Différences entre les versions de « -er, -our »

De Arbres
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La différence sémantique potentielle entre ''-er'' et ''-our'' croise une différence dialectale. La carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-523.jpg 523] de l'[[ALBB]] donne la traduction de ''pêcheur'', et montre la forme ''pesketour'' présente dans toute la moitié Sud de l'aire parlante. La forme ''pesket(a)er'', elle est présente dans toute l'aire Nord, mais aussi en Cornouaille qui présente donc les deux formes.
La différence sémantique potentielle entre ''-er'' et ''-our'' croise une différence dialectale. La carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-523.jpg 523] de l'[[ALBB]] donne la traduction de ''pêcheur'', et montre la forme ''pesketour'' présente dans toute la moitié Sud de l'aire parlante. La forme ''pesket(a)er'', elle est présente dans toute l'aire Nord, mais aussi en Cornouaille qui présente donc les deux formes.


Pour le vannetais [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:13), les marques ''-er'' et ''-our'' coexistent. Il donne ''magér'', 'nourricier', ''dornér'', 'batteur', ''toér'', 'couvreur', ''kouskér'', 'dormer' et ''kan̄our'', 'chanteur', ''malour'', 'meunier', ''tokour'', 'chapelier'.
Les formes ''-er'' et ''-our'' coexistent chez [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:13), qui donne ''magér'', 'nourricier', ''dornér'', 'batteur', ''toér'', 'couvreur', ''kouskér'', 'dormer' et ''kan̄our'', 'chanteur', ''malour'', 'meunier', ''tokour'', 'chapelier'. Les traductions qu'il donne pourraient refléter la différence sémantique pointée par Vallée et Kervella.
 


Selon [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:320) à Plozevet, <font color=green>/-ur/</font color=green> et <font color=green>/-ɛr/</font color=green> sont en variantes libres "dans certains cas".
Selon [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:320) à Plozevet, <font color=green>/-ur/</font color=green> et <font color=green>/-ɛr/</font color=green> sont en variantes libres "dans certains cas".

Version du 7 décembre 2014 à 12:20

Le suffixe nominalisant -er ou -our est un suffixe qui obtient un agent, surtout pour la formation des noms de métier ou de fonction.


(1) ar blenier, lorc'hus ha reut a-walc'h an tamm anezhañ.
le conducteur orgueill.eux et raide assez le morceau P.lui
'le conducteur, fier et raide'., Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:57)


Trépos (2001:76) donne eoster, 'moissonneur'; kemener, 'tailleur'; miliner, 'meunier', et pour le vannetais (p.78) barnour, 'juge', marhadour, 'marchand'.


Morphologie

La carte 372 de l'ALBB documente la variation dialectale de la réalisation morphologique du suffixe -er pour la traduction de 'tailleur'. La voyelle change dans un spectre allant de /ə/ à /i/, mais on ne relève pas de formes en -our.


-er vs. -our

La différence entre les deux allomorphes peut être sémantique ou dialectale.

Selon Vallée (1980:XVII), la forme -our est "plus celtique", et est préférée pour la formation de "noms d'agents supérieurs, d'hommes de science". Kervella (1947:§833) le suit et compare kaner, 'personne qui chante' à kanour, 'artiste chanteur', et liorzher, 'personne qui travaille dans les jardins' à liorzhour, 'paysagiste'.


La différence sémantique potentielle entre -er et -our croise une différence dialectale. La carte 523 de l'ALBB donne la traduction de pêcheur, et montre la forme pesketour présente dans toute la moitié Sud de l'aire parlante. La forme pesket(a)er, elle est présente dans toute l'aire Nord, mais aussi en Cornouaille qui présente donc les deux formes.

Les formes -er et -our coexistent chez Le Bayon (1878:13), qui donne magér, 'nourricier', dornér, 'batteur', toér, 'couvreur', kouskér, 'dormer' et kan̄our, 'chanteur', malour, 'meunier', tokour, 'chapelier'. Les traductions qu'il donne pourraient refléter la différence sémantique pointée par Vallée et Kervella.


