-eg, -og (N.)

De Arbres
(Redirigé depuis -ok)

Le suffixe -eg ou -og s'affixe sur un nom. Il obtient un autre nom qui dénote une collection, une abondance de la dénotation de son nom de base, où le lieu de cette abondance.


(1) Ar bleizi ' zo er goadeg, eus emaint.
le loup.s R1 est en.le 1bois.ée P sont
'Le fait est que les loups sont dans le bois.' (bien sûr)
Menard & Kadored (2001:'eus')


Le suffixe -eg est particulièrement représenté dans les noms de lieux caractérisés par ce qu'on y trouve en abondance.


(2) talieg 'gisement de laminaires', Favereau (1997:§155)


Trépos (2001:76) donne foenneg 'lieu où on trouve du foin', drezeg 'roncier', gwerneg 'lieu des aulnes'.


Morphologie

allomorphes -eg, -og, -ug

Trépos (2001:76) signale que ce suffixe est -og en Léon occidental (legestrog 'lieu des homards'). Favereau (1997:§155) signale aussi la forme taliog 'gisement de laminaires' comme léonarde.


(2) Dastumit an dreog ha grit hordennoù anezho da zeviñ.
collectez le ivraie et faites fagot.s de.eux à1 brûler
'Ramassez l'ivraie et faites-en des fagots à brûler.'
Breton pré-moderne, KAV. (1909:77)
cité dans Le Gléau (1973:48)


Trépos (1959:377) propose que le suffixe -ug de buzhug 'vers de terre' est aussi un allomorphe du suffixe -eg. Il relève dans la carte 47 de l'ALBB la forme bureg.


composition

base

Kervella (1947:§827) note que la base est tantôt un nom collectif (donc syntaxiquement pluriel), un nom singulier, parfois un nom avec un morphème singulatif. Il donne:

balaneg, lanneg, foenneg, lec'hideg, ruskeg, kistineg, kelvezeg, broeneg, gwezeg...
maeneg
dervenneg, avalenneg, favenneg, gwezenneg...


On trouve aussi des noms massiques comme taouarc'h 'tourbe'.


(3) un taouarc'heg e Bro-Iwerzhon
un tourb.ière en Irlande
'une tourbière en Irlande'
Standard, Ar Meur (2008)


finales complexes

-egi, PL

Le suffixe pluriel -i obtient finale -egi.


(4) … ne welomp nemet gwinizhegi bras, berrik-tra an ed enne ha treut...
ne1 voyons seulement blé.champs grand court.DIM-chose le blé en.eux et maigre
'… nous ne voyons que de grands champs de blé, aux céréales très courtes et maigres.'
Vannetais, Herrieu (1994:80)
-adeg

En composé avec le suffixe -ad, -eg obtient la finale -adeg qui marque une action collective. En (5), votadeg dénote l'ensemble des actions individuelles de voter.


(5) Pa oa bet ar votadeg …
quand1 était été le 1vot.ation
'lors des élections … '
Trégorrois, Gros (1984:348)


(6) Hirio ema an dennadeg lin eno.
aujourd'hui est le 1tir.-ad.sfx lin y
'Aujourd'hui, a lieu l'arrachage du lin chez eux.' (à plusieurs)
Trégorrois, Gros (1984:348)


-egezh

En composé avec le suffixe -ezh qui dérive des noms abstraits, -eg obtient la finale -egezh.


(7) Hag an holl diegezh a yae eus un ti d'egile.
et le tout1 maisonn.ée R allait de un maison à1 autre
'Et toute la maisonnée allait d'une maison à l'autre.'
Douarneniste, Denez (1996:77)


-edeg

Favereau (1993) donne comme équivalents gwinizheg et gwinizhedeg, f. -i, -ier, -où, 'parcelle de blé'.


genre

Les auteurs diffèrent dans leur définition sémantique du suffixe, mais les noms de lieux sont unanimement considérés comme féminins (Le Gonidec 1850:21, Deshayes 2003:41). Selon Trépos (1968:§129), le suffixe -eg "indiquant le lieu où se trouve un végétal", est féminin comme dans foenneg 'prairie'. Selon Chalm (2008:W-214) et Cheveau (2017:§37), les noms en -eg dénotant une collection sont toujours féminins.


