-nezh

De Arbres

Le suffixe -nezh dérive des noms abstraits à partir d'adjectifs.


(1) Drouk-hirnez ez eus ennon hiziv d'am bro c'hleborek ha glas.
mal.longu.eur R+C est en.moi aujourd'hui à mon2 pays 1humid.ess.é et vert
'Je me languis aujourd'hui de mon pays humide et vert.'
Standard, Drezen (1932:11)


Kervella (1947:§839) donne furnezh, hudurnezh, kernezh, kaezhnezh, skuizhnezh, hirnezh.

Helias (1986:13) donne furnez 'sagesse', sur l'adjectif fur 'sage'.


Morphologie

allomorphe en -niezh ?

Favereau (1993:'hudurnezh') donne la variante hudurniezh 'luxure'.

Cette finale pourrait être un composé des deux suffixes -ni et -iezh qui servent former des noms abstraits.

Sémantique

Les différents suffixes formant des noms abstraits peuvent co-exister.


(2) skuizh.-entez, n. f.
skuizh.-der, n. m.
skuizh.-ded, n. f.
skuizh.-nezh, n. f.
'(la) fatigue'
Favereau (1993:'fatigue')

Diachronie et horizons comparatifs

 Ernault (1903):
 "Le suffixe -neah est régulier en face du moyen breton cufnaez 'douceur', fur-nez 'sagesse', léon. furnez, trégorrois vurnes, etc. Grégoire (De Rostrenen (1738)) donne en vannetais furne et l'Armerye (1744) furnéss; Châlons (1723) ms a quatre fois furnés, mais ce sont des adaptations du léon., cf. Gloss. 520, 521."


En cornique, le suffixe -neth est productif pour les noms abstraits désadjectivaux. Il a été renforcé par le vieil anglais et le moyen anglais -ness (Irslinger 2014:92, George 1992:211).

À ne pas confondre

Deshayes (2003:42) distingue les suffixes -nez et -nezh, mais stipule que tous deux s'affixent "à un adjectif qualificatif pour former des substantifs féminins indiquant une qualité". La nécessité de distinction entre deux suffixes différents est donc immatérielle.


Favereau (1997:§168) donne kernezh 'disette' et furnezh 'sagesse' comme dérivés en -ezh, un suffixe qui sert aussi à former des noms abstraits. Cependant, on reconnaît la consonne du suffixe -nezh.

Kervella (1947:§839) donne aussi lorgnezh 'lêpre' alors que le suffixe -nezh ne connait pas d'allomorphe en /ɲes/. Il s'agit d'un nom formé anciennement sur la racine adjectivale lovr (1499) 'lépreux, veule, apathique, flasque' (Deshayes 2003:§'lovr'). À ne pas confondre avec les noms formés sur la racine lorgn, comme lorgnezh, lorgnaj 'saleté', formé en lorgn-ezh ou lorgn-aj (Deshayes 2003:§'lorgnañ').


Hemon (2000:§24,8) ne reconnait pas de suffixe en -nezh, mais il signale deux noms où il dit ne pas s'expliquer la présence de la consonne /n/ avant le suffixe -ezh. Il note une analogie avec la finale /n/ de itron. Il ne s'agit pas dans ces cas de notre suffixe -nezh car la base n'est pas adjectivale.

  • autrou, aotrou > autrounez (B.:n.228); aoutrounez (EKG.II.:54); ottrone (BD.:321)
  • roe, roue > rouanez (Nl.:n.36, RS.:9); rouane (BD.:719); rouannez (NG.:292)


Kervella (1947:§839) donne aussi hiraezh comme résultant d'une dérivation en -nezh. Deshayes (2003:§'hir') dérive lui hiraez 'impatience, nostalgie' en hir + -ezh, et l'oppose à hirnez 'longueur (de temps)', hir + -nezh.


Il existe plusieurs autres suffixes qui prennent au moins une des formes en /es, ez, e/. Ils se trouvent sous les formes écrites -ez, -e(z), -ezh.


Bibliographie