-idi, -iri, -eri, -euri

De Arbres
(Redirigé depuis -iri)

Le suffixe -idi, -eri, -euri ou -iri sert à former des noms abstraits, et des noms de lieux.


(1) … kerz da ober géd, du-hont, a-dreñv puñs ar vereuri.
marche de1 faire guet côté-là-bas derrière puis le 1métairie
'… va faire le guet, là-bas, derrière le puits de la métairie.'
Standard, Drezen
cité dans Seite & Stéphan (1957:145)


Trépos (1968:§120) donne soniri 'sonnerie', kaniri 'chant'.

Favereau (1997:§179) donne fachiri 'fâcherie', koantiri 'beauté'.


Morphologie

genre

Les noms en -eri, -euri ou -iri sont féminins (Trépos 1968:§129, Press 1986:62, Favereau 1997:§179).

Trépos (1968:§129) donne kakouzeri 'léproserie', kaniri 'chant'.


Cependant, si Le Bayon (1878:15) donne le féminin kelteri, kerteri 'famine', il donne aussi le masculin lusteri 'immondices'.


nombre

Ils font leur pluriel en -où.


allomorphes et variation dialectale

-euri vs. -eri

Favereau (1997:§179) considère vannetaise la forme -eri , et léonarde la forme -euri pour laquelle il donne gouezeuri (Léon), 'terre en inculture'.

Deshayes (2003:'gouez') donne gouezeuri 'fauverie, inculture', 1890. Le Gall (1957) donne braveuri 'beauté' à l'Hôpital-Camfrout. Il signale que la forme braventez "des dictionnaires", avec donc le suffixe -entez, y est inutilisée.

Press (1986:62) donne kaniri/kaneri, ar ganiri 'l'hymne'.


Sémantique

noms de lieu

Probablement par influence du suffixe français -erie, ce suffixe dérive aussi des noms de lieux. Trépos (2001:77) donne kakouzeri, 'léproserie, corderie'. Favereau (1997:§179) donne ur gigeri 'une boucherie' et ur vereuri, ou en Pélem ur veridi 'une métairie'.


(2) En givijeri an ejened a zo buoc'hed.
en.le tannerie le bœuf.s R est vache.s
'Dans les tanneries, les bœufs sont des vaches'
Proverbe, Abalain (2001:43)


Diachronie et horizons comparatifs

Deshayes (2003:41) et Irslinger (2014:98) dérivent ‑iri, ‑eri, formant des noms abstraits désadjectivaux et des noms de lieux, du suffixe français ‑erie, f.

L'inclusion des noms de lieux dans la sémantique du suffixe date au moins du XVII°, car on relève merery en 1633 et merouri 'métairie' en 1659 (Deshayes 2003:'mereri'), qyguery 'boucherie' en 1732 (Deshayes 2003:'kig') et qacousery 'corderie, léproserie' en 1732 (Deshayes 2003:'kakous').

Bonnard & Régnier (1989:25) notent que le latin -arĭcium/-am a donné en ancien français les suffixes d'adjectifs substantivés féminins -erece, -eresse comme bergerece 'bergerie', costerece 'petit panier', porcherece 'porcherie', secheresse (XII°). La forme masculine -erez a été remplacée par -eret ou -esse. L'emprunt aux suffixes à l'étape de l'ancien français n'aurait pas donné -idi, -iri, -eri, -euri. Cet emprunt a donc été plus tardif.

Irslinger (2014:94) signale en moyen cornique un suffixe -uri, -duri qui obtient des noms abstraits à partir d'une racine d'emprunt adjectival, sans équivalent en vieux français ou en latin. Elle propose avec George (1993:336) une création à partir des mots anglais luxury 'lux(ur)e', trayturi 'tricherie', trayta 'trahison', de l'anglo-français traitourī(e).


À ne pas confondre

Press (1986:62) note que an diri, 'l'escalier', est masculin. Il ne contient pas de suffixe -iri.