-an (DIM)

De Arbres

Le suffixe -an forme des diminutifs. Ce suffixe était très productif en breton ancien mais ne l'est plus en breton moderne.


(1) hunegan 'loir (petit dormeur)'

amprevan 'insecte, vermine' (sur preñv 'ver'), Trépos (2001:75)

(2) laouenan 'roitelet'

melegan 'verdier', Gros (1984:168)


Kervella (1947:§832) donne: kogenan, kosan, kraban, garan, gouelan, grouan, c'hwiban, laouenan, levran, poc'han, seran, sidan, sioc'han.

melegan, polpegan, hunegan, nozegan


Selon Kervella (1947:§832), c'est ce suffixe diminutif et hypocoristique qu'on trouve dans les noms Dinan, Reunan, Konan, Inizan, Peran. Favereau (1997:§149) ajoute Glenan, Rohan, Runan, Conan, Cozan, Skolan, Tristan.


Morphologie

productivité

Le suffixe diminutif -an n'est pas productif dans la langue moderne.


dérivation

Le suffixe -an se trouve sur base nominale comme adjectivale (Hemon 1976). Dans les deux cas, il obtient un nom. Son pluriel est en -ed. Le suffixe peut obtenir un nom à partir d'un adjectif, ce qui montre l'exocentricité du suffixe d'une manière similaire au singulatif.

Hemon (1976) note que la base adjectivale est favorisée pour former des noms propres à valeur hypocoristique.


Selon Gros (1984:168), les finales en -an ne sont plus perçus comme des diminutifs.


(1) Te zo arru ken moan 'vel ul levran.
toi est arriv.é tant mince comme un lévrier
'Tu es devenu aussi maigre qu'un lévrier.'
Trégorrois parlé (Trédrez), Gros (1966:47)


-anig

En conséquence, les noms en -an eux-même recevoir le diminutif moderne -ig (laouenanig, meleganig).


-ikan, -igan, -egan

On trouve aussi le suffixe diminutif composé -igan. Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne polikan 'lutin, farfadet'.

Favereau (1997:§149) donne polpegan 'poulpiquet'.


Diachronie

Le suffixe diminutif -an était d'emploi fréquent en vieux breton (Hemon 1976, Deshayes 2003:39, voir aussi GRVB.:252-253 pour d'autres exemples).

Hemon (1976) donne, pour le vieux breton:

fosan, 'petit fossé', XI°, Cart.R.
kaledan, 'plutôt dur', 'un peu dur', XI°, Cart.R.
berran, birran, 'plutôt petit', XI°, Cart.R., Vieux breton, GRVB.:253
genouan, 'petite bouche', Vieux breton, DGVB.:175
cerdoran, 'petit poète', DGVB.:103
beduan, 'petit bouleau', DGVB.:81
bican, becan, 'petit', Vieux breton, DGVB.:80
bodaran, 'plutôt sourd', 'un peu sourd', Vieux breton, DGVB.:87

On le trouve aussi après -oc, autre suffixe vieux breton pour former -ocan que l'on peut encore trouver sur des prénoms anciens (Fleuriot 1964:401-403, Hemon 1976:92).


Ce suffixe n'est plus productif dans la langue moderne. Hemon (1976) considère que le suffixe -an a perdu sa productivité vers la fin du XI°, et ne survit déjà qu'à l'état de trace en moyen breton dans:

amprefan, 'vermine', C., pl. ampreffanet, 'insectes', B., n.388
hunegan, 'hérisson', C.
coguenan, 'huppe fasciée', GR.:505, laouënan, 'roitelet', GR.:827
pochan, 'oiseau plongeur', pobelan, 'papillon', Vallée (1931:528), corrigan, 'nain', GR.:648, polpegan, 'lutin, diablotin', Vallée (1931:489)


horizons comparatifs

Hemon (1976) relève -an en gallois et en cornique, -án en vieil irlandais.

Les deux langues romanes en contact avec le breton montrent un suffixe -on /-õ/ de sens diminutif, venant du latin vulgaire -o, -onis, comme dans le latin infans 'enfant' > latin vulgaire * infantio, -onis 'petit enfant' > un enfançon. Cependant, le trait nasal n'y est plus réalisé que sur la nasalisation de la voyelle /õ/. On a en gallo jeniçon 'jeune génisse', ou sieton 'siège bas' (Auffray 2007:intro), et en français chaton 'petit chat', aiglon 'petit aigle' ou cabanon 'petite cabane'.


À ne pas confondre

Il existe aussi un autre suffixe -an qui est un emprunt au français -and et apparaît aussi sur les noms et les adjectifs (norman, 'normand', Amerikan, 'américain').

Bibliographie