Différences entre les versions de « -er, -our »
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Les noms d'agent en ''-er, -our'' forment leur [[pluriel]] en ''[[-ien, -ion (PL)|-ien]]'' ou ''[[-ien, -ion (PL)|-ion]]'', ce qui donne les finales en ''[[-erien]]'', ''[[-erion]]'', ''[[-ourien]]'' et ''[[-ourion]]''. | |||
Le pluriel révèle la valeur d'allomorphe de ''-er, -our'', car pour un même locuteur, sa valeur peut varier selon que le pluriel apparaît ou pas. | |||
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Le Vannetais préfère les mots en ''[[-our]]'', mais le pluriel reste en '''''-er'''ion''. | |||
''eur Gwenedour'', 'un Vannetais' / ''Gwenederion'', 'des Vannetais' | |||
''gwentour'', 'vanneur' / ''gwenterion'', 'des vanneurs' | |||
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Le suffixe ''-er'' semble pouvoir aussi se trouver sous la forme ''-aer''. | |||
[[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§833) donne ''skolaer'', 'enseignant' et ''gwenaer'', 'veneur', qui ne sont pas aisément réductibles à la suffixation verbale en ''[[-a]]''. | |||
Ces allomorphes peuvent aussi parfois marquer une différence sémantique ou dialectale. | |||
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Selon [[Vallée (1980)|Vallée (1980]]:XVII), la forme ''-our'' est "plus celtique", et est préférée pour la formation de "noms d'agents supérieurs, d'hommes de science". [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§833) le suit et compare ''kaner'', 'personne qui chante' à ''kanour'', 'artiste chanteur', et ''liorzher'', 'personne qui travaille dans les jardins' à ''liorzhour'', 'paysagiste'. | Selon [[Vallée (1980)|Vallée (1980]]:XVII), la forme ''-our'' est "plus celtique", et est préférée pour la formation de "noms d'agents supérieurs, d'hommes de science". [[Kervella (1947)|Kervella (1947]]:§833) le suit et compare ''kaner'', 'personne qui chante' à ''kanour'', 'artiste chanteur', et ''liorzher'', 'personne qui travaille dans les jardins' à ''liorzhour'', 'paysagiste'. | ||
Dans ce cas, c'est la sociologie de la langue qui crée des variations sémantiques sur deux allomorphes grammaticalement équivalents. | |||
La différence sémantique potentielle entre ''-er'' et ''-our'' croise une différence dialectale. La carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-523.jpg 523] de l'[[ALBB]] donne la traduction de ''pêcheur'', et montre la forme ''pesketour'' présente dans toute la moitié Sud de l'aire parlante. La forme ''pesket(a)er'', elle est présente dans toute l'aire Nord, mais aussi en Cornouaille qui présente donc les deux formes. | |||
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La différence sémantique potentielle entre ''-er'' et ''-our'' croise une différence dialectale ertaine. La carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-523.jpg 523] de l'[[ALBB]] donne la traduction de ''pêcheur'', et montre la forme ''pesketour'' présente dans toute la moitié Sud de l'aire parlante. La forme ''pesket(a)er'', elle est présente dans toute l'aire Nord, mais aussi en Cornouaille qui présente donc les deux formes. | |||
Les formes ''-er'' et ''-our'' coexistent chez [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:13), qui donne ''magér'', 'nourricier', ''dornér'', 'batteur', ''toér'', 'couvreur', ''kouskér'', 'dormer' et ''kan̄our'', 'chanteur', ''malour'', 'meunier', ''tokour'', 'chapelier'. Les traductions qu'il donne pourraient refléter la différence sémantique pointée par Vallée et Kervella. | Les formes ''-er'' et ''-our'' coexistent chez [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:13), qui donne ''magér'', 'nourricier', ''dornér'', 'batteur', ''toér'', 'couvreur', ''kouskér'', 'dormer' et ''kan̄our'', 'chanteur', ''malour'', 'meunier', ''tokour'', 'chapelier'. Les traductions qu'il donne pourraient refléter la différence sémantique pointée par Vallée et Kervella. | ||
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Selon [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:320) à Plozevet, <font color=green>/-ur/</font color=green> et <font color=green>/-ɛr/</font color=green> sont en variantes libres "dans certains cas". | Selon [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:320) à Plozevet, <font color=green>/-ur/</font color=green> et <font color=green>/-ɛr/</font color=green> sont en variantes libres "dans certains cas". | ||
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On retrouve aussi le suffixe ''-er, -our'' dans les finales en ''[[-aer, -aour]]'' composées sur le suffixe verbal ''[[-a]]''. | On retrouve aussi le suffixe ''-er, -our'' dans les finales en ''[[-aer, -aour]]'' composées sur le suffixe verbal ''[[-a]]''. | ||
== Sémantique == | == Sémantique == |
Version du 12 août 2015 à 10:36
Le suffixe nominalisant -er ou -our est un suffixe qui obtient un agent, surtout pour la formation des noms de métier ou de fonction.
(1) | ar blenier, | lorc'hus ha reut a-walc'h | an tamm anezhañ. | |
le conducteur | orgueill.eux et raide assez | le morceau P.lui | ||
'le conducteur, fier et raide'., Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:57) |
Trépos (2001:76) donne eoster, 'moissonneur'; kemener, 'tailleur'; miliner, 'meunier', et pour le vannetais (p.78) barnour, 'juge', marhadour, 'marchand'.
