' on trouve même AR LEUR."


En moyen breton vannetais, l'alternance est marquée sur le comparatif équatif quen, quel, quer dans les Noueloù Gwened fin XVI°, début XVII° (Hemon 1956:xlv). Elle semble apparaître juste sur le possessif 1PL hon/hun (l. 332 hun Saluer, vs. l. 358 hur Saluer, Hemon 1956:xlviii). L'Académie bretonne (1922:150) considère aussi que la forme hon sans alternance est la plus ancienne.

Terminologie

Guyonvarc'h (1984) et Le Berre (2009) utilisent en français le terme d' accommodation.

Bibliographie