Émergence de la faculté de langage

De Arbres

À un moment de l'évolution de l'humain est apparue la faculté de langage telle que nous l'observons aujourd'hui. L'étude de la genèse de cette faculté requiert une recherche transdisciplinaire entre la linguistique cognitive, l'acquisition du langage, l'étude des systèmes de communication animale et l'archéologie.

Le matériel à notre disposition est réduit par rapport à nos connaissances sur l'évolution du reste du corps humain, car le membre qui produit le langage est situé dans le cerveau, or ce membre humain est absent des fossiles.

Sur cette page, sont regroupés des éléments de débat, quelques notes et références qui sont loin de couvrir le domaine, mais permettent d'écarter des idées reçues les plus courantes.


En finir avec la descente du larynx

L'émergence de la parole a été largement assignée, depuis les années 70, à la descente du larynx. Dans l'évolution de l'espèce comme dans l'évolution individuelle des bébés, la descente physique du larynx permettrait une meilleure modulation articulatoire fournissant les conditions de possibilité du langage parlé.

Tout d'abord, cette hypothèse est interprétée à tort comme faisant des prédictions sur l'émergence du langage, alors qu'elle ne fait de prédictions que sur celle de la parole sonore. L'existence des langues signées montre clairement que la faculté de langage peut articuler le langage avec d'autres membres du corps que l'appareil phonatoire. Même s'ils avaient été privés d'appareil phonatoire, ou d'ouïe pour en recevoir les productions, nos ancêtres auraient tout à fait pu développer des langues humaines ou des proto-langues humaines réalisées par des systèmes gestuels complexes.

La descente du larynx fait des prédictions uniquement sur la parole sonore, et plus précisément sur une sous-partie de la parole sonore qu'est la production d'un système de voyelles. Or, la parole sonore humaine implique une maitrise de tous les organes de la bouche, ainsi que du souffle et du nez, tout organe nécessaire à la formation de consonnes.

Boë and al. (2019) ont fourni une lecture critique de la littérature et concluent que l'hypothèse de la descente du larynx, aussi séduisante qu'elle puisse être dans sa simplicité, n'est pas fondée. La descente du larynx n'est ni une condition nécessaire ni une condition suffisante à l'émergence de la parole orale. Certains primates ont anatomiquement un larynx bas, et de toute façon un larynx bas n'est pas nécessaire à la formation de vocalisations en un ensemble de formants contrastés entre-eux.


Bibliographie

  • Boë, Louis-Jean, Thomas R. Sawallis, Joël Fagot, Pierre Badin, Guillaume Barbier, Guillaume Captier, Lucie Ménard, Jean-Louis Heim, and Jean-Luc Schwartz. 2019. 'Which way to the dawn of speech ?: Reanalyzing half a century of debates and data in light of speech science', Science Advances 5(12), eaaw3916, texte.