Morphologie
La carte 372 de l'ALBB documente la variation dialectale de la réalisation morphologique du suffixe -er pour la traduction de 'tailleur'. La voyelle change dans un spectre allant de /ə/ à /i/, mais on ne relève pas de formes en -our.
-er vs. -our vs. -aer
allomorphes -er vs. -our
Les noms d'agent en -er, -our forment leur pluriel en -ien ou -ion, ce qui donne les finales en -erien, -erion, -ourien et -ourion.
Le pluriel révèle la valeur d'allomorphe de -er, -our, car pour un même locuteur, sa valeur peut varier selon que le pluriel apparaît ou pas.
Merser (2009): Le Vannetais préfère les mots en -our, mais le pluriel reste en -erion. eur Gwenedour, 'un Vannetais' / Gwenederion, 'des Vannetais' gwentour, 'vanneur' / gwenterion, 'des vanneurs'
allomorphe en -aer
Le suffixe -er semble pouvoir aussi se trouver sous la forme -aer.
Kervella (1947:§833) donne skolaer, 'enseignant' et gwenaer, 'veneur', qui ne sont pas aisément réductibles à la suffixation verbale en -a.
Ces allomorphes peuvent aussi parfois marquer une différence sémantique ou dialectale.
variation sémantique
Selon Vallée (1980:XVII), la forme -our est "plus celtique", et est préférée pour la formation de "noms d'agents supérieurs, d'hommes de science". Kervella (1947:§833) le suit et compare kaner, 'personne qui chante' à kanour, 'artiste chanteur', et liorzher, 'personne qui travaille dans les jardins' à liorzhour, 'paysagiste'.
Dans ce cas, c'est la sociologie de la langue qui crée des variations sémantiques sur deux allomorphes grammaticalement équivalents.
variation dialectale
La différence sémantique potentielle entre -er et -our croise une différence dialectale ertaine. La carte 523 de l'ALBB donne la traduction de pêcheur, et montre la forme pesketour présente dans toute la moitié Sud de l'aire parlante. La forme pesket(a)er, elle est présente dans toute l'aire Nord, mais aussi en Cornouaille qui présente donc les deux formes.
Les formes -er et -our coexistent chez Le Bayon (1878:13), qui donne magér, 'nourricier', dornér, 'batteur', toér, 'couvreur', kouskér, 'dormer' et kan̄our, 'chanteur', malour, 'meunier', tokour, 'chapelier'. Les traductions qu'il donne pourraient refléter la différence sémantique pointée par Vallée et Kervella.
Selon Goyat (2012:320) à Plozevet, /-ur/ et /-ɛr/ sont en variantes libres "dans certains cas".
genre
Les suffixes en -er, -our sont masculins.
Une suffixation additionnelle en -ez obtient un nom féminin (Kervella 1947:§833). Les noms féminins ont un pluriel en -ezed (Kervella 1947:§833).
composition
On retrouve le suffixe -er dans les finales en -erezh et -erell, qui montre un allomorphe en composition en -or (-orell).
On retrouve aussi le suffixe -er, -our dans les finales en -aer, -aour composées sur le suffixe verbal -a.
Sémantique
nom d'agent
La sémantique du suffixe excède les noms de métier, et s'étend à tous les agents.
(3) | Damverzout a ra bremañ ar c’housker furmoù all, | maouezed peuzziwiskoc’h | an eil re eget ar re all. | ||
semi.remarquer R fait maintenant le dormeur formes autre | femmes presque.déshabillé.plus | le second que le ceux autre | |||
'Le rêveur commence à remarquer d'autre formes, des femmes presque plus dénudées les unes que les autres.' | |||||
Standard, Drezen (1990:12) |
-er, -our vs. -ad, -iad
Vallée (1980:XVII) note que la différence sémantique entre le suffixe -er, -our et le suffixe -ad, -iad "distingue les sens actif et passif". Il compare:
(1) donezoner, donezonour, 'donateur' et donezoniad, 'donataire'
- dilezer, dilezour, 'cédant' et dileziad, cessionnaire'
Kervella (1947:§831) le suit. Il oppose prizonier, 'personne qui fait de la prison' et prizoniad, 'personne détenue, incarcérée'.
nom d'inanimé
Le suffixe -er peut se trouver sur quelques inanimés désignés par leur fonction. Vallée (1980:XXII) donne plad-gwelc'her, 'cuvette', et eur c'hoarz goapaer, 'un rire moqueur'.
Diachronie
Le Brigant (1779:29) rapproche la finale en -our du nom gour, 'homme', ce qui est consistant avec la sémantique d'un nom d'agent.
Kersulec (2010:153) et Irslinger (2014:99) dérivent le suffixe -er du vieux breton -or.
A ne pas confondre
Il existe un suffixe nominal en -or dont la variante Haute-cornouaillaise est -our.
Selon Kervella (1947:§833), certaines finales en -er viennent d'un emprunt de nom français en -eur. Il cite malazer, trezher et keflusker. Cependant, le suffixe -eur du français peut aussi former les noms d'agent et les noms de machines effectuant une fonction, et il est donc probable que l'un renforce l'autre. La possibilité nouvelle de former des noms de choses en -er donne des pluriels en -erioù (trezherioù).
Kervella (1947:§833) cite baper(-ioù), 'papier(s)' comme un mot qui n'a pas de suffixe en -er, car féminin. Ce mot est cependant noté comme masculin dans Favereau (1993).