-edik, -idik, -ik

De Arbres
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Le suffixe -idik, -edik ou -ik forme des adjectifs.


(1) … muioc'h disfizius, muioc'h amgredig oant eget paotred Gwipavaz.
plus .confi.ant plus pfx1.croy.ant étaient que gars Guipavas
'… ils étaient plus méfiants, plus sceptiques que les gars de Guipavas.'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:114)


Le choix k/g de la consonne finale dépend du système orthographique; en isolation elle sera toujours dévoisée. Le Roux (1915:70) donne klanvidik 'maladif', spontik, aonik 'peureux'. Favereau (1997:§229) donne aonig 'peureux', spontig 'craintif', gwiridig 'douillet', kizidig 'sensible'.


Morphologie

allomorphes

Goyat (2012:329) pointe le suffixe -ig adjectival dans aonig, /peur-Adj./, 'peureux'.


variation dialectale

La carte 527 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de 'riche' pinvidig, sans qu'on sache s'il s'agit de l'adjectif ou du nom dérivé.

nombre

Le pluriel des noms en -idig est en -idien, -idion.

Vallée (1980:XXII) donne:

klevidik '(un individu de type) auditif' > klevidien
gwelidig '(un individu de type) visuel' > gwelidien


Sur le nom pinvidig '(une personne) riche', on construit plutôt un pluriel analytique en ar re binvidik, mais le pluriel régulier pinvidien est aussi parfois utilisé.


(2) e ti ar binvidien
en maison le 1riches
'dans les maisons des riches'
Standard, Herri (1982:85)


On reconnaît dans -idien le suffixe pluriel -ien, -ion, qui se substitue au -ik, -ig du singulier. S'agit-il du suffixe -ig qui sert aussi de diminutif ? Il existe aussi en breton un suffixe -id, mais qui n'est plus productif et obtient des noms de lieux.

composition

C'est ce morphème que l'on retrouve dans la finale en -edigezh, -idigezh.


dérivation

Les adjectifs en -edik, -idik, -ik peuvent être nominalisés: il existe donc aussi des noms en /-idik, -idig/ (-idig), qui sont les dérivés des adjectifs en /-idik, -idig/ (-idik). Les deux catégories sont prononcées identiquement à l'oral. Le suffixe qui obtient un nom à partir d'un adjectif est un morphème zéro, c'est à dire un morphème qui n'est pas réalisé par la phonologie de la langue.


(3) Ar pinvidig n'eo ket rividik.
le riche ne1 est pas froid.sfx
'Le riche n'est pas frileux.'
Standard, Hupel (2013:§17)

Productivité

Le breton dispose d'une tête nominale, hini, qui peut être suivie d'un adjectif (an hini du 'le noir', an hini aonik 'le peureux'). Le suffixe de nominalisation des adjectifs (qui ne se prononce pas) est rare sur les adjectifs en -edik, -idik, -ik.


Diachronie

Deshayes (2003:40) propose une dérivation à partir du vieux breton -etic > moyen breton -edig, à partir du -et des participes "dans un sens restrictif".

Deshayes (2003:40) considère que ce suffixe a évolué ensuite en -idig hors du vannetais. On trouve cependant chez Gros des formes en -edig.

 Gros (1984:175):
 "Faux diminutifs: la nuance affective n'est pas sentie dans les mots suivants qui ne sont pas des diminutifs, mais une survivance d'un ancien participe passé en -edig (cf. le gallois sychedig, 'assoiffé')
 
 N'am-bo ket kement-se a win, me n'on ket sehedig.
 'Je ne veux pas tant que cela de vin: je ne suis pas enclin à la soif.'
 
 Ar paour-kêr bihan-ze a zo naonedig, ken am bez truez outañ.
 'Ce pauvre petit-là est affamé, au point que j'ai pitié de lui.
 
 An dud koz a vez rividig.
 'Les vieux sont frileux.'
 
 Ne ran ket a van evid eur bikadenn: me n'on ket gwiridig.
 'Une piqûre ne me fait rien: je ne suis pas sensible (douillet).'"


Horizons comparatifs

Parina & Geinitz (2020) ont étudié le suffixe -edig dans trois textes de gallois moderne précoce, Gesta Romanorum, Marchog Crwydrad et Perl mewn Adfyd.


À ne pas confondre

Le -ig final est distinct du suffixe -ig qui est un diminutif.

Dans quelques exemples, le suffixe -ig a aussi le même effet nominalisant que le singulatif -enn.

(4) berv 'bouillant'

=> bervig 'bouillonnement, éclair dans les yeux'
Merser (2009)


Bibliographie