-igoù

De Arbres

Les noms pluriels qui prennent un diminutif en -ig ont une finale en -igoù (Hingant 1868:§20).


Herri (1982:14) utilise indifféremment en corpus baraoù-bihan et baraouigoù 'petits pains'. La finale est en -ouigoù.


Certains manuels proposent que -igoù est le suffixe pluriel des diminutifs (Seite & Stéphan 1957:117). C'est le cas pour paotrigoù 'petits garçons' formé sur paotr 'garçon', mais il se passe autre chose dans la dérivation concurrente, lorsque -igoù apparaît sur une base plurielle comme dans paotredigoù 'petits garçons'.


Morphologie

base sur duel

Hemon (1976:87) note la possibilité pour -igoù d'apparaître sur un nom duel. Rostrenen (1732:615) donne daouarnigou, 'paire de petites mains', mais la lecture montre que le duel est externe car ce sont les mains qui sont petites, et non la paire. Il n'est pas clair si la lecture 'petite paire de mains' est aussi possible pour daouarnigoù.


nominalisation

La finale en -igoù peut-être le seul matériel morphologique réalisé pour une nominalisation, comme en (1) à partir d'un adverbe.


(1) A-nebeudigoù e ta an deiz.
à-peu.DIM. R4 vient le jour
'Le jour vient peu à peu.'
Vannetais, Herrieu (1994:213)


Doubles pluriels ?

La finale en -igoù se retrouve après divers morphèmes du pluriel, dans les finales en -ierigoù, -oùigoù, -edigoù.


(2) … gand ma n'am lezo ket a-istribilh gant va boulomoùigoù.
pourvu.que4 ne me laissera pas en.plan avec mon2 bonhomme.s.petits
'Pourvu qu'elle ne me laisse pas en plan avec mes statuettes !'
Standard, Drezen (1932:27)


Elle se trouve aussi après un nom collectif (3). Ce sont ces cas qui forment le paradigme des doubles pluriels.


(3) he oll mohigou
son2 tous porcs.elet.s
'tous ses porcelets.'
Cornouaillais (L'Hôpital-Camfrout), Le Gall (1958:'mohigou')

Diachronie

Hemon (1975a:§24, 14) semble considérer que l'affixation sur base singulier est un cas relativement rare. Il donne avaligou 'petites pommes' Am.:n.543, envnigo 'petits oiseaux' SBI:156, pedennigueu 'petites prières' BEL-:I. Hemon (1976:87) donne le vieux breton pellinicou 'petites balles', DGVB.:282, et le moyen breton banigou 'petites collines', Gloss.:53, enesigou 'petites îles', Gloss.:211, fentenigou 'petite fontaines', Gloss.:236, avaligou 'petites pommes', Am.:n.543, etc. Il relève une finale en -igoù sur singulatif en -enn: biliennigou 'petits galets', Dnal.:191.

Hemon (1975a:§24, 14) semble considérer que l'affixation sur base plurielle est plus répandue. Il donne oanedigou 'petits agneaux', IN.:334, traouigou 'petites choses', IN.:304, pedennouigou 'petites prières' BAL.:173, merc'hedigo 'petites filles' SBI::310, bugaleygaou 'petits enfants' Nl.:n.14, vugaleigou MBR.:8. Il note aussi que la base plurielle peut être un nom collectif, comme dans tudigoù 'gens de peu' RP. 405, chataligou petit bétail', RS. 297, guenanigou 'petites abeilles' IN. 368, dilladigou 'petits habits', HB. 278. Il classe étonnamment le pluriel supplétif chas dans les noms collectifs, chassigueu 'petits chiens', BT-:100. Hemon (1976:87) ajoute quelques doubles pluriels en moyen breton, bugaleigou 'petits enfants', Nom.:163, brancouigou 'petites branches', Nom.:102, tiezigou 'petites maisons', Nom.:190, etc. Il relève aussi des finales en igoù sur nom collectif, frouezigou 'petits fruits', Nom.:71, periquou 'petites poires', Am.:n.554.

Ernault (1895-6:440) considère que les formes sur -ou- en -ouigoù, n'apparaissent qu'en moyen breton tardif.


horizons comparatifs

Hemon (1976:87) relève le suffixe -ygow sur pluriel en cornique dans flehysygow 'petits enfants', Origo Mundi 1868, tymmynnygow 'petits bouts', (R. Morton Nance, Cornish-English Dictionnary p. 193).