Différences entre les versions de « -aat »

De Arbres
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Le [[morphème]] ''-aat'' obtient un verbe en s'[[affixant]] sur un [[adjectif]].
Le [[morphème]] ''-aat'' obtient un verbe en s'[[affixant]] sur un [[adjectif]].
Ce [[suffixe]] est un [[verbe léger]].   
Ce [[suffixe]] est un [[verbe léger]], dont le [[participe]] est ''-aet''.   





Version du 25 février 2014 à 13:37

Le morphème -aat obtient un verbe en s'affixant sur un adjectif. Ce suffixe est un verbe léger, dont le participe est -aet.


(1) Raktal, ar merc'hed da sevel o fenn, ar vugale da zigeriñ o genoù, ar baotred da dostaat...
de.suite le femmes de lever le tête le enfants de ouvrir leur bouche le hommes de approcher
'De suite, les femmes levèrent la tête, les enfants ouvrirent la bouche, les hommes s'approchèrent.'
Standard, Kervella (1995:§279)


Morphologie

Le suffixe -aat sélectionne une base adjectivale.

exocentricité

Le suffixe -aat est exocentrique: il obtient toujours un verbe à partir d'une catégorie adjectivale.

variation dialectale

Un verbe léger peut être plus ou moins productif.

Le verbe léger -aat, selon Goyat (2012:206), est à Plozévet "d’un emploi fréquent, mais seulement pour quelques verbes", dont les plus usités sont:

  • /var vɛ'la:d ˌja/, war wellaad e ya, 'son état s’améliore.'
/var wa'sa:d ˌjɛ/, war wasaad e yee, 'son état empirait.'
/var rwɛ'ja:d ˌjɛɲ/, war rouesaad e yeont, 'ils se raréfient.'

A noter que Goyat ne fournit que des formes inaccusatives.


catégorie

Contrairement aux différentes désinences verbales de l'infinitif que l'on trouve sur une base verbale, le suffixe -aat est lui-même un verbe.

Ce verbe est défectif: il ne se conjugue pas, son paradigme est restreint à l'infinitif.


Syntaxe

structure thématique

En (1), le verbe en -aat est un verbe transitif. Son sujet est un agent qui est la cause d'un changement d'état (>berr, 'court'). L'expérienceur du changement d'état apparaît comme objet direct.


(1) Berraad a raont o zennerezh.
court.er R font leur tirs
'Ils raccourcissent leurs tirs.' Vannetais, Herrieu (1994:35)


(2) 'Maon ' tont doc'h netaat an ti.
suis à venir de nettoyer le maison
'Je viens de nettoyer la maison.' Haut-cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:36)


En (3), le verbe en -aat est un verbe inaccusatif. Il ne sélectionne pas d'agent volontaire qui serait la cause du changement d'état. L'expérienceur apparaît comme objet de la préposition da.


(3) Gwellaad a ra dezañ.
amélior.er R fait à.lui
'Il va mieux.' Léon, Fave (1998:140)


Une phrase, hors contexte, peut être ambigüe entre les deux structures.


(4) Diaesaat a ra d’ar c’hirri kerzhet.
difficile.er R fait à'le voitures marcher
'Ça rend difficile le passage des voitures.' Vannetais, Herrieu (1994:236)
'Le passage des voitures devient difficile.'


Il est aussi possible de trouver l'expérienceur en position de sujet du verbe en -aat'.


(1) [ betad ǝrǝt avǝzǝl mi frasǝt ]
Betaat' a rit a-vuzul m'eh vrasait.
bête.devenir R faites à-mesure que R grandissez
‘Vous devenez plus bête en grandissant.’ Bas-vannetais, Nicolas (2005:26)

Sémantique

Sémantiquement, -aat est équivalent à un verbe causatif:

  • X CAUSE Y ÊTRE adjectif:
melen > melenaat = X CAUSE Y ÊTRE melen
'jaune' > jaunir = X CAUSE Y ÊTRE 'jaune'


horizons comparatifs

Radford (1997) propose un exemple similaire en anglais avec l'affixe -en:

sadden, /triste + -en/, 'rendre triste'


Un équivalent en français serait le verbe léger suffixal -ir: salir (X CAUSE Y être sale), jaunir (X CAUSE Y être jaune), vieillir (X CAUSE Y être vieux), etc.

La productivité de ce suffixe en français est restreinte: *orangir, *pirir, * meilleurir.


A ne pas confondre

Tous les verbes qui finissent en -aat ne comportent pas ce morphème, qui s'affixe uniquement sur base adjectivale (cf. lakaat, c'hoantaat, kasaat, etc.).