(1) Ar bleizi ' zo er goadeg, eus emaint.
le loup.s R1 est en.le 1bois.ée P sont
'Le fait est que les loups sont dans le bois.' (bien sûr)
Menard & Kadored (2001:'eus')


(2) Eul lanneg vras gant eur mean-hir en he c'hreiz.
un land.ée 1grande avec un pierre-long en son2 centre
'Une grande lande avec en son centre un menhir.'
Léonard, Perrot (1907:13)


Les noms en -eg qui sont masculins relèvent la plupart du temps d'autres suffixes homophones: le suffixe -eg des noms de langues, ou le suffixe de nom d'animé -eg, -og comme dans amezeg 'voisin' ou beleg 'prêtre'. Le Gonidec (1850:21) ajoute quelques cas résiduels de noms masculins qui selon lui désignent "la possession" et sont masculins: bouteg 'hotte', gwenneg 'sou' et peut-être keveleg 'bécasse'.

nombre

  • -où

Selon Favereau (1997:§155), le pluriel des noms de lieux est en -où, et -i en vannetais.


  • -i

Les pluriels en -i sont documentés en vannetais. Le Bayon (1878:17) donne sapinek, sapinegi 'sapinières' sur sapin 'sapins', benalek, benalegi 'genetaies' sur benal 'genêts', teilek, teilegi 'fumiers' sur teil 'fumier'.

Les pluriels en -i se trouvent hors du vannetais. Ménard (2012) donne 'futaie' fusteg, f. -i; 'orangeraie' orañjezeg, f. -i; 'pommeraie' avalenneg, f. -i, -où.


  • -eier

Selon Hemon (2000:§24,4,fn.1) le pluriel des noms de lieux en -eg est parfois en (-egier>) -eier. Il donne foënnéyer (GR.:747), foenneier (BSA.:177) sur la base foenneg, 'lieu où on trouve du foin'.

Selon Hemon (2000:§24,4,fn.1) le pluriel des noms de collection en -eg, comme les noms de lieux, ont un pluriel en -eier. Il ne fournit que des exemples de nom de lieu.


  • -igi

Selon Chalm (2008:W-214), les pluriels sont en -où ou en -igi.

Sémantique

La sémantique de ce suffixe -eg excède largement les noms de lieux. Le nom levraoueg, 'bibliothèque' (Chalm 2008:W-214), est autant le nom de la collection de livres que le nom du lieu où ils sont regroupés.

Le nom maneg 'gant' réfère à une entité singulière. Si collection s'il y avait, elle serait plausiblement réduite à deux gants. Un singulatif féminin -enn s'y ajoute pour obtenir un gant solitaire (un 'gant de toilette').


(1) Amañ 'mañ ar vanegenn, an tamm savoñ.
ici est le 1gant.SG le morceau savon
'Le gant est là, le morceau de savon aussi.'
Léonard, Kervella (2009:187)


Enfin, quelques cas ressortent peut-être d'une dérivation avec un suffixe -eg différent. Le nom pour 'oreiller' est composé d'une suffixation en -eg sur le nom collectif plu 'plumes' ou pluñv 'plumage'.


(1) Me na lakaan plueg ebed dindan ma fenn.
moi ne.R mets plum.eux aucun sous mon2 tête
'Je ne mets pas d'oreiller sous ma tête.'
Trégorrois, Gros (1984:362)


horizons comparatifs

Deshayes (2003:41) compare sémantiquement le suffixe -eg des noms de lieux au suffixe -aie en français et au gaulois -akon latinisé en -acum.

Diachronie

Selon Deshayes (2003:41), le suffixe -eg, -og des noms de lieux vient du vieux breton -oc.

À ne pas confondre

Il existe beaucoup de morphèmes différents réalisés en /ɛk, ɛg/. Ils sont inventoriés ici.

Il est important de distinguer les noms de collection en -eg, -og et les noms collectifs, qui sont toujours pluriels.

Le morphème -eg qui marque les noms d'agent (amezeg 'voisin'), existe aussi sous la variante -og.

Bibliographie