-isañ

De Arbres

La finale verbale en -isañ apparaît sur les verbes correspondant aux verbes français en ir (choisisañ, 'choisir', finisañ, 'finir').


(1) evid 'n-om reünissañ.
pour se réunir
'pour se réunir.' Haute-Cornouaille (Plouyé), Kazetenn ar Menez 1981, audio sur brezhoneg digor


La présence de la consonne /s/ suggère que l'emprunt s'est effectué via la nominalisation d'un verbe en -ir du français.


En Haute-Cornouaille, Lozac'h relève reflechissañ, 'réfléchir' à Kergrist-Moëlou (audio sur brezhoneg digor). On trouve aussi, dans Kazetenn ar Menez (1981), à Scrignac et Plouyé:


Divertissañ, 'divertir' audio sur brezhoneg digor
Fournissañ, 'fournir' audio sur brezhoneg digor
Reünissañ, 'réunir' audio sur brezhoneg digor ici et ici
Favereau (1993:'reunissañ')


Morphologie

composition

Les verbes bretons avec une finale en -isañ sont des noms dont le radical finit en -is- (typique des emprunts de nominalisations de verbes en -ir du français), auxquels a été rajouté le suffixe infinitif -añ.

A ces mêmes verbes formés sur des noms en -is- correspond la forme du participe en -is--et.


(2) Ar mêr neus fournisset ar lokal.
le maire a fournit le local
'Le maire a fourni le local.' Plouyé, haute-Cornouaille, Kazetenn ar Menez 1981, audio sur brezhoneg digor

Diachronie

L'apparition de ce suffixe pour les emprunts au français n'est pas récent dans la langue.

  • oboissañ, oboisaf, 1499 < français < latin oboedire, 'obéir', Deshayes (2003:'oboissañ')
  • fournissañ, fournissaff, 1499 < français fornir, 1160, Deshayes (2003:'fourniss')
  • disparissañ < disparisa, 1659, Deshayes (2003:'aparissañ')
  • divertissañ < divertiçza, 1732, Deshayes (2003:'divertissañ')


La consonne /s/ du suffixe breton est probablement une généralisation à partir des emprunts des nominalisations en /-ɑ̃s/ de verbes français en -ir.

  • oboissañs, oboisancc 1499 < moyen français obboissance, 'obéissance', Deshayes (2003:'oboissañ')
  • fournisser, fournissour, 1732 < français fournisseur, Deshayes (2003:'fourniss')
  • divertissamant < divertiçzamand, 1732 < français divertissement, Deshayes (2003:'divertissañ')


Cette hypothèse explique aussi les formes dont le correspondant infinitif français est en -aître, et qui font aussi des nominalisations comportant la consonne /s/.

L'emprunt du verbe 'disparaître' obtient aussi une finale en -isañ (disparissañ, 'disparaître', audio sur brezhoneg digor).