Différences entre les versions de « -ailh (N.) »

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Selon [[Bonnard & Régnier (1989)|Bonnard & Régnier (1989]]:24), il existe en ancien français :
Selon [[Bonnard & Régnier (1989)|Bonnard & Régnier (1989]]:24), il existe en ancien français :
* un suffixe ''-ail'', du latin ''-acŭlum'' qui obtient des noms d'instruments (''afichail'' 'agrafe', ''alumail'' 'mèche')
* un suffixe ''-ail'', du latin ''-acŭlum'' qui obtient des noms d'instruments (''afichail'' 'agrafe', ''alumail'' 'mèche')
* un suffixe ''-aille'' du latin ''-alia'' (pluriel neutre) qui obtient un ensemble d'objets ou d'actions (lat. ''victualia'' > anc. fr. ''vitaille'' > cf. fr. ''ravitailler'', ou encore ''lat. ''sponsalia'' > anc. fr. ''esposaille'' > fr. ''épousailles'' qui n'est aucunement péjoratif).
* un suffixe ''-aille'' du latin ''-alia'' (pluriel neutre) qui obtient un ensemble d'objets ou d'actions (lat. ''victualia'' > anc. fr. ''vitaille'' > cf. fr. ''ravitailler'', ou encore le latin ''sponsalia'' > ancien français ''esposaille'' > français ''épousailles'' qui n'est aucunement péjoratif).


 
Dans des [[emprunts]] à de tels mots français finissant en ''-aillement'' sans lecture péjorative comme ''ravitaillement'', le suffixe ''-ailh'' de l'emprunt breton n'est pas ressenti comme péjoratif.
== A ne pas confondre ==
 
Il existe aussi un suffixe ''[[-ailh]]'' qui forme des [[adjectifs]], eux aussi péjoratifs.
 
Dans des emprunts à des mots français finissant en ''-aillement'' comme ''ravitaillement'', le suffixe ''-ailh'' de l'emprunt breton n'est pas ressenti comme péjoratif.




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| (1) || Bet e bet||e reamp ||ar c'hourrie asamblez ||da gerc'hat ||ar ravit'''ailhamant'''.
| (6) || Bet e bet||e reamp ||ar c'hourrie asamblez ||da gerc'hat ||ar ravit'''ailhamant'''.
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|||[[Bezañ préverbal|être]] [[COP|est]] [[bet|été]] ||[[R]] [[ober|faisions]] ||[[art|le]] <sup>[[5]]</sup>courrier [[asambles|ensemble]] || [[da|pour]]<sup>[[1]]</sup> chercher|| [[art|le]] ravitaillement
|||[[Bezañ préverbal|être]] [[COP|est]] [[bet|été]] ||[[R]] [[ober|faisions]] ||[[art|le]] <sup>[[5]]</sup>courrier [[asambles|ensemble]] || [[da|pour]]<sup>[[1]]</sup> [[kerc'hat|chercher]] || [[art|le]] ravitaillement
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| ||colspan="4" |'Il fut un temps où nous faisions ensemble le ravitaillement.' ||||||''Léon (Plougerneau)'', [[Elégoët (1982)|Elégoët (1982]]:11)
| ||colspan="4" |'Il fut un temps où nous faisions ensemble le ravitaillement.' ||||||''Léon (Plougerneau)'', [[Elégoët (1982)|Elégoët (1982]]:11)
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== A ne pas confondre ==
Il existe aussi un suffixe ''[[-ailh]]'' qui forme des [[adjectifs]], eux aussi péjoratifs.


   
   

Version du 10 octobre 2019 à 20:44

Le suffixe -ailh obtient des noms à nuance péjorative.


(1) Setu aze eur meskaill.
voici ici un mélang-.sfx
'En voilà une mixture, un gâchis.' Trégorrois, Gros (1984:355)


Morphologie

nombre

Les noms en -ailh font leur pluriel en -où, ce qui obtient une finale en -ailhoù.

Gros (1984:355) donne meskaillou 'drôles de mélanges', stronkailloù 'abats (de boucherie)'. Pour le trégorrois à Pleumeur-Bodou et Ploumilliau, Konan (2017) donne fourkailh, fourkailhoù 'garce(s)'.


dérivation

-ailhez

Favereau (1997:§146) considère que les finales en -ailhez sont plus fréquentes qu'en -ailh, par exemple pour meskailh(ez) 'chienlit'.


(2) Setu aze eur meskaillez.
voici ici un mélang-.sfx.-ez (N. coll.)
'En voilà une ratatouille!' Trégorrois, Gros (1984:355)


Le nom dérivé en -ailh a ensuite reçu le suffixe de nom collectif -ez, obtenant la finale en -ailhez, au nombre hésitant.

Gros (1984:355) donne kanaillez 'des canailles'. Favereau (1997:§146) donne kanailhez 'canaille' (au singulier).


-ailhenn

(3) Pipi e-neus eur gorzaillenn êz.
Pipi R-a un 1gosier.une facile
'Pierre a un gosier facile (complaisant, se dit d’un ivrogne).' Trégorrois, Gros (1989: 'êz’)

productivité

Le suffixe -ailh est renforcé morphologiquement en synchronie par des emprunts à des noms français en -eille. Sémantiquement, cela élargit l'aire de ce suffixe car la lecture n'est alors pas péjorative.


(4) Pa vez hejet ar voutaill e vez klevet al liou o trouzillal enni.
quand suis secoué le 1bouteille R est entendu le encre à4 bruit.N.er dans.elle
'Quand on secoue la bouteille, on entend l'encre y faire du bruit [bruisser].'
Trégorrois, Gros (1984:398)


Diachronie

Selon Deshayes (2003:39), le suffixe -ailh est un emprunt au suffixe français -aille(s), qui a le même impact dépréciatif. Il est indéniable que le suffixe breton peut avoir un sens dépréciatif, mais ce pourrait être un effet d'une lecture massique comme en (5).


(5) Er bourk aze a zo eur bern rataill.
dans.le bourg R y.A un tas marmaille
'Là au bourg il y a un tas de marmaille.' Trégorrois, Gros (1984:355)


Selon Bonnard & Régnier (1989:24), il existe en ancien français :

  • un suffixe -ail, du latin -acŭlum qui obtient des noms d'instruments (afichail 'agrafe', alumail 'mèche')
  • un suffixe -aille du latin -alia (pluriel neutre) qui obtient un ensemble d'objets ou d'actions (lat. victualia > anc. fr. vitaille > cf. fr. ravitailler, ou encore le latin sponsalia > ancien français esposaille > français épousailles qui n'est aucunement péjoratif).

Dans des emprunts à de tels mots français finissant en -aillement sans lecture péjorative comme ravitaillement, le suffixe -ailh de l'emprunt breton n'est pas ressenti comme péjoratif.


(6) Bet e bet e reamp ar c'hourrie asamblez da gerc'hat ar ravitailhamant.
être est été R faisions le 5courrier ensemble pour1 chercher le ravitaillement
'Il fut un temps où nous faisions ensemble le ravitaillement.' Léon (Plougerneau), Elégoët (1982:11)


A ne pas confondre

Il existe aussi un suffixe -ailh qui forme des adjectifs, eux aussi péjoratifs.