Selon Goyat (2012:320) à Plozevet, /-ur/ et /-ɛr/ sont en variantes libres "dans certains cas".

pluriel

Les noms d'agent en -er, -our forment leur pluriel en -ien ou -ion, ce qui donne les finales en -erien, -erion, -ourien et -ourion.

Le pluriel révèle la valeur d'allomorphe de -er, -our, car pour un même locuteur, sa valeur peut varier selon que le pluriel apparaît ou pas.

 Merser (2009):
 Le Vannetais préfère les mots en -our, mais le pluriel reste en -erion.
 eur Gwenedour, 'un Vannetais' / Gwenederion, 'des Vannetais'
 gwentour, 'vanneur' / gwenterion, 'des vanneurs'

genre

Les suffixes en -er, -our sont masculins. Une suffixation additionnelle en -ez obtient un nom féminin (Kervella 1947:§833).

Les noms féminins ont un pluriel en -ezed (Kervella 1947:§833).


allomorphe en -aer?

Le suffixe -er semble pouvoir se trouver sous la forme -aer.

Kervella (1947:§833) donne glaouaer, pilhaou(a)er, pesketaer, merc'hetaer, qui sont réductibles à une suffixation sur une base verbale suffixée en -a, -aoua, -eta.

Kervella (1947:§833) donne aussi skolaer, 'enseignant' et gwenaer, 'veneur'.


composition

On retrouve le suffixe -er dans les finales en -erezh et -erell, qui montre un allomorphe en composition en -or (-orell).

Sémantique

nom d'agent

La sémantique du suffixe excède les noms de métier, et s'étend à tous les agents.


(3) Damverzout a ra bremañ ar c’housker furmoù all, maouezed peuzziwiskoc’h an eil re eget ar re all.
semi.remarquer R fait maintenant le dormeur formes autre femmes presque.déshabillé.plus le second que le ceux autre
'Le rêveur commence à remarquer d'autre formes, des femmes presque plus dénudées les unes que les autres.'
Standard, Drezen (1990:12)


-er, -our vs. -ad, -iad

Vallée (1980:XVII) note que la différence sémantique entre le suffixe -er, -our et le suffixe -ad, -iad "distingue les sens actif et passif". Il compare:


(1) donezoner, donezonour, 'donateur' et donezoniad, 'donataire'

dilezer, dilezour, 'cédant' et dileziad, cessionnaire'


Kervella (1947:§831) le suit. Il oppose prizonier, 'personne qui fait de la prison' et prizoniad, 'personne détenue, incarcérée'.


nom d'inanimé

Le suffixe -er peut se trouver sur quelques inanimés désignés par leur fonction. Vallée (1980:XXII) donne plad-gwelc'her, 'cuvette', et eur c'hoarz goapaer, 'un rire moqueur'.


Diachronie

Le Brigant (1779:29) rapproche la finale en -our du nom gour, 'homme', ce qui est consistant avec la sémantique d'un nom d'agent.

Kersulec (2010:153) et Irslinger (2014:99) dérivent le suffixe -er du vieux breton -or.

A ne pas confondre

Il existe un suffixe nominal en -or dont la variante Haute-cornouaillaise est -our.

Selon Kervella (1947:§833), certaines finales en -er viennent d'un emprunt de nom français en -eur. Il cite malazer, trezher et keflusker. Cependant, le suffixe -eur du français peut aussi former les noms d'agent et les noms de machines effectuant une fonction, et il est donc probable que l'un renforce l'autre. La possibilité nouvelle de former des noms de choses en -er donne des pluriels en -erioù (trezherioù).


Kervella (1947:§833) cite baper(-ioù), 'papier(s)' comme un mot qui n'a pas de suffixe en -er, car féminin. Ce mot est cependant noté comme masculin dans Favereau (1993).